En Europe, un marché à trois opérateurs devient-il la norme ?

Après l’Irlande et l’Allemagne, la Norvège voit à son tour deux de ses opérateurs mobiles fusionner, TeliaSonera et Tele2. Mais cette opération risque de créer un duopole et devrait donner naissance à un nouvel opérateur. En France, le dossier Bouygues Telecom est en pause.
Delphine Cuny
TeliaSonera, qui va avaler le numéro trois du marché, s’est d’ores et déjà engagé à accélérer le déploiement de son réseau 4G, qui couvrira 98% de la population norvégienne dès 2016, deux ans plus tôt que prévu.

La consolidation bat son plein en Europe. Après l'Irlande en mai et l'Allemagne la semaine dernière, la Norvège devrait à son tour voir un de ses opérateurs mobiles disparaître. Mais il ne s'agit pas de passer de quatre à trois, plutôt de trois à deux ou deux et demi. L'opérateur suédois TeliaSonera, numéro deux du marché norvégien sous la marque Netcom, va en effet racheter la filiale locale de son compatriote et concurrent Tele2, numéro trois en Norvège, pour environ 550 millions d'euros (5,1 milliards de couronnes suédoises). Le nombre d'abonnés de TeliaSonera bondira de 1,6 à 2,7 millions et sa part de marché de 23% à 40%. L'opérateur historique Telenor restera leader, avec 3,2 millions d'abonnés, près de 50% du marché, le reste étant éparpillé entre des dizaines de MVNO. 

Un nouveau troisième opérateur ?

Ce rachat était en fait attendu : en mars, Tele2 avait annoncé envisager différentes options stratégiques après que sa filiale eut échoué à acquérir de nouvelles fréquences en décembre. Des fréquences raflées par surprise par un nouvel entrant, Ice.net, contrôlé par Access Industries, la société du milliardaire des médias russo-américain Len Blavatnik, également propriétaire du label Warner Music. Ice.net, petit opérateur de haut débit mobile, qui revendique environ 200.000 clients, pourrait devenir le nouveau troisième opérateur : il est en effet fort probable que l'autorité norvégienne de la concurrence demande à TeliaSonera d'importantes concessions, telles que la revente du réseau mobile de Tele2 ... dont Ice.net serait l'acquéreur logique.

Affirmant aux autorités que l'opération serait bonne pour les consommateurs, TeliaSonera s'est d'ores et déjà engagé à accélérer le déploiement de son réseau 4G, qui couvrira 98% de la population dès 2016, deux ans plus tôt que prévu. Cependant, la Norvège ne faisant pas partie de l'Union européenne, le feu vert des autorités norvégiennes pourrait être plus facile et plus rapide que dans le cas des fusions intervenues en Irlande et en Allemagne. TeliaSonera compte boucler l'opération au plus tard au premier trimestre 2015.

 En France, le dossier Bouygues Telecom en pause

Quels enseignements en tirer pour la France, où du ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, au PDG d'Orange, Stéphane Richard, de nombreuses voix s'élèvent en faveur d'un retour à trois opérateurs, un peu plus de deux ans après le tsunami Free Mobile ? Ceux-ci sont confortés dans leur discours : la tendance en Europe est clairement à la concentration sur chaque marché national. Parmi les principaux marchés européens, le Royaume-Uni a toujours quatre opérateurs mobiles, après la fusion d'Orange et T-Mobile en 2010, l'Italie aussi mais la rumeur court que les numéros trois et quatre, Wind (Vimplecom) et 3 (Hutchison) réfléchiraient à un rapprochement. En Espagne, TeliaSonera a envisagé à plusieurs reprises de vendre son opérateur Yoigo, le numéro quatre du marché, toujours pas rentable.

En France, pour l'instant, le dossier Bouygues Telecom est en pause : Orange a officiellement annoncé que les conditions n'étaient « pas réunies » actuellement pour se lancer dans un rachat. Son PDG n'a pas exclu de participer à une opération de consolidation si le dossier était rouvert dans six mois, mais pas à l'initiative d'Orange. La balle est donc dans le camp de Free, mais un dirigeant de l'opérateur confie qu'il n'est « pas prêt à payer un prix d'Américain », soit pas plus de 5 milliards d'euros, quand Martin Bouygues ne serait pas disposé à céder sa filiale à moins de 8 voire 9 milliards d'euros. De quoi redonner quelques pourcentages de probabilité au scénario du statu quo sur le marché français, au moins pour quelques mois...

Delphine Cuny

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Commentaires 8
à écrit le 08/07/2014 à 12:40
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Il y a une bonne cinquantaine d'opérateurs locaux aux US, en marge des gros , et cela ne semble gêner personne On attend quoi pour donner des licences a des petits opérateurs de proximité ? Vive la biodiversité

le 08/07/2014 à 17:42
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@US Com : oui donc comme Europe quoi... Je vous rappele que les USA sont un Etat fédéral composé de 50 Etats ayant effectivement chacun au moins un opérateur "local". Donc sauf à vouloir un opérateur par région française je ne vois pas l'interet de v...

à écrit le 08/07/2014 à 10:00
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Donc, selon vous, le choix , c'est le bordel ? Vous avez surement raison. Vivement l'opérateur unique, bien contrôlé, de même que la chaine de TV unique, bien filtrée.. Le constructeur automobile unique aussi, en noir.. épicétou... Pauvre monde dans ...

à écrit le 08/07/2014 à 8:03
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Pensez vraiment européen : un marché à 3x25 opérateurs, ce n'est pas un marché, c'est un foutoir.

le 08/07/2014 à 9:55
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Et pourquoi serait-ce un foutoir ? Il n'y a que 3 (ou 4 opérateurs) par zone de chalandise. On se fout totalement de savoir quel opérateur agit en bordurie, seul le marché local compte, le marché Européen, en matière de télécom n'existe pas (encore)....

le 08/07/2014 à 17:03
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Impossible à court et moyen terme d'avoir un marché unique de la téléphonie : il doit y avoir une vingtaine (voir plus) de langues parlée en Europe, donc bonjour le service client à mettre en place et de plus le pouvoir d'achat (et donc les habitudes...

le 09/07/2014 à 9:14
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Le service client n'est en rien un probleme, ce modele pan européen existe déjà. Le prix est fixé en fonction du pouvoir d'achat ???? il me semblait que c'était l'offre et la demande. Si c'est vrai, vive un accord européen qui fera bouger ça. Fisca...

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