
En agriculture bio, pas question d'utiliser des pesticides pour désherber. Or, les mauvaises herbes poussent tous les jours… Pour s'en débarrasser, pas d'autre moyen que de les arracher à la bineuse.
Et c'est là que le bât blesse : cette opération reste physiquement pénible et les maraîchers peinent à trouver de la main-d'œuvre à un prix acceptable. Un constat que dresse un jeune ingénieur roboticien toulousain, Gaëtan Séverac, lors de la Fête de l'asperge à Pontonx-sur-l'Adour (Landes).
Nourrissant le rêve de créer des robots, il approfondit la question avec un ami de la même formation, Aymeric Barthes. C'est clair, il y a un marché : la petite robotique de maraîchage. Les deux compères créent la start-up Naïo Technologies à Toulouse. Reste à concevoir et à fabriquer un prototype ayant valeur de preuve de concept.
Aussi Facile à utiliser qu'un lave-linge
« Nous nous sommes tournés vers le FabLab Artilect de Toulouse où nous avons pu être conseillés et uti-liser des machines », explique Aymeric Barthes, un président d'à peine 26 ans.
Les deux ingénieurs entrepreneurs lèvent 8.000 euros sur la plate-forme de crowdfunding Ulule et 85.000 euros en Love Money. Naïo Technologies fait alors fabriquer la plate-forme robotique par la société Lapeyre, à Bram, dans l'Aude.
Outre la conception générale du système, les deux ingénieurs développent le stratégique logiciel de navigation du robot entre les rangs de légumes qui rend la machine aussi facile à utiliser qu'un lave-linge.
Baptisé Oz, ce robot magique se repère dans son environnement à l'aide d'une caméra vidéo et bine sans tasser le terrain.
« L'agriculteur n'a plus besoin de désherber. Et encore moins d'utiliser de désherbants », souligne Aymeric Barthes.
En pleine saison, faute de pouvoir le faire régulièrement, les maraîchers doivent désherber en « rattrapage », soit 12 heures pour une rangée de 100 m de long. Autonome, Oz passe sans arrêt pour désherber dans les rangs. « Il désherbe une rangée de 100 m en 7 minutes », soutient l'ingénieur.
Naïo Technologies, qui voudrait passer de cinq à huitpersonnes l'an prochain, continue de fabriquer ses produits à la pièce et d'utiliser le FabLab Artilect pour usiner les boîtiers des modules électroniques.
« Depuis août, nous avons vendu en direct quatre robots à 24.000 euros pièce », précise Aymeric Barthes qui, à terme, compte passer par des réseaux de revendeurs de matériel agricole.
« Nous espérons lever 500.000 euros sur la plate-forme de crowdfunding SmartAngels.fr, destinée aux investisseurs qui voudront prendre des participations au capital de l'entreprise. »
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