Géolocalisation : Facebook drague sur les terres de Foursquare et Tinder

En ajoutant la fonction de partage de sa localisation avec ses amis de proximité, le réseau social revient tenter sa chance dans ce domaine défriché par l’appli de « check-in » Foursquare, où cartonnent les apps de rencontres comme la dernière coqueluche Tinder.
Delphine Cuny
La fonction de partage de géolocalisation est à activer - ou non - dans les paramètres de l'application mobile.

Se faire pister par ses amis ? Etre dérangé par des alertes incessantes sur les faits et gestes de ses 400 contacts ? L'annonce de la nouvelle fonctionnalité de partage de localisation « Amis à proximité » (Nearby Friends) de Facebook a rapidement suscité des commentaires agacés ou inquiets des utilisateurs hier soir. Pourtant, le réseau social aux plus de 1,2 milliard de membres a pris soin de rendre optionnelle cette nouvelle fonction de son application mobile, qui arrivera « dans les prochaines semaines » aux Etats-Unis uniquement pour l'instant. Que les utilisateurs soucieux du respect de leur vie privée se rassurent : cette option sera à activer - ou non - dans les paramètres de l'application, ponctuellement ou non. Le partage de géolocalisation ne fonctionnera qu'en réciprocité, et non à sens unique : les personnes ne verront où vous êtes que si elles ont accepté également de vous dire où elles se trouvent. C'est aussi un moyen de donner un rendez-vous à un horaire précis.

Copier Foursquare (encore) ?

Rester en contact et rencontrer ses amis plus facilement dans la vraie vie, pas seulement en ligne : voilà la promesse de Facebook, qui espère encourager ses membres à utiliser toujours davantage son service, en particulier sur son smartphone. La firme de Menlo Park a tenté à plusieurs reprises de lancer des services de géolocalisation comme Places (Lieux), arrêté au bout d'un an en 2011, un service très inspiré de l'une des applis pionnières de la géolocalisation Foursquare. Dennis Crowley, le fondateur de cette startup new-yorkaise, s'est d'ailleurs moqué sur sa page personnelle Tumblr des « lancements de produit Foursquaresque de Facebook (Checkins, Places, Nearby, Friend Finder) » qui ne le « concernent pas. » Lancé en 2009, Foursquare, qui revendique 45 millions d'utilisateurs et 5 milliards de « check-ins » par jour, a peiné à trouver son modèle publicitaire : la société aurait réalisé 14 millions de dollars de chiffre d'affaires l'an dernier, en hausse de 600%, et serait en croissance de 500% au premier trimestre 2014, selon son fondateur récemment interviewé sur CNBC.

Facebook avait aussi acquis en mai 2012 la startup Glancee, qui aidait à « rencontrer de nouvelles personnes intéressantes autour de vous » : c'est d'ailleurs le cofondateur de Glancee, Andrea Vaccari, qui est à l'origine de Nearby Friends et qui présente la nouvelle fonction sur le site de Mark Zuckerberg. Ce dernier avait également acquis en décembre 2011 le réseau social géolocalisé Gowalla qu'il a fermé trois mois plus tard.

 

Tinder, de la drague à la « découverte sociale »

Pour l'instant, la nouvelle fonction de Facebook se limite aux amis, ou même à une liste spécifique d'amis, sans doute par prudence. Mais on imagine qu'elle pourrait évoluer si les utilisateurs veulent élargir leur cercle d'amis ou de contacts. « Amis à proximité » est ainsi peut-être une tentative de surfer sur la tendance des applis de rencontres qui cartonnent comme la dernière coqueluche Tinder. Lancée il y a 18 mois, cette dernière se défend d'être une appli de drague et se présente comme « une plateforme de découverte sociale », comme Glancee à l'époque : elle revendique 10 millions d'utilisateurs par jour, soit le double d'il y a quatre mois ! Tinder utilise d'ailleurs les profils Facebook, pour éviter les faux comptes, et propose à ses utilisateurs la photo d'un autre membre enregistré à proximité, qu'ils « aiment » ou écartent : l'appli, souvent pratiquée comme un jeu, aurait à son actif 850 millions de profils « balayés » d'un doigt et 12 millions de « combinaisons » (« match » ou appréciation mutuelle de deux utilisateurs, avec ou sans rencontre dans la vraie vie ensuite).

La startup est en fait contrôlée par le groupe de Barry Diller, le géant américain de l'Internet IAC InterActive Corp, maison-mère notamment du site de rencontres Match.com - qui a racheté le français Meetic. IAC s'est récemment renforcé au capital, il détiendrait 70% de Tinder selon le site spécialisé Re/code, qui croit savoir que sa valorisation serait 10 fois inférieure à la rumeur de 5 milliards de dollars évoquée par Bloomberg, un montant astronomique aussitôt démenti par les intéressés. Tinder vaudrait donc en réalité autour de 500 millions de dollars, ce qui n'est déjà pas mal pour une jeune pousse ne réalisant aucun chiffre d'affaires…Mais une broutille au regard des 19 milliards de dollars que Facebook s'est engagé à débourser pour l'appli de messagerie WhatsApp.

Delphine Cuny

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Commentaires 2
à écrit le 19/04/2014 à 19:14
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facedeplook veut nous géolocaliser jusqu'au chiottes ! laissez-nous chier tranquille facedeplook

à écrit le 19/04/2014 à 9:22
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Putain, le monde est vraiment en plein délire. Au secours....

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