« Ne jamais baisser les bras » : telle est la devise de Rachid Bouchakour. « Et toujours relativiser », ajoute-t-il. De fait, si les projets de la start-up de l'e-santé WitMonki, qu'il a co-fondée en 2017, et lauréate dans la foulée du prix de l'innovation thérapeutique de la Fondation Béatrice Denys, ont échoué une première fois au bas du podium du concours i-Lab, en 2018, « cela se joue souvent à quelques dixièmes de points sur un dossier », dit-il. En outre, les commentaires du jury lui ont été très utiles. « Nous voulions faire trop de choses, une carte, une tablette, une borne... Le jury nous a conseillé de nous concentrer sur un seul produit. Ce regard extérieur a été très aidant ». D'ailleurs, c'est en privilégiant le seul dispositif permettant d'enregistrer le rythme cardiaque d'un patient, de délivrer instantanément un pré-diagnostic puis de faire remonter l'information à un praticien, que la start-up a réussi en 2019 au concours i-Lab.

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Mais Rachid Bouchakour est loin de s'en attribuer tout le mérite ! « Quelque 30 spécialistes ont travaillé dès 2014 pendant deux ans avant le dépôt de trois brevets », indique ce professeur à l'université Aix-Marseille et directeur, jusqu'à la création de WitMonki, de l'Institut Matériaux Microélectronique et Nanosciences de Provence (IM2NP), qu'il a co-fondé. L'idée d'agir directement dans le domaine de l'e.santé et de transférer une partie des innovations du labo vers une start-up qui commercialiserait un objet connecté lui trottait dans la tête avant même la fin de son dernier mandat à l'IM2NP. D'autant que ce scientifique, parfaitement à l'aise dans l'écosystème régional, a aussi suivi le programme d'HEC, Challenge Plus, pour les porteurs de projets innovants. Et puis, l'IM2NP, malgré les financements publics, fonctionne comme une entreprise, grâce à des partenariats industriels forts. En somme, « WitMonki est un aboutissement », dit-il. Un aboutissement, mais aussi le début d'une nouvelle aventure.

Le blanc-seing du CES

Présentée en janvier 2019 au CES de Las Vegas, la WitCard, dotée d'une mémoire pouvant enregistrer jusqu'à 120 électrocardiogrammes de 30 secondes, a la taille d'une carte bancaire. Pour l'activer, le patient dispose ses deux pouces sur des électrodes pourvues de capteurs placées sur la carte. Puis le tracé, sécurisé, est transmis au cardiologue. « Nous avons reçu un très bon accueil, se félicite-t-il. Les Américains ont apprécié le concept de 'carte de crédit' ». Depuis, la start-up cherche à obtenir la certification européenne pour les dispositifs médicaux, bloquée pour l'instant en raison d'un nouveau règlement, lui-même bousculé par la pandémie de Covid-19. Si cette situation pèse sur l'avenir de WitMonki, Rachid Bouchakour espère que la nouvelle sensibilisation sur les questions respiratoires et cardiaques induite par la crise sanitaire permettra de faire avancer les choses à l'automne. Auprès des autorités mais aussi des investisseurs. D'autant que la carte, qui devrait être industrialisée à la fin de cette année pour être commercialisée, sera fabriquée en France !

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Ensuite, la start-up, qui compte six salariés permanents aujourd'hui, s'embarquera dans d'autres aventures, toujours dans le domaine de la prévention des maladies cardio-vasculaires ou autres, pour relever, grâce à la technologie et l'intelligence artificielle, les défis sociétaux qui y sont attachés.