Quand Bouygues Telecom travaille pour Free Mobile

Bouygues Telecom aide le quatrième opérateur mobile à discuter avec les bailleurs pour implanter ses antennes. Un coup de main facturé qui permet au nouvel entrant de déployer plus vite, discrètement, pendant que les discussions sur la mutualisation des réseaux s’intensifient.
Delphine Cuny
L'accord, en cours, porte sur « un nombre limité de sites », 600 sites environ - soit tout de même près d'un quart des 2.450 antennes actives en 3G de Free au 1er décembre

Derrière les invectives publiques, les procès et la guerre commerciale, il y a le business. C'est un accord confidentiel, dont ni l'un ni l'autre ne veulent parler, mais Bouygues Telecom aide bien sur le terrain Free Mobile à déployer ses antennes. Concrètement, le numéro trois du mobile est le prestataire technique du quatrième opérateur pour les toits-terrasses, selon plusieurs sources concordantes.

« Nous ne déployons pas leur réseau, nous les mettons en contact avec les bailleurs que nous connaissons », précise un cadre de Bouygues Telecom, qui se défend de faire la courte échelle à son ennemi juré, comme il avait pu accuser Orange de le faire en lui accordant un contrat d'itinérance nationale 3G.

« Free se plaignait que c'était très compliqué de déployer. Nous leur avons proposé de bénéficier de notre expertise dans la préparation des dossiers. Ce sont des prestations de services administratifs, cela n'a rien à voir avec de la mutualisation. Free a ensuite un bail à part », explique cette source bien au fait du dossier.

Contraindre Free à déployer

L'accord, en cours, porte sur « un nombre limité de sites », 600 sites environ - soit tout de même près d'un quart des 2.450 antennes actives en 3G de Free au 1er décembre. Bouygues Telecom dispose de son côté de plus de 10.500 sites 3G. L'opérateur a cédé l'an dernier ses 2.166 pylônes, sur lesquels sont fixées les antennes-relais, à la société de gestion Antin Infrastructure Partners (BNP), tout en conservant 15% du capital de la structure, pour 185 millions d'euros.

Le contrat avec Free « ne rapporte pas de marge » mais il permet de « contraindre à Free à déployer, puisqu'il n'y arrive pas tout seul quand on ne lui tient pas la main » raille son concurrent. Bouygues est donc fournisseur de services à Free mais il dément discuter de mutualisation avec son client. Free a formellement demandé à participer à l'accord de partage de réseaux mobiles en cours de négociations exclusives entre Bouygues Telecom et SFR.

Mutualisation et concurrence : un jeu d'acteurs complexe

« On vous le dit, tout le monde discute avec tout le monde » relève un professionnel du secteur. D'ailleurs, Numericable vient de signer avec SFR pour la 4G, alors qu'il était hébergé sur le réseau mobile de Bouygues Telecom pour la 3G. De son côté, Bouygues a été le premier à signer un contrat sur la 4G avec un MVNO, Virgin Mobile, alors que l'opérateur virtuel était client d'Orange et SFR pour la 3G ! Les affaires sont les affaires.

« Le jeu est plus complexe qu'il n'y paraît » observe-t-on à Bercy. « Il n'y a pas que l'itinérance et la mutualisation, il existe de nombreuses formes possibles de coopération entre opérateurs qui peuvent faciliter le déploiement de Free : de la colocation, du co-déploiement ou donc de la prestation technique. »

Le ministère de l'Economie, comme l'Autorité de la concurrence et le gendarme des télécoms, l'Arcep, veulent en effet garder un marché à quatre opérateurs mobiles, coûte que coûte. Mais ils craignent que Free ne vienne faire échouer la mutualisation de SFR et Bouygues. « Il y a un vrai risque de cornerisation de Free avec cette mutualisation qui sera un élément essentiel de la structuration du marché  » reconnaît-on à l'Arcep. A Bercy, on estime que « c'est à Bouygues et SFR d'imaginer une solution, une clause qui ménage un sauf-conduit pour Free, qui laisse le jeu ouvert. »

Delphine Cuny

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 08/12/2013 à 9:32
Signaler
Ossamuelle, vous vous fourvoyez, il me semble. Il n'y a pas de réseau unique pour l'eau au niveau national. Et l'eau est souvent gérée par le privé.

à écrit le 05/12/2013 à 18:32
Signaler
En bref: un vrai gouvernement socialiste mutualiserait tout cela: un seul réseau pour tous. Il en est encore ainsi, et heureusement ! pour l'eau, le gaz, le téléphone fixe, le train et les routes . Assez de ces stupidités ultralibérales ruineuses !

le 06/12/2013 à 12:38
Signaler
moralité : sncf : très cher. Eau et gaz : idem. Téléphone fixe au pire moment du monopole : 16€ rien que pour l'abonnement et des prix à la minute excessif.... Si tu es prêt à revenir à un abonnement portable en 2G à 100€ par mois, pourquoi pas colle...

le 07/12/2013 à 10:43
Signaler
prix à la minute excessif ? vous connaissez les forfaits "triple play" ? à moins que vous n'abusiez des numéros spéciaux, cela ne vous coûte rien. Si vous préférez payer 100€ plutôt que 16, c'est votre pb étant donné que pour ce prix vous avez accès...

le 08/12/2013 à 0:14
Signaler
Un vrai gouvernement communiste peut-être ?

le 08/12/2013 à 10:17
Signaler
Bel exemple que l'eau ! Les prix ont explosé lors de la privatisation, les communes reprennent la main et diminuent les factures ! La téléphonie mobile, les 3 opérateurs "concurrents" en s'entendant illégalement ont engrangé des bénéfices colossaux. ...

le 08/12/2013 à 11:47
Signaler
@Ossamuelle Eau: public t'as vu ça où ? gaz: ha bon il n'y a que GDF ? ligne fixe; en voie de disparition Train, renseigne-toi le monopole SNCF va bientôt mourir. Route: t'es pas au courant que les autoroutes ont été privatisées ? De toute façon G ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.