L'intelligence artificielle pourrait accentuer la fracture numérique, selon McKinsey

Par latribune.fr  |   |  566  mots
L'intelligence artificielle devrait gonfler de 1,2% par an la croissance mondiale en moyenne jusqu'en 2030. (Crédits : Reuters)
S'il ne fait aucun doute que l'intelligence artificielle va booster la croissance économique mondiale, elle risque aussi de creuser les écarts de richesse entre les pays, les entreprises et les travailleurs, indique un rapport du cabinet de consultants américain McKinsey.

L'intelligence artificielle accentuera-t-elle la fracture numérique? Un récent rapport du cabinet de consultants américain McKinsey, intitulé "Modeling the impact of AI on the world economy" le pense fortement. Selon l'étude, l'IA, qui transformera en profondeur notre société - "comme la vapeur au XIXe siècle" -, devrait gonfler de 1,2% par an la croissance mondiale en moyenne jusqu'en 2030, avec une forte accélération entre 2025 et 2030.

Mais les pays les plus avancés en matière d'adoption des technologies de l'intelligence artificielle (principalement des économies développées) devraient retirer d'ici 2030 des bénéfices nettement supérieurs à ceux des économies émergentes.

Des incidences contrastées sur le PIB

D'une manière générale, les économies développées les plus avancées dans ces techniques pourraient capter "20% à 25%" de la richesse produite, contre "5% à 15%" pour les pays en développement. La Suède, par exemple, verrait son PIB augmenter de 4% d'ici 2025, contre (seulement) 1% pour la Zambie. Et plus on avance dans le temps, plus l'écart se creuse : à l'horizon 2030, "ce différentiel sera porté à 24% pour la Suède contre seulement 5% pour la Zambie".

Mais la course n'est toutefois pas perdue d'avance pour les économies émergentes, "si elles choisissent très tôt d'investir massivement la recherche et le développement dans ce domaine".

Des salaires qui pourraient "stagner, voire baisser" pour les travailleurs aux tâches répétitives

McKinsey fait un diagnostic semblable de renforcement potentiel des écarts pour les entreprises - celles qui se lancent dans l'intelligence artificielle et celles qui seraient lentes à s'y intéresser -, et pour les individus.

Les travailleurs aux tâches répétitives et/ou nécessitant de faibles compétences numériques, pourraient voir leurs salaires "stagner, voire baisser". A l'inverse, une partie de la masse salariale globale (13%) basculerait vers les travailleurs aux tâches non répétitives et aux fortes compétences numériques. Mais là encore, "des mesures peuvent être prises pour gérer la transition", estime le document.

En outre, l'étude de McKinsey cassent aussi les idées reçues selon lesquelles l'adoption et l'absorption de l'IA dans les entreprises supprimerait des postes et augmenterait le taux de chômage. D'après le scénario envisagé par McKinsey, la demande globale d'emploi, équivalent temps plein, pourrait rester stable, voire diminuer légèrement d'ici 2030.

La France bien positionnée

En mars dernier, Emmanuel Macron avait dévoilé sa politique en matière d'intelligence artificielle, que l'Etat soutiendra à hauteur de 1,5 milliard d'euros jusqu'à 2022. Et pour cause : la France est en retard sur ce secteur, contrairement à la Chine et les Etats-Unis. Coup de fouet à la recherche, ouverture des données de santé, cadre réglementaire incitatif... les mesures retenues ont été directement inspirées par les conclusions du rapport du député et mathématicien LREM Cédric Villani pour qui l'intelligence artificielle revêt un enjeu de souveraineté.

Le rapport du cabinet de consultants américain McKinsey estime que le pays est "bien positionné pour tirer profit du développement de l'intelligence artificielle".

Comme d'autres économies développées, la France "pâtit d'un tassement de ses gains de productivité depuis plusieurs années et d'un coût du travail élevé, qui constituent autant de facteurs structurels militant en faveur d'une plus forte exploitation du potentiel économique de l'IA par l'ensemble de ses acteurs économiques", selon McKinsey.

(avec AFP)