Champagne et « bulle » pour Twitter à Wall Street

Le site de mini-messages a vu sa valeur presque tripler en Bourse en moins de deux mois. Il pèse 35milliards de dollars. Des niveaux de valorisation très élevés pour une entreprise encore déficitaire.
Delphine Cuny
Les cofondateurs et le directeur général de Twitter le jour de l'introduction.

Bulle, vous avez dit bulle ? Le champagne peut couler à flots en cette fin d'année au siège de Twitter à San Francisco : en moins de deux mois, depuis sa première séance de cotation au New York Stock Exchange le 7 novembre, le titre TWTR a presque triplé, passant de 26 dollars, son prix d'introduction, à 70 dollars en séance! 145% en sept semaines c'est trois à quatre fois mieux que l'indice Nasdaq ou le S&P 500 en 2013. L'action Twitter a même dépassé les 41 milliards de dollars de valeur boursière jeudi.

A ces niveaux, le site de mini-messages «présente peut-être la valeur boursière la plus élevée d'une entreprise déficitaire depuis la bulle Internet de 1999-2000 » avance le magazine financier américain Barron 's. Vendredi, l'action Twitter a (très légèrement) corrigé ses excès en reculant de 13%, poursuivant sa baisse (-7%) ce lundi. Un retour au calme sonné par l'analyste du courtier Macquarie Capital qui a fait valoir que l'action était allée « trop loin, trop vite. » 

 Twitter vaut autant que Yahoo ou que Vivendi

Il observe qu'aucune information particulière n'a été publiée ces quinze derniers jours pouvant justifier cet envol du site au volatile et maintient son objectif de cours de 46 dollars. Avec une capitalisation de 36 milliards de dollars, Twitter talonne désormais Yahoo (41 milliards), qui a pourtant vu son cours doubler cette année. A titre de comparaison c'est à peu près autant que le géant du divertissement Viacom (MTV, Paramount, etc) et un tiers de celle de Facebook, qui génère dix fois plus de chiffre d'affaires. De ce côté de l'Atlantique, c'est un peu plus que Vivendi (Universal Music Group, Canal Plus, SFR, GVT) ou Orange.

Si le fonds de gestion Bespoke Investment relève que la capitalisation de Twitter est comparable à celle des débuts de Google en 2004, il ne rappelle pas que le moteur de recherche était déjà largement rentable. Mais certains parlaient aussi de bulle à l'époque (Google vaut plus de 370 milliards aujourd'hui)…

 

Même les banques introductrices prudentes

Plusieurs analystes avaient tiré la sonnette d'alarme il y a quelques semaines. Même les experts des banques introductrices se sont montrés très prudents, lorsqu'ils ont publié leurs premières notes, début décembre. Par exemple, JP Morgan avait décrit Twitter comme « un actif Internet unique avec une croissance élevée, des barrières à l'entrée et un potentiel significatif en tant que plate-forme majeure de l'internet » méritant une prime par rapport au secteur, tout en soulignant que l'action était « correctement valorisée » au-delà de son objectif de 40 dollars.

Merrill Lynch Bank of America, qui faisait aussi partie du syndicat de banques introductrices, conseillait même de vendre début décembre, avec une recommandation de « sous-performance » et un objectif de 36 dollars ! Mi-décembre, un des analystes les plus enthousiastes sur Twitter, Robert Peck de SunTrust, a dégradé la valeur d'acheter à conserver, car elle avait « dépassé de 20% notre objectif de 50 dollars pour la fin 2014 », avec un an d'avance donc ! Il observait qu'aux cours actuels (environ 60 dollars), il faut être prêt à payer 17 fois une prévision très optimiste de 4 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2017, contre seulement 630 millions attendus pour 2013 et entre 1 et 1,2 milliard pour 2014…Attention aux lendemains d'ivresse...

Delphine Cuny

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