Apple qui rit, Facebook qui pleure : pourquoi la Bourse est si tranchée

Les contrastes sont frappants : Apple ne cesse de multiplier les records de hausse en Bourse quand Facebook s'enfonce un peu plus chaque jour. Ce phénomène de ciseau s'explique assez bien sans être une fatalité
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Les investisseurs boursiers américains ne mettent décidément pas toutes les valeurs technologiques dans le même sac. Si la première a enregistré hier son plus haut niveau historique à 665,15 dollars, totalisant une capitalisation boursière de 623,5 milliards de dollars, la seconde va de mal en pis depuis son introduction voici trois mois et ne vaut plus que 20 dollars contre 38 dollars lors de son apparition sur le Nasdaq avec une capitalisation boursière de 43 milliards.
Il faut dire que les deux entreprises ne sont pas du tout sur le même créneau. Apple est sur un segment aujourd'hui très juteux : les smartphones, le 4G et les tablettes. Facebook, de son côté, est sur un créneau beaucoup moins rémunérateur : celui d'Internet et à ce titre, le groupe est largement tributaire de la manne publicitaire.
Il est donc très symptomatique de voir à quel point l'engouement pour les titres Apple ne se dément pas, la hausse vertigineuse de l'action s'inscrivant en outre régulièrement dans le temps depuis le début des années 2000 alors que celle de Facebook est tout aussi déterminée mais en sens inverse.
Ces deux cheminements ont-ils des explications symétriques ?

Un business model qui n'a pas la même maturité
 

Dans le cas d'Apple, les investisseurs sont manifestement prêts à payer toujours plus cher un business model qui a fait ses preuves et basé sur le pouvoir de l'innovation. Il est d'ailleurs clair que l'action Apple vit au rythme des annonces de l'arrivée de nouveaux produits ou concepts. Hier encore, c'est la perspective de l'Iphone 5, d'une nouvelle version de l'Ipad miniaturisée et d'une iTV qui a déclenché cette nouvelle poussée de fièvre acheteuse à Wall Street. « Ce dont profite Apple c'est surtout qu'il n'a pas de challenger aux Etats-Unis et qu'il montre la direction à prendre au monde entier. Le grand succès de la société, c'est d'avoir compris dix ans avant tout le monde comment allait évoluer l'économie digitale. C'est de faire croire à tous ses clients qu'ils achètent autre chose que des ordinateurs alors qu'ils ne font rien d'autre. Modèle aujourd'hui bien rodé et vivement apprécié des investisseurs », soutient Philippe Torres, Directeur conseil et stratégie numérique à L'Atelier BNP Paribas.


En face, Facebook subit de plein fouet une série d'éléments beaucoup plus négatifs. A commencer par l'efficience de son modèle économique en dépit de son milliard d'internautes. A ce jour, le génial fondateur de ce réseau social n'a effectivement pas réussi à monétiser au mieux cette incroyable manne planétaire. Car les recettes publicitaires sont finalement très en dé ça de ce à quoi pourrait prétendre le groupe. Avec un chiffre d'affaires de 3,7 milliards de dollars l'an dernier, Facebook fait dix fois moins bien que Google en dépit d'un nombre de pages vues mensuelles deux fois supérieur. La firme de Mark Zuckerberg a encore très peu investi le monde des mobiles d'où il pourrait pourtant générer beaucoup de profits. C'est d'ailleurs bien là que l'attendent la majeure partie des analystes financiers. Autre pomme de discorde entre la communauté financière et le roi des réseaux sociaux : la valorisation faite de l'entreprise lors de son introduction en Bourse. Clairement, les banquiers conseils comme la direction du groupe ont voulu récupérer un maximum de cash à cette occasion, sans penser aux lendemains qui déchantent. Et en Bourse, il est primordial de faire preuve d'un peu de prudence si l'on veut créer une dynamique autour du titre coté. Ce qui n'a pas été le cas en mai dernier. Et ce qui devait arriver arriva. Surtout en période de doutes autour du potentiel de hausse des actions, les valeurs américaines subissant les mêmes lois que leurs homologues européennes, d'autant que Wall Street vit à l'heure européenne ces derniers mois, au rythme des annonces de la BCE ou de la courbe des taux d'intérêt des pays de la zone euro.

Facebook doit se regarder à un horizon de 10 ans
 

Dans ce contexte, il n'est donc pas très étonnant de voir l'action Facebook autant chahutée. Avec en prime, ces fameuses échéances permettant à telle ou telle catégorie d'actionnaires de vendre leurs actions. Le premier « lock-up » de trois mois vient d'expirer. Il a été l'occasion, on l'a vu, de rabattre le titre vers de nouveaux plus bas historiques (il a touché en séance un plancher de 18,75 dollars). Le prochain aura lieu mi octobre et le suivant mi novembre. Soit deux nouvelles échéances au terme desquelles de nouveaux soubresauts sont à prévoir. Détail qui n'a rien de rassurant, on apprenait aujourd'hui que parmi les détenteurs de titres du groupe susceptibles de vendre leurs avoirs la semaine dernière, se trouve un administrateur de Facebook, lequel ne détient quasiment plus aucun titre à ce jour....Peter Thiel avait été l'un des premiers investisseurs du réseau social. Sa sortie est assez mal perçue par les spécialistes du secteur.

Ceux qui ont mis de l'argent lors de la création ont beaucoup gagné


Ces déconvenues sont pourtant relativisées par certains professionnels. Comme Philippe Torres pour qui l'introduction de Facebook est trop récente pour inspirer des commentaires définitifs. Selon lui, Facebook sera clairement le leader du Web 2 et sa réussite est à regarder à un horizon de dix ans. « N'oublions pas qu'Amazon a longtemps perdu de l'argent avant de trouver sa place. Facebook est encore une jeune entreprise qui a un énorme potentiel. Surtout si elle réussit à devenir une plate-forme de vente. Ce qui est aujourd'hui sanctionné, c'est la valorisation faite en mai dernier. Mais en dépit de la perte de 50% de sa valeur initiale, elle vaut encore beaucoup plus que ce que valait Google lors de son introduction en Bourse. Ce n'est pas en six mois qu'une messe est dite. Ceux qui avaient mis des fonds lors de la création de l'entreprise ont gagné beaucoup d'argent. Ceux qui ont mis de l'argent à l'intro en perdent pas mal aujourd'hui. Mais la Bourse n'est-elle pas faite pour accompagner les entreprises à moyen long terme ? »
 

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Commentaires 18
à écrit le 23/08/2012 à 18:00
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Tout dépend de qui revend du Facebook et qui rachète du Facebook, mais j'ai l'impression que dans cette mise sur le marché tout à été pipé.

à écrit le 22/08/2012 à 23:42
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Rien de comparable. D'un côté, des appareils concrets performants et solides. De l'autre, des espoirs venteux ennemies de la vie privée.

à écrit le 22/08/2012 à 13:45
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Le "Apple"match [ iMatch ]très médiatisé fait fureur. Mais au fait quel sparing partner lui donne la Presse ? Samsung parfois, Facebook ou Nokia autrement voire Blackberry, tout dépend de la porte d'entrée choisie. S'il s'agit de valorisation on ir...

à écrit le 22/08/2012 à 12:57
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Pour répondre en partie au titre : la valorisation d'Apple c'est grosso modo 15 fois le bénéfice 2012 ; a l'intro Facebook était valorisé 75 fois les bénefs 2012 soit encore 37 fois maintenant. Il faut donc a Facebook une croissance de malade sur au ...

à écrit le 22/08/2012 à 10:42
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La seule différence se situe entre le génie et l'imbécile. L'un a fait 50 milliards, les a joué en bourse en vente à découvert, s'est fait 100 milliards et il va bientôt partir pour commencer à maximiser sa courbe bonheur avant 30 ans. Il fait juste ...

à écrit le 22/08/2012 à 10:41
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C'est facile à comprendre pourtant. Apple ce sont des usines, des actifs, de l'innovation, matériel, des logiciels OS , smartphone, tablet etc ..bref Apple c'est du concret, un peu comme de l'immobilier ...Facebook c'est quoi ? C'est rien .a part une...

le 22/08/2012 à 12:09
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@tedy : autant on peut comparer Facebook a du vent autant je vous trouve tres présomptueux d'affirmer que tout le monde peut faire Facebook. Après 7 ans d'existence vous avez le recul pour vous dire "eh mais ca a pas l'air compliqué du tout !". Remet...

le 22/08/2012 à 14:03
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Ca existait bien avant en Chine et en Corée Facebook ... euf que cela ne portait pas le même nom ni ne bénéficiait des même investissements. En passant; les business models Apple/Facebook n ont pas grand chose à voir ce qui rend les comparaisons se...

le 22/08/2012 à 15:09
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@lol : d'accord avec vous même si il est difficile de comparer les marchés asiatiques et occidantaux, dès lors que l'on parle de nouvelles technologies. En Asie les différences d'un pays à l'autre sont flagrantes (réseaux sociaux différents, mmorpg d...

à écrit le 22/08/2012 à 8:06
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Un autre aspect fondamental qui a été oublié est la notion de confiance. Si les utilisateurs n'ont plus confiance en Facebook (Privacy des données, profilage à leurs dépends, facial recognition peu contrôlable, sécurite ...) ... Il n'est pas anormal ...

à écrit le 21/08/2012 à 23:39
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Quel interet de comparer 2 choses differentes? L'intro de l'article fait carrement sourire...on explique que ça a rien a voir, mais on compare quand meme...

le 22/08/2012 à 10:02
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+1 Le site de la Tribune est une catastrophe. Articles baclés, fautes d'othographes en veux tu en voila, journalistes très peu "technique" (c'est à mourir de rire la manière dont ils traitent les nouvelles technologies et mêmes les voitures). Malheur...

à écrit le 21/08/2012 à 22:37
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Du concret certe, pour l instant. Le probleme est que techniquement, toute les gammes apple sont tres en retard. Autant il y a qq annees les mac etaient parfait pour du dev et de la prod, autant aujourd hui ils sont incapable de gerer proprement et ...

le 22/08/2012 à 0:53
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Je rejoins Polonium dans son raisonnement, un PC est beaucoup plus pratique qu'un Mac pour une utilisation industrielle, entre autre, la CAO en utilisant le logiciel Catia V4 ou V5

à écrit le 21/08/2012 à 17:55
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Mon petit plaisir, regarder chaque jour le cours à la clôture de l'action Facebook et plus elle baisse plus je suis content, j?attends avec impatience les 9.99 $ . C ki Ka gagné, C ki Ka perdu des $ dans cette histoire ????

le 22/08/2012 à 9:59
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Il y a un côté un peu malsain de se réjouir du malheur des autres (quelque soit la richesse de l'autre). Je ne vous aime pas.

le 22/08/2012 à 17:08
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De la compassion pour le cours d'une action FB (ou autres) !!! non, je ne vois pas... D'ailleurs, je ne croit pas que ceux qui manipulent les cours des matières premières ou des entreprises en aient beaucoup pour les Hommes qui en subissent les cons...

à écrit le 21/08/2012 à 17:19
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Bah!!! c'est simple ... d'un coté du concret ... de l'autre du vent ! c'est tout !!!!!!!

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