Sale temps pour Google

La justice américaine a rejeté le projet d'accord avec les éditeurs et auteurs américains. Et c'est tout le projet de bibliothèque universelle, cher à Larry Page et Sergey Brin, qui tombe à l'eau. Google a perdu plus de cinq ans avec cette procédure. Mais il réfléchit déjà à la suite.
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C'est une mauvaise semaine pour Google. Lundi, la CNIL (Commission nationale de l'Informatique et des libertés) publiait sa décision sur une amende record infligée au moteur de recherche pour l'affaire de collecte de données privées de Street View. Mardi soir, c'est la justice américaine qui rejetait le projet d'accord entre Google et les éditeurs et auteurs américains.

Cette décision enterre le projet de bibliothèque numérique universelle que le groupe américain comptait mettre sur pied dès l'accord validé. Cela faisait plus de 5 ans que Google était l'arme au pied, prêt à dégainer son projet.

Des extraits proposés gratuitement dans Google Livres

A l'origine, était une plainte déposée en 2005 par les syndicats d'auteurs et d'éditeurs américains contre la numérisation sans autorisation préalable de nombreux ouvrages sous droit. Google, dans le cadre d'accord avec des bibliothèques universitaires, avait lancé son programme de numérisation de livres. Il les indexait alors dans son moteur de recherche et en proposait gratuitement de cours extraits dans son service « Google Livres ».

Pour mettre fin aux procédures, une transaction est intervenue il y a deux ans. Dans cet accord, Google versait 125 millions de dollars aux plaignants en réparation du préjudice passé. Mais surtout, le terrain était dégagé pour la suite du projet avec le droit pour Google de poursuivre la numérisation et la mise en ligne d'extraits d'ouvrages, à moins que les ayants droit ne s'y opposent.

Pour le juge, Google va "tout simplement trop loin"

C'est la distinction entre « opt in », les personnes choisissent de faire partie du projet, et « opt out », elles choisissent de s'en exclure. Le juge new-yorkais Denny Chin, écrit justement dans sa décision de rejet qu'un accord de numérisation basé sur l'opt out « irait tout simplement trop loin ».

Pour la justice américaine, le projet d'accord entre Google et le monde américain du livre risquait de donner au moteur de recherche un avantage concurrentiel considérable.

Péché d'orgueil

Pour le groupe de Larry Page et Sergey Brin, c'est un sérieux revers. Que de temps perdu dans cette bataille, sans doute par péché d'orgueil. En prenant le monde du livre par surprise (sans négociation préalable) et de haut (en faisant un beau chèque pour obtenir la paix), les équipes de Mountain View ont commis deux erreurs.

Mais Google sait aussi apprendre vite de ses erreurs. L'accord conclu en novembre avec le français Hachette en témoigne. Le moteur de recherche devrait ainsi pouvoir proposer en ligne quelque 50.000 références épuisées, mais toujours sous droit chez Hachette. Un accord négocié par les équipes parisiennes de Google, notamment Philippe Colombet, et qui devrait servir désormais de référence. D'autres éditeurs français et étrangers sont actuellement en négociation avec Google sur des bases similaires.

 

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