« SFR n’aurait valu que 11 milliards d'euros en Bourse »

Dans une lettre aux actionnaires de Vivendi, Jean-René Fourtou revient sur le choix de vendre SFR à Numericable. Le président du conseil de surveillance se justifie avant de quitter ses fonctions à l’issue de l’assemblée générale du 24 juin.
Delphine Cuny
Jean-René Fourtou le président du conseil de surveillance de Vivendi, confirme qu'il va démissionner à l'issue de l'assemblée générale du 24 juin.

C'est un étrange « entretien exclusif » publié dans la lettre aux actionnaires de Vivendi envoyée ce jour. Jean-René Fourtou, le président du conseil de surveillance, et Jean-François Dubos, le président du directoire, qui vont tous les deux démissionner de leurs fonctions à l'issue de la prochaine assemblée générale, le 24 juin, font d'abord un long rappel des nombreux rebondissements connus par Vivendi depuis deux ans. Mais ils reviennent surtout sur les raisons de la vente de SFR, pour 17 milliards d'euros dont 13,5 milliards en cash, un peu moins d'un mois après la signature de l'accord définitif de cession à Numericable, préféré à Bouygues.

Alors qu'une scission par introduction en Bourse était prévue initialement, le président du conseil de surveillance, dans sa dernière lettre aux actionnaires, près de douze ans après son arrivée à la tête de Vivendi, ne cache pas qu'une vente rapportait plus. Mais l'introduction a-t-elle jamais été envisagée sérieusement ?

 

Les valorisations proposées par Altice/Numericable et Bouygues étaient très supérieures à la valeur qui aurait pu résulter d'une introduction en bourse de SFR : nos banquiers l'estimaient aux alentours de 11 à 12 milliards d'euros, compte tenu des incertitudes du marché du téléphone mobile en France et notamment de la guerre des prix.

 

Or le président du conseil de surveillance avait affirmé en octobre 2013 qu'une offre valorisant SFR 15 milliards d'euros, ce n'était pas assez. Qualifiant de « financièrement très proches » les deux offres, il met en avant la « pertinence industrielle » du projet du câblo-opérateur fondé sur la convergence du fixe et du mobile : « c'est aujourd'hui la stratégie gagnante dans les télécoms et elle est adoptée partout en Europe. » Peu de paroles positives sur le projet concurrent de Bouygues, qui certes « comportait des synergies conséquentes mais avec de nombreux doublons au niveau des effectifs. » Il insiste sur ce volet social.

 

« [En cas de rapprochement de SFR et Bouygues Telecom] il aurait fallu procéder à des réductions d'emploi de 4 000 à 6 000 personnes au sein du groupe, sans compter les difficultés liées aux sous-traitants. »

Et ce même si Martin Bouygues s'était à engager à ne pas supprimer d'emplois pendant trois ans. Après les nombreuses critiques sur l'opacité du processus, Jean-René Fourtou martèle au contraire que tout a été fait dans la « transparence », en collaboration avec quatre banques conseils et quatre cabinets d'avocats, ainsi que l'avis de trois experts en droit de la concurrence, « unanimes pour dire que l'offre d'Altice/Numericable présentait moins de risques que celle de Bouygues. »

 

Delphine Cuny

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Commentaires 12
à écrit le 04/05/2014 à 16:07
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Les dirigeants de Vivendi répètent qu'après les opérations, Vivendi détiendra 5 mds € de trésorerie nette ; Vivendi va encaisser 13.5 mds € avec la vente de SFR. Or, sa dette était estimée 6.9 mds € lors de la publication des comptes 2013 (vente de M...

à écrit le 01/05/2014 à 14:40
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Elle est bien bonne celle-là : Messieurs les actionnaires, ayez l'intelligence de ne pas être des investisseurs mais des spéculateurs. La valeur, c'est la bourse qui la donne et pas les intellectuels des "fondamentaux". C'est pour cela qu'a été et q...

le 01/05/2014 à 22:33
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Toujours les mêmes préjugés, c'est lassant...

le 02/05/2014 à 3:35
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Mieux vaut être petit actionnaire que gros pigeon de sa banque...

à écrit le 01/05/2014 à 11:11
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On vient nous expliquer qu'un petit cablo-opérateur (numericable) surpaye de 30% son acquisition par rapport au prix de marché et qu'il s'est engagé à conserver les emplois !!!!! Oh, les big boss et autres rois de la finance, vous nous prenez pour de...

le 01/05/2014 à 14:44
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Cela,c'est ben vrai, Mossieur. Y a que ceux qui empruntent qui sont sûrs au départ de ne rien perdre. Quand le coup il est parti, c'est la chasse à qui payera la note.

le 01/05/2014 à 16:03
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A terme, c'est Montebourg qui aura eu tout faux. Si Bouygues et Free "se rapprochent", à moyen terme, lorsque SFR disparaîtra immanquablement, il ne restera que... 2 opérateurs.

à écrit le 01/05/2014 à 10:49
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Constat .... les téléphones portables ne sont ni plus ni que des ordinateurs ..."attention au mutation vers le wifi ... volontairement non comprise dans ces appareils ... du moins très peu " .... ce qui ne serait tard...

le 03/05/2014 à 16:52
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Tu as saisi ce commentaire en passant sous un tunnel ?

à écrit le 30/04/2014 à 21:06
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13.5Milliards à 8% de taux d'intérêt, je ne sais pas comment numéricable va s'en sortir. Derrière le deal, Goldman sachs et Deutch bank se gavent. Un vrai délire incompréhensible quand on voit les taux d'intérêts "officiels".

le 02/05/2014 à 9:04
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Pas de soucis, tu fais comme l'état Français, tu empruntes tous les mois aux pigeons pour rembourser les intérêts.

à écrit le 30/04/2014 à 19:47
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Ce que dit ce monsieur c'est que Numéricable a grossièrement surpayé SFR. Excellente affaire pour Vvendi, mais encore plus pour FREE.

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