Obésité, diabète : le (très) gros marché d'une start-up française

Première mondiale : LNC, une jeune start-up française, vient de mettre au point une offre de prise en charge globale du diabète et de l'obésité, maladies dont les enjeux de santé et financiers sont colossaux. Des pays comme la Chine ou le Mexique ont fait de la lutte contre ces pathologies des causes nationales.
Aux États-Unis, plus d’un adulte sur trois est touché par l’obésité, ce qui coûte au pays 190 milliards de dollars par an en frais médicaux. / Reuters

Aujourd'hui, 347 millions de personnes souffrent de diabète dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En France, ils sont 4 millions.

En 2013, la Sécurité sociale a dépensé 15 milliards d'euros pour le traitement des diabètes, contre 12,5 milliards en 2007.

Et malgré cela, les médecins s'accordent pour dire que les solutions thérapeutiques actuelles produisent des résultats décevants. Conscient qu'il y avait là un marché à très fort potentiel, Claude Vincent, président de l'Association pour la prévention du risque cardiométabolique (APRC), a fondé en 2010 sa société, LNC (Les Laboratoires Nutrition & Cardiométabolisme), à Bordeaux avec trois autres managers seniors issus de l'industrie pharmaceutique (Sanofi, GlaxoSmithKline) et de la nutrition (Nestlé Protéika, Oenobiol).

Des outils indispensables pour un offre thérapeutique innovante

Après trois ans de travail, 8 millions d'euros d'investissements, sept brevets déposés, cette start-up vient de lancer la première offre thérapeutique intégrée au monde de prise en charge du diabète et de l'obésité.

Il s'agit de deux solutions : la première permet de traiter le pré-diabète et l'obésité abdominale pour éviter le passage en diabète, la deuxième de lutter durablement - pendant deux ans - contre l'obésité après une chirurgie bariatrique (pose d'un by-pass gastrique).

Deux solutions complémentaires, car l'obésité entraîne la plupart du temps du diabète. Un diabète, qui entraîne des dégâts irréversibles, voire fatals : cécité, insuffisance rénale ou accidents cardiovasculaires.

Les objets connectés, des assistants précieux

« Aujourd'hui, après l'opération, la pose d'un by-pass gastrique, 50% des patients souffrent de déficience nutritionnelle », relève Jean-Luc Treillou, directeur général de LNC.

Chaque solution thérapeutique intégrée - proposée sur prescription médicale -comprend des produits de nutrition médicale et des outils d'accompagnement (applications pour smartphones et tablettes, Web-communauté de patients, modules d'e-éducation thérapeutique, serious game, cuillère connectée).

« Un obèse doit apprendre à vivre avec sa maladie à vie. Et pour cela, il est capital qu'il soit accompagné », insiste sa collaboratrice, Amélie Alexis, diététicienne.

En ce sens, les objets connectés sont de précieux outils. Pour mieux prendre en charge les maladies chroniques, les grands laboratoires sont d'ailleurs en pleine révolution et lancent leurs premières solutions thérapeutiques avec un accompagnement numérique.

Pour sa part, dès la mi-2011, LNC a commencé à faire ses preuves en démontrant via une première étude clinique que son produit de nutrition médicale pourrait permettre de stopper le passage du prédiabète en diabète via un mécanisme original.

Et, en 2012, la société Seventure Partners (Paris) et d'autres investisseurs ont injecté 3,5 millions d'euros - la plus importante levée de fonds dans le domaine de la nutrition-santé en Europe - dans l'entreprise, après avoir levé 1,5 million en 2010.

En 2030, un marché de 500 milliards de dollars par an

Il faut dire que le diabète est devenu une « épidémie » mondiale. En 2030, cette maladie sera la septième cause de mortalité. Il s'agit dans 90% des cas du diabète dit de « type 2 », qui est celui du vieillissement, de l'abondance et de la sédentarité. Il touche surtout les populations vieillissantes, en surpoids, peu actives. Notre mode de vie est en cause.

En France, en soixante ans, nous sommes passés d'une activité physique journalière (l'utilisation des muscles, qui ne passe pas forcément par du sport), de quatre heures à seulement une heure.

L'obésité est un fléau qui ne cesse de croître chaque année

Plus d'un adulte américain sur trois est touché, ce qui coûte au pays 190 milliards de dollars par an en frais médicaux. En France, 15% de la population adulte est obèse - 6,9 millions de personnes - soit 3,3 millions de plus qu'en 1997.

Mais, longtemps considérée comme une conséquence de la surconsommation, de la malnutrition, et non une maladie chronique, l'obésité n'a pas bénéficié d'un traitement médical adapté. Les patients ont donc repris du poids après les régimes.

Le marché est immense. Actuellement, notre planète compte 500 millions d'obèses. En 2030, les dépenses de santé liées au diabète atteindront 500 milliards de dollars par an à l'échelle planétaire.

« Aujourd'hui, il y a 315 millions de prédiabétiques dans le monde, dont plus de 70% deviendront diabétiques », souligne Jean-Luc Treillou.

Pour diffuser ses produits, LNC, qui emploie dix personnes à Bordeaux, mais en fait travailler quarante dans le monde, mise sur la force de frappe des laboratoires pharmaceutiques, auxquels elle envisage de céder sa solution « clés en main » sous forme de licences.

Demain, ses produits vont être diffusés dans le monde entier. Plusieurs grands laboratoires se sont montrés très intéressés. Des rendez-vous ont été pris. Et, de puissants fonds étrangers manifestent déjà leur envie d'entrer au capital de l'entreprise.

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>>> FOCUS Diabète et obésité, deux maladies « mondialisées »

  • Aujourd'hui, 347 millions de personnes souffrent de diabète dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
  • Il y a 315 millions de prédiabétiques dans le monde, dont plus de 70% deviendront diabétiques.
  • En 2013, la Sécurité sociale a dépensé 15 milliards d'euros pour le traitement des diabètes, contre 12,5 milliards en 2007.
  • En 2030, les dépenses de santé liées au diabète atteindront 500 milliards de dollars par an à l'échelle planétaire.
  • En France, 15% de la population adulte est obèse - 6,9 millions de personnes - soit 3,3 millions de plus qu'en 1997.
  • Plus d'un adulte américain sur trois est touché, ce qui coûte au pays 190 milliards de dollars par an en frais médicaux.
  • Le CNAPS (Conseil national des activités physiques et sportives) a estimé qu'une pratique sportive modérée et quotidienne de trente minutes permettrait d'économiser jusqu'à 6 milliards d'euros en matières de dépenses de santé.

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Commentaires 4
à écrit le 21/01/2014 à 20:57
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Il y a deux sortee de diabete .Le type un est appellé insulino-dependant ,c'est à dire que le pancréas ne produit pas assez d'insuline pour reguler le sucre dans le sang ,et c'est bien la permanance du sucre non assimilé dans le sang qui est la cause...

à écrit le 21/01/2014 à 10:38
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Le marché de la prévention, qui doit aussi s'attaquer aux multinationales de l'agroalimentaire, n'est pas porteur économiquement. C'est toujours le marché pour "soigner" qui est le plus profitable. La médecine est vraiment mal orientée.

le 21/01/2014 à 13:15
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A chacun d'apprendre à se prendre en charge... Il y a suffisamment d'informations qui circulent pour pouvoir se prémunir de ces fléaux... Mais il n'a y pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre... Les industries agro alimentaires ne font que ...

le 21/01/2014 à 21:57
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En effet, ce ne sont pas des produits qui apporteront un résultat.... Il y a bien d'autres choses à faire... A ce propos, je vais moi aussi monter une start up sur le diabète. Mais pour le moment je n'en dirai pas plus!!!

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