Colonies, le WeWork français du "coliving", reçoit 180 millions d'euros

Un an après avoir levé 11 millions d'euros, Colonies réussit une méga-levée de fonds de 180 millions d'euros pour ouvrir une centaine de résidences de "coliving" (habitat partagé) et populariser en France et en Europe ce mode de vie à mi-chemin entre la colocation et l'appartement individuel. Le fonds LBO injecte à lui seul 150 millions d'euros sous forme de projets immobiliers.
Sylvain Rolland
Une résidence de Colonies à Paris Saint-Lazare.
Une résidence de Colonies à Paris Saint-Lazare. (Crédits : Colonies)

Accélération spectaculaire pour Colonies. Trois ans à peine après sa création et un an après une première levée de fonds de 11 millions d'euros, le champion français du coliving, ce mode de vie à mi-chemin entre l'intimité de l'appartement individuel et la sociabilité de la colocation, annonce mercredi 4 mars le succès d'un nouveau tour de table massif de 180 millions d'euros. Le fonds d'investissement LBO France mène l'opération en injectant à lui seul 150 millions d'euros sous forme de projets immobiliers dans la startup fondée par Alexandre Martin, Amaury Courbon et François Roth. Les investisseurs historiques Idinvest Partners, Global Founders Capital et La Financière Saint James, remettent de leur côté directement en fonds propres 30 millions d'euros.

Lire aussi : French Tech : déjà 4 méga-levées de fonds en 2020... autant qu'en 2019 !

Une petite bulle d'intimité, de grandes parties communes, de la technologie et des services : la recette gagnante de Colonies

Concrètement, Colonies imagine, conçoit et gère des "résidences hybrides" pour le compte d'un investisseur immobilier ou d'un promoteur. Comme dans un logement individuel, chaque locataire dispose de sa propre "bulle d'intimité", composée d'une chambre, d'une salle de bain, de toilettes et d'une kitchenette. En revanche, le salon et la cuisine sont communs à l'ensemble des résidents, comme dans une colocation. "Chaque résidence est conçue avec des architectes et des designers, afin de maximiser l'espace et proposer le plus grand confort possible", précise le CEO Alexandre Martin.

Comme le fait son cousin éloigné WeWork, champion mondial du coworking, Colonies complète son offre de coliving avec de nombreux services et une touche de technologies. Du côté des services, le loyer inclut l'accès à Internet, les charges (eau, électricité, gaz), le ménage hebdomadaire ou encore la location de vélos ou de trottinettes pour les trajets quotidiens. Du côté technologique, toutes les démarches sont dématérialisées grâce à une plateforme en ligne, de la réservation du logement à la signature électronique du bail, en passant par le dépôt de garantie. Une application mobile permet aussi de communiquer avec la communauté et même de recevoir une clé électronique pour ouvrir l'accès au logement avec son smartphone.

Cinq résidences sont déjà opérationnelles dont trois en France (Paris 20è, Fontainebleau et Noisy-le-Grand) et deux à Berlin. La levée de fonds va permettre d'en sortir de terre une cinquantaine en 2020, et une centaine en tout, à Paris, Marseille, Bordeaux, Genève ou encore Berlin. A chaque fois, le même modèle économique : Colonies s'engage auprès du promoteur à lui reverser un loyer global fixé à l'avance, et s'occupe lui-même de trouver les locataires de chaque logement, de gérer les entrées et les sorties, l'entretien des parties communes (jusqu'à fournir le liquide vaisselle et le papier toilette) et les relations quotidiennes avec les occupants.

Lire aussi : Colonies, le WeWork français de l'habitat partagé, lève 11 millions d'euros

Un modèle à la WeWork... mais rentable

Autrement dit, Colonies se voit avant tout comme une plateforme technologique et une marque au concept modulable à l'infini, plutôt que comme un énième acteur de l'immobilier. Si les barrières à l'entrée sont faibles -de nombreux concurrents dans l'immobilier traditionnel ou des startups proposent des solutions de coliving-, Colonies se distingue par son approche de plateforme, qui lui permet de dupliquer très facilement sa recette, les nombreux services qu'elle propose aux locataires, et la crédibilité qu'elle a gagné grâce à ses premiers projets avec les acteurs de l'immobilier, qui la voient comme un prestataire.

"Nous ne sommes pas une foncière puisque nous n'avons pas la propriété des murs, mais nous travaillons avec les promoteurs et les investisseurs immobiliers. C'est cette crédibilité qui nous permet de lever autant d'argent", affirme Alexandre Martin. Pour eux, c'est du gagnant-gagnant car ce secteur est très archaïque : on répond à une demande sociétale croissante et on transforme l'expérience client en apportant de la modernité, des technologies et du service".

Contrairement à WeWork en revanche, qui a privilégié un modèle capitalistique et une expansion rapide partout dans le monde quitte à creuser ses déficits, Colonies s'impose la rentabilité sur chaque résidence. La startup prélève une marge -qu'elle n'a pas voulu révéler- sur les loyers des locataires... qui ne se sentent pas lésés puisqu'ils ont accès pour le prix d'un petit appartement dans le parc privé à un grand espace de vie partagé.

En hyper-croissance, Colonies a recruté trente personnes en 2019, pour un effectif de 38 personnes actuellement. En 2020, la startup compte recruter quarante nouveaux collaborateurs, en ciblant particulièrement les développeurs immobiliers, les architectes pour internaliser le design des logements, les projects managers et les profils tech.

Sylvain Rolland

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Commentaires 6
à écrit le 04/03/2020 à 20:56
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Les SCPI vont adorer. elles auront un petit 5%, qui va se traduire par un 2.5% net max. En face des loyers a plus de 1000€ en zone tendue...aucune barrière a l entrée donc pas très soutenable...je dis çà je dis rien

à écrit le 04/03/2020 à 17:37
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Impayables ces frogs, toujours à copier les anglo saxons c'est dingue.

le 05/03/2020 à 10:13
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Et leurs investisseurs se feront rincés de la même manière que les investisseurs de WeWork

à écrit le 04/03/2020 à 16:48
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En fait, c'est le système plus ou moins scénarisé par "Friends" entre 1994 et 2004. Bien avant, le partage d'appartements entre étudiants ou jeunes professionnels était également populaire en Grande-Bretagne.

à écrit le 04/03/2020 à 11:01
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....à suivre.....

à écrit le 04/03/2020 à 8:29
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Une sorte de kibbutz ?

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