La tapageuse appli pour dénoncer ses voisins peine à trouver le succès

Par Adeline Raynal  |   |  426  mots
Observer la loi
Depuis le 3 octobre, Apple propose dans son catalogue une application qui permet de signaler quatre agissements contraire à la loi: le tapage nocturne, les véhicules mal stationnés, les fumeurs dans des zones où c'est interdit et... les personnes habillées d'un voile intégral. "Observer la loi", une application polémique.

A l'image de la vidéo d'un cadre de chez Orange insultant une employée de la SNCF qui a fait le buzz la semaine dernière, Internet et les smartphones facilitent les remontées d'informations de tous types. Et ce sans vraiment de contrôle a priori. Ces jours-ci, une application téléchargeable gratuitement sur l'Apple Store, "Observer la loi", fait justement débat. Tapages nocturnes, fumeurs dans des zones où la cigarette est prohibée, véhicules mal garés et surtout personnes arborant un voile intégral, tels sont les quatre agissements contraires à la législation en vigueur en France que cette application propose de dénoncer et de géo-localiser en temps réel. Le dénonciateur peut choisir de partager l'information via les réseaux sociaux.

Instrument du débat démocratique ou de délation?

De la même manière que certains signalent la présence de radars mobiles (bien que cela soit illicite), l'utilisateur pourrait donc "signaler " à la communauté utilisant cet "outil" la présence d'une personne portant une burqa ou qui allume une cigarette dans un endroit inapproprié...

Nombreux sont ceux qui, comme le chroniqueur Vincent Glad sur Canal + , dénoncent un outil de délation. Mais les accusés n'étant pas identifiés nommément (et heureusement), l'éditeur de l'application, le bloggeur Jean Robin, peut légalement se défendre de ces accusations. Il avance que le but de l'application est de dresser "une météo des incivilités" géo-localisée et que cela favorisera un "débat de grande ampleur sur l'application de la loi dans notre pays".

Une polémique voulue

Lorsqu'on l'interroge sur sa méthode pour définir les quatre infractions que l'on peut notifier, il raconte: "Je me suis basé sur mon expérience personnelle. J'avais été victime (impuissante) de tapage nocturne, de fumée de cigarette, de véhicules mal garés. Pour la quatrième, celle sur le niqab...il s'agit de la loi qui fait débat en ce moment", finit-il par souffler après une longue pause. La polémique était donc sans doute bien recherchée même si Jean Robin soutient que "l'application est neutre".

Contacté lundi après-midi, Apple n'était pas disponible pour s'exprimer sur cette offre, pour laquelle l'éditeur avance 32.000 téléchargements en une vingtaine de jours, ce qui, a priori, ne représente pas un franc succès pour une application gratuite ayant déjà bénéficié d'une publicité dans plusieurs médias.