Valeurs high-tech : "Il faut s'attendre à une vraie correction"

Le Nasdaq a chuté lourdement depuis une dizaine de jours, ranimant les fantômes d'une nouvelle bulle internet. L'analyse de Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
Les investisseurs, plus prudents, se détournent des valeurs technologiques du Nasdaq

Après avoir atteint des sommets et soutenu la flambée de Wall Street,  les valeurs technologiques du Nasdaq sont en chute libre. Jeudi, l'indice a plongé de 3,10%, une baisse sans précédent depuis novembre 2011. Facebook a lâché 5,21%, Yahoo 4,22%, Google 4,11% et les ex-stars Tesla et Netflix ont chuté de plus de 5%. 

>> Lire notre enquête : Bulle internet : le marché a-t-il raison d'être hanté par le krach des années 2000 ?

A croire qu'un nouvel éclatement d'une bulle internet pointe le bout de son nez. Pour Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque, les valeurs technologiques subissent certes une forte correction, mais la situation est loin d'être aussi catastrophique que lors du "techno-krach" du début des années 2000.

 

La Tribune : Pourquoi les valeurs technologiques du Nasdaq ont-elles connu un tel engouement ?

Christopher Dembik : Depuis plusieurs mois, il y a des investissements spéculatifs dans des valeurs du Nasdaq et d'importantes introductions en bourse. Ce phénomène est lié à la politique monétaire menée par les banques centrales, notamment la Fed, qui ont injecté des liquidités dans l'économie. L'argent doit bien aller quelque part : on a vu un afflux de liquidités dans les pays émergents, ou sur le marché des obligations d'entreprise aux Etats-Unis. Mais aussi dans les valeurs de la high-tech, d'autant plus que leur valeur est difficile à déterminer.

LT : Pourquoi ce retournement de situation ?

C.D. : Les grands fonds se sont repositionnés sur le marché car ils ont des doutes sur le modèle économique de ces valeurs. Ils sont plus prudents et se sont tournés vers des valeurs défensives comme la distribution spécialisée ou l'agroalimentaire.

LT : Pourquoi les investisseurs doutent-ils du modèle économique de la high-tech ?

C.D. : Il y a tellement de modèles qu'aucun n'arrive vraiment à s'imposer. Les réseaux sociaux par exemple. Ils sont très dépendants de la publicité. Or les annonceurs remarquent que les retombées sont faibles. Donc ils envisagent de se recentrer sur un ou deux réseaux sociaux seulement. Il y a aussi des introductions en bourse qui dépassent l'entendement. C'est le cas de Candy Crush, un jeu sur smartphone (valorisé à 7,1 milliards de dollars NDLR). Douze mois avant son entrée en bourse, une étude, commandée par King (l'éditeur du jeu), montrait que les utilisateurs avaient tendance à quitter le jeu au bout de 9 mois ! Il y a de vraies questions qui se posent sur la viabilité à long terme de ces modèles économiques.

LT : Est-ce qu'une bulle est sur le point d'éclater ?

C.D. : On sait très bien que la hausse des indices est liée à l'injection de liquidités. Mais la Fed ne constate pas de bulle, c'est très difficile. D'ailleurs on ne la constate que quand elle éclate ! Par ailleurs, ce n'est pas une bulle car il y a de réelles inquiétudes sur le modèle économique des valeurs technologiques, et aussi sur la croissance mondiale. Pour le moment, il n'y a pas qu'un effet psychologique comme dans les années 2000.

LT : quelles sont les différences avec la bulle internet des années 2000 ?

C.D. : En 2000 on a eu le droit à un phénomène irrationnel : beaucoup d'introductions en bourse avec une politique monétaire accommodante. Mais les valeurs n'étaient pas durables. Il y a eu un phénomène moutonnier. Les investisseurs ont continué à investir sur des valeurs dont le cours était déjà très élevé. A l'heure actuelle, il n'y a pas ce phénomène où des investisseurs achètent une valeur déjà élevée en croyant que les cours vont monter.

La bulle internet des années 2000 a éclaté quand la politique monétaire accommodante de la FED a commencé à se durcir et que les taux ont augmenté. Tout cela a été très mal annoncé. Les investisseurs ont été pris de panique. Aujourd'hui La Fed mène aussi une politique monétaire moins accommodante, mais elle arrive plus ou moins à canaliser les inquiétudes. Le retournement se fait par tranche de 10 milliards de dollars, ce qui est très peu. Elle désaccoutume lentement les marchés.

LT : Que va-t-il se passer dans les prochains mois ?

C.D. :  Mon scénario, c'est qu'il va y avoir une forte baisse, mais elle a déjà eu lieu en grande partie. On va revenir à des niveaux "normaux".  Il faut donc s'attendre à une vraie correction de l'ordre de 10%.

 

 

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Commentaires 7
à écrit le 15/04/2014 à 16:55
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La finanace nous previent d'un crack ?? Ca sort d'ou ? c'est quoi ce nouveau delire... ?? Et vous relayez parceque pour vous ils sont credibles ??

à écrit le 15/04/2014 à 13:10
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Je suis saisi d'un doute en lisant les commentaires: Suis-je sur "La Tribune" ou sur "Libé.fr" ???? Cordialement.

à écrit le 15/04/2014 à 9:24
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Lorsque l'argent coule à flot, les banques se lâchent, alimentent la spéculation et tout ça finit en une bulle qui inévitablement explose. L'économie moderne, c' est une succession de bulles et d'explosions qui laisse au passage sur le carreau des mi...

le 15/04/2014 à 10:24
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JB, "Les millions de personnes qui subissent les frasques d'un capitalisme adossé à un néo-libéralisme outrancier" sont uniquement dans votre imagination. La réalité est que tout dépend de la manière dont le pays est géré !... ce qui ne relève que de...

à écrit le 14/04/2014 à 23:35
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article bizarre.... en 2000 on évitait le bug de l'an 2000... Internat c'est venu après... La bulle plutôt en 2004... non ?

à écrit le 14/04/2014 à 23:32
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etienne goetz vous êtes un escroc. En 2000, il y a eu des centaines de millairs déversés pour éviter un hypothétique bug de l'an 2000... Puis grâce à cela est arrivé internet.... puis 2 ans plus tard ...

à écrit le 14/04/2014 à 20:07
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L argent de la fed (ou de la bce) doit bien aller quelque part....on croit rever qu ils arrêtent de distribuer l argent aux banques directement. Ou alors qu ils leur interdise de spéculer avec et que l argent soit redistribue dans l économie reelle

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