Comment Facebook veut rentabiliser WhatsApp

Le réseau social a annoncé mercredi une version payante de WhatsApp à destination des entreprises, avant d'intégrer de la publicité l'année prochaine. Cette monétisation intervient au moment où Facebook, déjà saturé par la publicité sur sa propre plateforme, se doit de trouver de nouveaux relais de croissance grâce à WhatsApp, Messenger et Instagram.
Anaïs Cherif
Créée en 2009, l'application de messagerie WhatsApp a été achetée il y a quatre ans par Facebook pour 22 milliards de dollars.
Créée en 2009, l'application de messagerie WhatsApp a été achetée il y a quatre ans par Facebook pour 22 milliards de dollars. (Crédits : Reuters)

Après un an de tests, c'est officiel. Facebook, décidé à rentabiliser WhatsApp, va proposer une version payante de sa messagerie instantanée à destination des entreprises. L'application a lancé sa version "business" mercredi. Celle-ci permettra aux entreprises de communiquer avec leurs clients lorsqu'ils auront fourni leur numéro de téléphone en magasin ou sur le site Web. Les utilisateurs pourront ainsi se renseigner sur le suivi d'une livraison, des rappels de rendez-vous ou encore l'envoi de billets d'avion, liste WhatsApp sur son blog officiel.

Gratuit pour l'utilisateur lamba, cette version sera uniquement payante pour les entreprises, "ce qui les poussera à être plus regardantes et vos discussions ne seront pas saturées", promet la messagerie instantanée. L'entreprise pourra répondre gratuitement aux requêtes de ses clients sous 24 heures. Passé ce délai, chaque message envoyé lui sera facturé quelques centimes selon les pays, précise le Wall Street Journal. WhatsApp a indiqué avoir testé cette solution avec "une centaine de grandes entreprises", dont Singapore Airlines ou Uber.

Facebook a souligné que les messages ne devront pas être promotionnels. Le plus grand réseau social au monde a également promis que les communications seront cryptées, traditionnellement à ce qui se fait sur WhatsApp. Cependant, les entreprises pourront éventuellement stocker les messages dans un état décryptés, créant ainsi une base de données potentiellement intéressante à exploiter, souligne le Wall Street Journal.

Trouver de nouveaux relais de croissance

Actuellement, il est déjà possible de dialoguer avec des entreprises sur WhatsApp, mais elles manquent de visibilité. Conséquence : les utilisateurs doutent parfois de la véracité des profils des sociétés, quand ces dernières veulent bénéficier d'une présence officielle facilement identifiable. Facebook y voit donc l'occasion de rentabiliser WhatsApp, créée en 2009 et achetée il y a quatre ans pour 22 milliards de dollars. En effet, l'application peut se targuer d'avoir triplé sa fréquentation. Le service est passé de 500 millions d'utilisateurs dans le monde en avril 2014 à plus de 1,5 milliard d'utilisateurs. Environ 60 milliards de messages sont échangés tous les jours en moyenne sur la plateforme.

Cette monétisation intervient alors que Facebook est déjà saturé par la publicité sur sa plateforme principale, se devant de trouver de nouveaux relais de croissance. De plus, ayant passé le cap de 2,23 milliards d'utilisateurs mensuels, le géant américain peine à recruter de nouveaux usagers. Il a même déclaré avoir perdu 1 million d'utilisateurs en Europe, attribué à l'entrée en vigueur le 25 mai dernier du Règlement général sur la protection des données. La semaine dernière, le réseau social a donc anticipé un ralentissement de sa croissance dans les mois à venir.

Lire aussi : Après des scandales à répétition, Facebook anticipe un ralentissement de sa croissance

L'exemple réussi d'Instagram

Facebook a déjà travaillé à la rentabilité de ses autres applications, Messenger et son service de partage de photos Instagram. Particulièrement prisé par les jeunes, Instagram, qui a annoncé en juin avoir passé la barre du milliard d'utilisateurs mensuels, attirent les annonceurs. L'application devrait générer 18% du chiffre d'affaires de Facebook cette année et 23% l'an prochain, prédit le cabinet eMarketer.

"Au cours de l'année qui vient de s'écouler nous avons observé la montée en puissance d'Instagram en tant que support publicitaire générateur de revenus pour Facebook (...) Si l'on compare les parts de marché publicitaire de Facebook et Instagram, on constate que celle d'Instagram est passée de 10% à 50% en un peu plus d'un an, analyse Yuval Ben-Itzhak, Pdg de SocialBakers, spécialisé dans l'analyse des médias sociaux. "Instagram est devenu la plateforme la plus puissante pour les marques, ce qui en fait un facteur de croissance important pour Facebook, aujourd'hui et à l'avenir."

La version business de WhatsApp ne devrait être qu'un début. Selon le Wall Street Journal, Facebook va insérer dès l'année prochaine de la publicité dans les formats "Statuts" de l'application, similaires aux "Stories" sur Instagram. Cette fonction permet de partager des photos, du texte ou encore des vidéos de façon éphémère. Environ 450 millions de personnes utilisent les "Statuts" sur WhatsApp, contre 400 millions sur Instagram, qui a déjà inséré de la publicité.

Anaïs Cherif

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