La stratégie de Bolloré : créer des synergies au sein du nouveau Vivendi

L’homme d’affaires breton a été nommé président du conseil du groupe, Jean-René Fourtou devant devenir président d’honneur. Vincent Bolloré veut développer les synergies entre les filiales du groupe recentré sur les médias après la vente de SFR : Universal Music, Canal Plus et GVT.
Delphine Cuny
« La stratégie est claire : il s'agit de transformer cette société qui était une holding financière en un groupe industriel intégré dans les contenus » a déclaré Vincent Bolloré, nommé ce mardi président du conseil de surveillance de Vivendi.

Il aura fallu deux ans, mais voilà désormais Vincent Bolloré présidant aux destinées du Vivendi nouveau. A l'issue de l'assemblée générale des actionnaires qui s'est tenue ce mardi matin au Palais des congrès de Paris, un conseil de surveillance s'est réuni au cours duquel Jean-René Fourtou (75 ans) a démissionné de ses fonctions de président, confiées à l'homme d'affaires breton (62 ans), premier actionnaire du groupe avec un peu plus de 5% du capital (issu essentiellement de la vente à Canal Plus de ses chaînes D8 et D17). Les deux hommes, dont les relations s'étaient tendues l'an dernier, se sont livrés à un échange d'amabilités dans une ambiance fort policée au cours de l'assemblée. Interrogé par un actionnaire sur ce « choix arbitraire » et le processus peu ouvert ayant abouti à la nomination d'un « actionnaire minoritaire avec seulement 5% du capital », l'ancien patron de Rhône-Poulenc s'est justifié : 

« Je suis allé le chercher, j'assume ! Vincent Bolloré est un industriel entreprenant, imaginatif, tenace, qui a le sens de l'intérêt de l'actionnaire » a fait valoir Jean-René Fourtou. « Il y a assez d'administratifs, d'énarques ou autres à la tête des grandes entreprises françaises. Et dans la revalorisation du titre Vivendi depuis deux ans, il y au moins 1 euro Bolloré ! » a-t-il estimé.

 Vente de SFR à Numericable attendue en novembre

L'action Vivendi, qui cotait 13,50 euros il y a deux ans, s'échange à plus de 19 euros aujourd'hui. Le passé de raider et d'actionnaire actif de l'homme qui a pris le contrôle de Havas un peu à la hussarde a servi les intérêts de Vivendi, les investisseurs voyant en lui la promesse d'une vaste réorganisation du portefeuille d'actifs du conglomérat de télécoms et de médias. Désormais, « Vivendi a achevé son recentrage sur les médias autour de trois marques fortes et complémentaires, Universal Music, Canal Plus et GVT [le « Free brésilien »] » a souligné Jean-René Fourtou. Vivendi a en effet « bon espoir » de finaliser la cession de SFR à Numericable pour 17 milliards d'euros, dont 13,5 milliards en cash, « autour du mois de novembre. »

 La « valeur cachée » de Vivendi

Vincent Bolloré a retourné le compliment : « je vais proposer la nomination de Jean-René Fourtou comme président d'honneur du conseil. Il a redressé un groupe en grandes difficultés. Je considère son parcours formidable » a-t-il annoncé à l'assemblée. Il a surtout esquissé son projet pour le nouveau Vivendi recentré, et qui aura « une situation bilantaire extrêmement favorable » - 2 milliards de trésorerie nette fin 2014 après les cessions.

« La stratégie a été fixée clairement. Il s'agit de transformer cette société qui était une holding financière en un groupe industriel intégré dans les contenus. C'est un projet ambitieux car nous sommes face à des concurrents étrangers plus puissants à l'affût » a indiqué Vincent Bolloré.

Il n'a cependant pas dévoilé les domaines dans lesquels il pourrait procéder à des acquisitions pour redéployer Vivendi, qui possède un portefeuille de participations estimées à 800 millions de dollars dans Spotify, Deezer ou encore Beats (en cours de cession).

« Il y a une valeur cachée : ce sont toutes les convergences, toutes les synergies. En combinant toutes ces activités, on peut dégager beaucoup plus de valeur. Je m'explique : Canal Plus aurait des difficultés à se lancer seul sur le marché américain, le marché principal de la télévision, mais il pourrait gagner beaucoup de temps en s'appuyant sur les compétences d'Universal, qui est une légende de l'Amérique. GVT, qui a connu un développement extraordinaire, peut aussi faire appel à Universal. C'est tout cela le pari du futur de Vivendi, à partir de trois entités qui peuvent paraître un peu disparates. » 

Des synergies "à la Messier" ?

Une façon polie de critiquer ce qui a été réalisé par ses prédécesseurs. Mais aussi un air de « déjà-vu » pour les analystes et les actionnaires : la stratégie de Jean-Marie Messier reposait en effet sur les synergies entre les métiers de contenus… Si un actionnaire s'est demandé s'il « veut peut-être vous vendre Havas », Vincent Bolloré n'a pas évoqué d'éventuelles synergies avec son groupe de publicité, pour « reconstruire le grand Havas » comme l'avait déclaré un jour Jacques Séguéla.

Le nouveau président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, ancien patron du groupe de presse et télévision Hearst (qui a notamment racheté les versions internationales du magazine « Elle » à Lagardère) connaît très bien les contenus et le marché américain. Mais il ne s'est pas du tout exprimé pendant l'assemblée générale. Un message clair aux actionnaires : Vivendi a un nouveau patron, Vincent Bolloré, et c'est lui qui aura la haute main sur la stratégie. 

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 25/06/2014 à 10:13
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Décidement M.FOURTOU n'a pas de complexes, après sa lamentable prestation chez Rhône Poulenc, qu'il a coulé, et triste performance dans Vivendi , le voilà nommé président d'honneur , en tant qu'actionnaire très minoritaire je trouve cette position ...

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