Quand Amazon détourne Orwell dans une pétition contre Hachette aux Etats-Unis

Le site de e-commerce a divulgué l'adresse professionnelle du patron d'Hachette Book Group, auquel il livre un combat acharné depuis plusieurs mois à propos du prix des livres numériques. Dans une lettre, il utilise une citation de George Orwell, en la détournant de son sens initial.
Marina Torre
Le géant du e-commerce se bat "plume contre plume" face à Hachette Book Groupe, la filiale américaine de l'éditeur français.

Le conflit entre Amazon et Hachette tourne au vinaigre. Le site de e-commerce et la filiale américaine du groupe français Lagardère s'affrontent depuis plusieurs mois sur les prix des ouvrages numériques vendus sur la plateforme.

>> Amazon versus Hachette: la guerre est déclarée

La dernière offensive - provenant d'Amazon - date de ce 9 août. Sur un site créé pour l'occasion et baptisé "lecteurs unis", le libraire en ligne publie une longue lettre détaillant ses griefs à l'encontre de la maison d'édition. Surtout, il demande à ces lecteurs d'envoyer une lettre à Michael Pietsch, le PDG d'Hachette Book Group, dévoilant son adresse mail professionnelle à cette fin. Et suggérant d'accuser la maison d'édition "d'entente illégale".

Amazon fait mentir Orwell

Dans le document, Amazon invoque l'histoire de l'édition, dressant un parallèle entre les débuts difficiles des livres de poche avant la Seconde guerre mondiale et le débat actuel sur le prix des livres numériques.

A l'appui de son argumentaire, le texte cite cette phrase de George Orwell, l'auteur de 1984:

si "les éditeurs étaient un peu sensés, ils comploteraient contre eux (les livres de poches) et les feraient disparaître."

Commentaire d'Amazon : "oui, George Orwell a suggéré une collusion" entre les éditeurs.

Coupée de son contexte, cette phrase laisse croire qu'Orwell lui-même souhaitait la mort du livre de poche, concurrent à bas prix des belles reliures. Or, c'est exactement l'inverse!

Edité par Penguin, il s'était en fait exprimé pour louer la qualité de ses éditions de poche: "les livres Penguin sont splendides pour des livres qui ne valent que six pence", tellement "splendides qui si les éditeurs (concurrents de Penguin) étaient un peu sensés" ils les feraient détruire. Une ironie que les rédacteurs de cette lettre d'Amazon ont omis de transmettre dans son intégralité.

Combat de plumes

Citer un auteur célèbre permet surtout de répondre, littéralement grande plume contre grande plume, à la campagne menée par des écrivains outre-Atlantique, dont certains édités par Hachette, qui ont pris la parole pour dénoncer les pratiques du distributeur accusé d'abuser de sa position dominante.

D'ailleurs la pétition demande à Hachette "d'arrêter d'exploiter les auteurs" et d'accepter sa proposition de les placer "en dehors du débat", en leur proposant de leur reverser l'intégralité du chiffre d'affaires sur la vente de leurs oeuvres tant que durent les négociations).

>> Amazon fait les yeux doux aux auteurs pour remporter sa guerre contre Hachette

Facebook ferait de la concurrence à la lecture

Au récriminations de Hachette et des écrivains, Amazon rétorque: "les e-books peuvent et doivent être moins chers", en gras dans le texte de sa pétition. Le groupe défend une "culture de la lecture" à prix accessibles pour la rendre "compétitive" face à la concurrence d'autres divertissements comme "les jeux mobiles, la télévision, les films, Facebook, les blogs..." Par prix accessibles, il entend 9,99 dollars comme prix unique pour la plupart des livres électroniques, contre 12,99 à 19,99 dollars actuellement.

Marina Torre

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Commentaires 9
à écrit le 11/08/2014 à 15:14
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Amazon devrait balayer devant sa porte s'occuper d'Hachette. Car son "Kindle"gavé de protections toutes plus lourdes les unes que les autres est insupportable pour les lecteurs. Un tout petit fichier pdf ou epub suffirait au bonheur de chacun, mais A...

à écrit le 11/08/2014 à 10:49
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Perso pour un livre virtuel, je ne mettrais pas plus de 5 euro, ça suffit largement. Sinon des milliers de livres sont passés dans le domaine public, donc gratos y compris le très sulfureux Orwell. Pourquoi payer alors qu'on n'est pas prets de les ...

à écrit le 10/08/2014 à 10:15
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La seule littérature qui convient à Amazon, c'est US GO HOME.

le 10/08/2014 à 11:42
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etonnant ? , si amazon était français vous diriez pas la meme chose , non ce qui chagrine certains c'est que des compagnies US sont en pointe vers les consommateurs , d'autres préfèrent quémander toujours et toujours au trésor public des aides et des...

le 10/08/2014 à 19:08
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US en pointe ?! à l'occasion de l'offre de Niel sur T-Mobile, j'ai lu sur Bloomberg.com que les US ont des prix telco plus élevés que nous pour un débit moindre. et Amazon serait probablement rien sans la "magouille fiscale". et GM, Target... sont en...

le 11/08/2014 à 10:42
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@Balzac Amazon avec le livre numérique, ce sera la sélection, la pensée unique et finalement la manipulation des cerveaux. US GO HOME.

à écrit le 09/08/2014 à 19:48
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Détournement est un mot bien faible pour parler d'une manipulation digne du "double-think/double-talk"... qui donc paradoxalement donne doublement raison à Orwell puisqu'Amazon se montre beaucoup plus sous son vrai jour d'un Big Brother prêt à utilis...

à écrit le 09/08/2014 à 18:46
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merci pour l article mais je pense que le francais d amazon est meilleur que le votre

le 09/08/2014 à 19:40
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le vôtre ou Lenôtre ?

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