Internet : Bruxelles recule sur le traité anticontrefaçon

La Commission a décidé de saisir la Cour de justice européenne pour avis sur l'ACTA, ce texte de défense de la propriété intellectuelle très controversé qui devait passer devant le Parlement de Strasbourg le 1er mars. Plusieurs pays s'étaient refusés à la ratifier.
La commissaire Viviane Reding a pris ses distances avec l'ACTA.

Manifestations dans plusieurs grandes villes, campagnes sur les réseaux sociaux, mais surtout refus de signer ou réserves de plusieurs pays membres, dont l'Allemagne, la Pologne, la Bulgarie, la Slovaquie, la Lituanie, l'Estonie, Chypre et la République tchèque : face à l'ampleur de la contestation des défenseurs de la liberté de l'Internet, la Commission européenne a décidé mercredi de saisir la Cour de justice de l'Union afin de vérifier si l'accord international sur la contrefaçon (ACTA) ne viole pas des droits fondamentaux. « Nous avons l'intention de demander à la plus haute Cour en Europe si Acta est d'une manière ou d'une autre incompatible avec les droits fondamentaux et les libertés fondamentales de l'Union européenne, comme la liberté d'expression, d'information, la protection des données et le droit de propriété intellectuelle », a expliqué le commissaire au Commerce, Karel De Gucht. Ce qui devrait repousser de plusieurs mois l'éventuelle adoption du texte.

La Commission elle-même divisée

Négocié entre l'Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, Singapour, la Corée du Sud, le Maroc, le Mexique et la Suisse, l'ACTA vise à lutter contre la contrefaçon dans tous les domaines, du téléchargement illégal de contenus sur Internet aux médicaments, aux produits de luxe et autres. Ce sont en particulier les dispositions concernant les fournisseurs d'accès à Internet, invités à coopérer avec les autorités nationales dans la lutte contre le piratage, par exemple en coupant l'accès des utilisateurs qui auraient téléchargé illégalement des films ou de la musique, qui ont suscité les craintes les plus vives. Même au sein de la Commission, le texte a créé des divisions. Ainsi la commissaire à la Justice, Viviane Reding, a pris ses distances, estimant que le droit de la propriété intellectuelle ne constitue « pas un droit fondamental absolu » et ne devait pas servir de « justification pour éliminer la liberté d'expression. »
 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 24/02/2012 à 13:31
Signaler
Il s'agit d'une ruse de la Commission Européenne, qui déplace le débat sur le terrain juridique parce que le terrain politique est devenu dangereux. Mais, même si la Cour de Justice de l'Union Européenne venait à considérer que le traité ACTA était j...

à écrit le 23/02/2012 à 13:07
Signaler
Bizarre ... Car avec les informations de swift disponibles sur l'Europe, l'UE s'était bien couchée. Swift devenu arme de guerre contre la Syrie, d'ailleurs. Cela risque donc de faire comme pour SWIFT : on renâcle pour le principe, mais on se couche.

à écrit le 23/02/2012 à 12:19
Signaler
Fumisterie! Bruxelles saisit la Cours de Justice Européenne pour avis, comme s'il s'agissait d'une institution représentative des peuples. Que la Commission fasse un référendum. Mais bien sûr elle ne le fera pas, pas plus qu'elle n'a fait de campag...

à écrit le 23/02/2012 à 11:02
Signaler
ACTA, SOPA, la "déclaration des droits" (déclaration au rabais) que propose Obama, ce ne sont que des moyens pour permettre aux américains d'imposer leur "loi" du plus fort, c'est une atteinte totale à non seulement la liberté et l'intégrité des indi...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.