Les assistants personnels intelligents simplifient la vie

Par Eliane Kan  |   |  979  mots
L'assistant Google Home
La personnalisation des services est en cours afin de faciliter le quotidien des particuliers. Tant dans leur vie domestique que dans leurs loisirs ou leur parcours d'apprentissage.

L'année 2018 verra le grand décollage en France des assistants personnels intelligents (API). La vague a démarré cet été avec la vente de l'enceinte Google Home. Pilotée uniquement par la voix, celle-ci libère l'utilisateur de son smartphone ou de sa télécommande. Il suffit de lui dire « OK Google » pour rechercher sur Internet des informations, diffuser de la musique mais aussi baisser les volets ou éteindre la lumière grâce à des équipements connectés. Idem, d'ailleurs, pour les enceintes Echo qui embarquent l'API Alexa d'Amazon, dont la distribution est attendue pour 2018. D'autres vont suivre, comme le HomePod d'Apple, qui lorgne lui aussi vers le marché des API (matériels, logiciels et services) estimé par le cabinet Tractica à 15,8 milliards de dollars en 2021, contre 2 milliards de dollars en 2016.

Les pannes diagnostiquées

À moyen terme, l'API ira un cran plus loin. Il anticipera ce que nous attendons de lui pour faciliter notre vie à la maison mais aussi à bord de l'automobile, sachant qu'Amazon a déjà noué un partenariat avec Ford.

« En analysant notre mode de vie et nos habitudes, l'AIP nous aidera à mieux anticiper, estime Bertrand Copigneaux, consultant senior à l'Idate, le think tank européen spécialisé dans l'économie numérique. Par exemple, selon l'endroit où se trouve l'utilisateur, il sera averti que c'est le moment de partir pour ne pas rater l'avion. »

La prochaine étape sera sûrement de nous procurer des billets d'avion au meilleur prix tout en tenant compte de nos goûts et des contraintes de notre agenda - à condition de le tenir à jour !

L'intelligence artificielle promet aussi d'améliorer les interventions à domicile. Un domaine sur lequel opère HomeServe, un groupe international. Sa filiale française, présente depuis quinze ans dans l'Hexagone, compte 1 million de clients qu'elle met en relation avec 3.000 plombiers, électriciens et chauffagistes. Chaque année, ces derniers réalisent quelque 116.000 interventions qu'ils documentent depuis janvier dernier avec des photos transmises via leur application smartphone. Ces images sont transmises aux serveurs de HomeServe. L'enjeu est d'enrichir une base de connaissances qui permettra, à terme, d'affiner les diagnostics établis par Tom, un chatbot (agent conversationnel) autoapprenant.

Premier du genre dans le domaine du dépannage à domicile, cet assistant virtuel est en place depuis cet été. Il aide les clients à autodiagnostiquer leur problème pour souscrire à la bonne prestation.

« Nous avons codéveloppé notre chatbot accessible via Facebook Messenger ou sur le site depannetmoi.fr, en partenariat avec la startup Recast. AI », indique Linda Ghodbani, responsable de l'innovation et du digital à HomeServe.

La prochaine étape sera d'aider les clients à affiner leur diagnostic en envoyant une photo de leur panne. Celle-ci sera alors traitée par un algorithme de reconnaissance d'image qui la comparera avec les 17.000 photos transmises par les professionnels du réseau HomeServe.

« Nous espérons lancer cette offre dès l'an prochain », indique Linda Ghodbani.

Bien sûr, l'intelligence artificielle ne se limite pas à la résolution de nos problèmes domestiques. Elle a aussi un impact sur nos loisirs. En témoigne la startup française Ask Mona qui propose un chatbot fonctionnant sur Facebook Messenger. Sur la base des conversations échangées avec l'IA, ses 20.000 utilisateurs reçoivent des recommandations de sorties culturelles. Dans une exposition, ils pourront faire appel aux ressources de Mona en lui envoyant la photo des oeuvres qu'ils souhaitent mieux connaître.

« Quel que soit l'angle de la prise de vue, l'oeuvre d'art sera reconnue et l'internaute recevra en temps réel le contenu associé », fait valoir Valentin Schmite, cofondateur d'Ask Mona, qui fournit des solutions de médiation aux lieux culturels.

Les assistants intelligents ne se limitent pas aux loisirs. Ils vont même de plus en plus s'intéresser à l'éducation de nos enfants, comme en témoigne l'adaptive learning, qui vise à ajuster les apprentissages en fonction des besoins de l'élève. Ce marché croît de 30 % par an, selon le cabinet Wiseguy. Parmi les nouveaux acteurs, la startup française Lalilo créée en 2016 par trois ingénieurs statisticiens diplômés de l'École polytechnique.

« Avec le linguiste Bruno Germain, nous avons développé une application qui, depuis septembre dernier, aide les élèves de CP à apprendre à lire en personnalisant leur parcours d'apprentissage », explique Laurent Jolie, un des cofondateurs.

Une aide à l'apprentissage

Grâce au machine learning, leur application adapte dynamiquement le contenu et la difficulté des exercices au niveau des élèves. Le travail de ces derniers est suivi en direct par le professeur, qui peut intervenir prioritairement auprès de ceux qui rencontrent des difficultés. L'offre séduit. Proposée en mode SaaS (location à la demande sur Internet) auprès des établissements, elle a déjà convaincu plus de 1 000 professeurs.

« La prochaine étape est de mettre la reconnaissance vocale au service de la lecture à haute voix pour améliorer encore les performances des élèves », indique le cofondateur de l'entreprise, qui compte 15 collaborateurs, dont 7 ingénieurs et docteurs en intelligence artificielle.

Pour financer ses développements, la startup vient de lever 1,6 million d'euros auprès d'investisseurs privés.

Les outils d'apprentissage adaptatifs intéressent aussi les lycées et les universités, les centres de formation professionnelle et même les entreprises. Certaines ont d'ailleurs déjà sauté le pas, comme en témoignent la Banque de France et Castorama, qui ont adopté la plateforme de Domoscio. Cette startup combine le big data et le machine learning pour proposer à chaque personne un contenu personnalisé. Point fort : ils ont développé un moteur d'alerte qui prévient les responsables RH ou les professeurs qu'un élève a besoin d'une intervention humaine.

« Nous personnalisons le parcours d'apprentissage et le séquencement des activités en nous appuyant sur un contenu existant, indique Ivan Ostrowicz, PDG et cofondateur de l'entreprise. Notre solution contribue à motiver davantage les élèves, car ils apprennent uniquement ce dont ils ont besoin. »