4G : l'UFC attaque Orange et SFR pour leur com' trompeuse

L'association de défense des consommateurs dénonce une couverture bien inférieure aux publicités des deux opérateurs sur leur réseau à très haut débit mobile et les attaque en justice pour pratiques commerciales trompeuses sur les débits.
Delphine Cuny
Selon l'UFC-Que Choisir de nombreuses « poches vides » dans la couverture de la capitale subsistent chez Orange et SFR.

Une « couverture mitée », qui ressemble à « un véritable gruyère » : l'UFC Que Choisir juge « intolérable » le décalage entre la communication des opérateurs sur leur réseau 4G et la réalité. L'association de défense des consommateurs annonce ce mardi matin qu'elle attaque en justice Orange et SFR, devant le tribunal de grande instance de Paris, pour pratiques commerciales trompeuses.

L'UFC leur reproche « l'anormal décalage entre la carte de couverture de la ville de Paris » que les deux opérateurs présentent sur leur site Internet et « l'accessibilité effective » à leur réseau 4G : 20% de zones non couvertes sur la capitale chez Orange et 25% chez SFR, selon les mesures réalisées fin octobre pour l'UFC par le cabinet d'études spécialisé Directique, qui travaille également pour l'Arcep, le gendarme des télécoms, et les opérateurs.

En revanche, l'UFC distribue un bon point à Bouygues Telecom, « le seul opérateur dont la carte de couverture est fidèle à la réalité. » Rappelons que ces cartes ne sont pas certifiées par le régulateur, qui doit vérifier si les opérateurs tiennent leurs engagements de couverture en octobre 2015…

Une débauche de publicités triomphales

C'est un évidemment un coup dur pour Orange et SFR qui ont rivalisé de communication sur la 4G, en particulier à Paris, dont ils ont fait « leur vitrine, leur étendard », souligne Alain Bazot, le président de l'UFC. Une « débauche de publicités », empreintes de triomphalisme, « une communication aussi massive que litigieuse », qui l'ont visiblement agacé.

SFR avait commencé en janvier en annonçant couvrir le quartier de « Paris-La Défense » puis en affirmant fin août avoir « la couverture 4G parisienne la plus importante », tout en promettant de l'étendre à l'intégralité de la ville pour la fin de l'année. Dix jours plus tard, Orange annonçait couvrir tout Paris, tous les arrondissements. « C'est la campagne de France, de Paris et d'Ile-de-France ! » s'était enflammé le PDG, Stéphane Richard.

Or aujourd'hui, selon l'UFC, la partie sud-ouest de la capitale ne l'est pas chez Orange, de nombreuses « poches vides » subsistent chez SFR (notamment dans le sud-est) et seul Bouygues peut se targuer de couvrir la ville en 4G « à 99,4%. » Même si la couverture a pu évoluer depuis les mesures, nuance l'association. Orange se déclare « surpris » du communiqué de l'UFC, tandis que SFR martèle que « la couverture intégrale sera réalisée d'ici la fin de l'année. C'est ce que nous faisons. »

> Lire "Bataille de la 4G : roulement de tambours et de mécaniques d'Orange SFR et Bouygues"

 

« 4G des villes, 4G des champs »

L'UFC s'est contentée d'auditer Paris (plus de 66.000 mesures, 80% des rues de la capitale sillonnées en voiture avec des antennes extérieures), supposant que « c'est ce qu'il se fait sans doute de mieux », même si Bouygues affirme couvrir 2.000 villes, Orange 548 villes et SFR 312 villes au 31 octobre. Or l'UFC Que Choisir prédit d'ores et déjà une nouvelle fracture numérique entre « 4G des villes et 4G des champs » : les campagnes, qui seront couvertes à l'aide de fréquences 800 Mhz, ne pourront pas bénéficier du meilleur du très haut débit mobile, mais de 75 Mégabits par seconde au mieux contre plus de 100 Mégas en villes grâce aux fréquences 2,6 Ghz.

Désinformation sur les débits : vraie 4G et fausse 4G

L'association, toujours très en pointe sur les questions de télécoms, dénonce aussi la « désinformation » sur les débits, là encore venant d'Orange et SFR. Elle relève que ces opérateurs « survendent leur débit » et qualifient de « très haut débit mobile » la 4G mais aussi la « H+ » et le « Dual Carrier », des versions améliorées de la 3G+ qui ne peuvent dépasser les 42 Mégabits par seconde alors que l'Arcep a clairement défini qu'il fallait au minimum un débit maximal théorique de 60 Mb/s dans le sens descendant pour prétendre offrir du très haut débit. « Les opérateurs font des raccourcis qui maintiennent la confusion » critique l'UFC. C'est l'autre grief de sa plainte au TGI de Paris. Sur ce point, SFR persiste et signe en parlant de « la technologie DC-HSPA+ assimilé au THD Mobile au même titre que la 4G. » Une telle bataille entre vraie/fausse 4G a lieu également aux Etats-Unis, où T-Mobile en particulier a présenté comme de la 4G son réseau 3G+ (HSPA+).

L'association reproche également à Orange sa publicité comparative sur les débits de la 4G : en particulier sur son site quialameilleure4G.com, le premier opérateur mobile français se targue d'avoir le meilleur, à 150 mégabits/s (en débit maximum théorique) contre 115 Mb/s chez SFR et Bouygues Telecom, grâce aux fréquences qu'il a obtenues, « laissant penser aux abonnés qu'ils accèderaient sur l'ensemble des zones » à ce débit maximal.

Cependant, l'UFC n'a pas vérifié les débits offerts. Interrogé sur les critiques émises par certains utilisateurs de la 4G de Bouygues sur le débit fourni parfois comparable à de la H+, l'association confirme avoir reçu des remarques de consommateurs en ce sens mais « ce n'est pas l'objet de cette étude. » Le site ZDnet un observatoire 4G Monitor mis à jour régulièrement, réalisé avec l'application 4G Mark.

Sans 4G, Free doit rire sous cape

Devant ce flou généralisé, l'UFC en appelle à l'Arcep, lui demandant de créer un observatoire de la 4G chargé de « garantir la validité des allégations des opérateurs aussi bien sur les couvertures que sur les débits. » L'Arcep risque de se draper derrière le calendrier des obligations légales, inscrit dans les licences attribuées aux opérateurs, qui fixe la première clause de rendez-vous des engagements de couverture de la population (25%) dans deux ans. Or « le président de l'Arcep a lui-même souligné que le déploiement des opérateurs avait deux ans d'avance, l'Arcep doit s'adapter » fait valoir Alain Bazot. Un débat avait déjà porté sur la réalité de la couverture et l'inflexibilité de l'Arcep sur le calendrier en janvier 2012 au lancement de Free Mobile, que ses concurrents accusaient de ne pas allumer ses antennes. Free qui, a eu en son temps maille à partir avec l'UFC (qui l'a attaqué pour son Internet fixe et pour sa 3G), et n'a toujours pas lancé de service commercial 4G, doit rire sous cape : Xavier Niel, le fondateur et principal actionnaire de l'opérateur, s'était moqué de ses concurrents communiquant à outrance sur la 4G. « Il ne faut pas vendre de fausse monnaie » avait-il lancé, mettant en garde contre le risque de déception de promesses non tenues...

>>> Lire l'étude complète de l'UFC Que choisir sur la 4G

 
Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 05/11/2013 à 15:46
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Il faudrait déjà qu'il améliore la 3G il est même impossible de télécharger un article de journal alors au boulot. Il ne faut pas s'endormir sur ses lauriers actuel lent c'est facile de changer d'opérateur.

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