Les petites sociétés méconnaissent le numérique

Près des deux tiers des TPE n'ont pas de site Internet. Et plus du tiers d'entre elles n'utilisent pas de messagerie électronique.
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Incroyable, à l'heure de Facebook et de Twitter. Mais vrai : près des deux tiers (62 %) des très petites entreprises françaises (TPE, moins de 20 salariés) ne disposent pas d'un site Internet, selon une récente étude de la Fédération des centres de gestion agréés et du Groupe Banque Populaire. « Cette proportion est spectaculaire, compte tenu du caractère incontournable d'Internet dans l'économie », s'alarme l'étude.

De fait, au cours des douze derniers mois, 41 % des Français ont utilisé la Toile pour s'informer sur des professionnels, d'après une enquête de TNS Sofres. Et pas moins de 27 millions de nos compatriotes ont effectué des achats sur le Net en 2010, soit un bond de 12 % par rapport à 2009, selon la Fédération du commerce électronique et de la vente à distance (Fevad).

Plus inquiétant encore, plus du tiers (36 %) des 2,3 millions de TPE françaises n'utilisent pas de messagerie électronique. Là encore, les auteurs de l'étude en restent pantois : « Cette proportion est énorme, en regard des mille et uns services que peut rendre le courrrier électronique, qu'il s'agisse des campagnes de marketing direct ou des commandes aux fournisseurs. » Et de s'interroger : « Les différents dispositifs publics semblent n'être pas parvenus à réduire le retard technologiques des petites entreprises. »

Parmi les dipositifs en question, le passeport pour l'économie numérique avait été mis en place début 2006 par le ministre des PME de l'époque, Renaud Dutreil. Il devait notamment permettre à 200.000 petites entreprises de bénéficier, d'ici à 2008, d'une initiation gratuite aux nouvelles technologies. Or Éric Besson, ministre de l'Industrie en charge de l'économie numérique, a reconnu, le 24 janvier dernier, à l'occasion du bilan annuel de la Fevad, que le passeport pour l'économie numérique avait aidé 170.000 PME seulement à se lancer dans le numérique, depuis sa création.

Pourquoi cette réticence des TPE à adopter les outils high-tech ? D'abord, les patrons de petites entreprises, qui doivent tout gérer eux-mêmes, sont débordés et n'ont pas forcément le temps de suivre les modules d'initiation aux nouvelles technologies proposés par le passeport pour l'économie numérique.

Atteindre le consommateur

Ensuite, il existe un frein psychologique. « Beaucoup trop d'entrepreneurs ne s'estiment pas concernés par Internet, alors que le web est devenu incontournable pour les entreprises, quelle que soit leur taille », explique Jean-Michel Yolin, vice-président de la section innovation et entreprises au ministère de l'Économie. « Les patrons de PME ne se rendent pas compte de la puissance prise par Internet dans les habitudes des consommateurs. Beaucoup pensent encore que le bouche à oreille, l'annuaire ou les petites annonces (sur papier) suffisent », renchérit la société Webformance, récemment créée par Publicis pour faciliter l'usage du numérique aux petites entreprises (« La Tribune » du 21 février).

Enfin, l'obstacle aux investissements des TPE dans la high-tech est également d'ordre financier, la santé des TPE françaises demeurant précaire.

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Commentaires 4
à écrit le 01/03/2011 à 12:53
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est-ce si étonnant que le vendeur de kebab, le marchand de chaussure, le libraire ou la boulangère n'ait pas de site internet ou de boite mail ?

à écrit le 28/02/2011 à 21:40
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Ce qui est le plus incroyable c'est le retard de la france en dévelopement du réseau nous sommes un des pays les moins avancés dans ce domaine . Baucoup d'entreprises sont dans des zones industrielles rurales et n'ont toujours qu'un bout de cuivre...

à écrit le 28/02/2011 à 10:44
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Un site Internent pour beaucoup de TPE ne sert à rien. Quel est l'intérêt pour le petit commerce de proximité, par exemple ? Un site nécessite l'achat de mots clés d'un coût prohibitif pour une TPE, et le référencement naturel est une fumisterie qu...

à écrit le 24/02/2011 à 13:55
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C'est vrai que le courrier électronique rend de grands services. Ceci étant, je passe maintenant au moins 1/3 de mon temps au travail à lire, trier, virer, répondre à mes courriels, au détriment de mon travail "productif" !!

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