Mieux vaut se méfier des idées reçues. Groupon ne mériterait pas la piètre réputation qu'il traîne sur la Toile. « 77 % de ses clients en sont satisfaits. C'est un bon score », note Jean-Michel Cagin, associé chez OC&C, en s'appuyant sur une étude menée par ce cabinet de conseil auprès de 600 clients et 130 commerçants ayant proposé une offre à prix cassé sur le site américain de vente en ligne Groupon. « Et, en moyenne, 90 % des commerçants déclarent avoir obtenu ce qu'ils attendaient des deals Groupon ; 65 % d'entre eux envisagent de recommencer », ajoute OC&C.
Cette étude bat en brèche l'idée répandue selon laquelle Groupon déçoit ses utilisateurs et essorent ses partenaires, petits restaurateurs et esthéticiennes en mal de clients. « Cette réputation peut s'expliquer par notre rythme de croissance », indique à « La Tribune » Frank Zorn, président de Groupon en France. En à peine dix-huit mois, le site ouvert dans 40 villes de France est devenu, c'est selon, la coqueluche du Web ou le concurrent à abattre. Car, alimentée par une newsletter quotidienne, son audience s'envole : 7,5 millions de personnes se connectent à Groupon.fr chaque mois, selon Mediamétrie. C'est plus que sur Sncf.com ou Fnac.com, deux dinosaures du Web tricolore. Son modèle économique et sa force de vente estimée à 200 personnes en France inquiètent les régies publicitaires de la presse quotidienne régionale. « Car, Groupon s'apparente à un investissement publicitaire dont on peut immédiatement estimer le retour sur investissement de manière tangible », observe Michel Sasportes, associé chez OC&C. Bref, son modèle serait « mécaniquement solide ». Le cabinet estime qu'il générerait 200 millions d'euros de ventes en France. Groupon n'a pas souhaité commenter ce chiffre.
« Jusqu'où ira Groupon ? » s'interroge maintenant OC&C. Sera-ce un feu de paille ? Ou une « success-story » à la Google ? Trois ans après sa création, le site aux 115,7 millions de membres n'a toujours pas dégagé de bénéfices. Mais, alors qu'il serait candidat à une introduction en Bourse, sa valorisation atteindrait déjà près de 20 milliards de dollars. « Soit plus 10 fois son chiffre d'affaires », s'étrangle Jean-Michel Cagin.
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