Chine : les entreprises contraintes de "respecter les règles du jeu"

De nombreuses entreprises, notamment américaines, ont été mises à la porte du domaine internet chinois ces dernières années. Car pour pouvoir prospérer dans l'Empire du Milieu, il faut suivre les règles imposées par le gouvernement...
Difficile de naviguer sur internet en Chine en tenant compte des centaines de sites et de mots clés censurés. Parmi eux, les mots "dictature", "persécution", "démocratie", ou encore "droits de l’homme" et "génocide" sont introuvables.

"Jouer selon leurs propres règles et censurer une part de son contenu, ou ne pas jouer du tout" : voilà à quoi il faut s'attendre sur le domaine internet chinois selon le journal Quartz. De nombreuses entreprises qui ont essayé ont d'ailleurs perdu, ou tout bonnement, se sont fait exclure du jeu. En 2009, la Chine a bloqué Facebook et Twitter d'internet. Un an après, Google y retirait ses services de recherche après un "hack" du gouvernement chinois.

Et même si ces trois sociétés sont "amenées à faire leurs retours", d'autres entreprises américaines ont réussi à s'installer en Chine ces dernières années, "avec un peu plus de stabilité que leurs prédécesseurs", assure le journal.

La solution implique un sacrifice qui consiste à donner la main au gouvernement chinois sur le contrôle de ses données, et en contre-partie, il acceptera de vous donner les clés du marché :

"Si vous voulez développer une entreprise sur Internet en Chine actuellement, vous devez être prêt à travailler avec le gouvernement chinois, même si cela signifie la censure de ses contenus ou le partage de l'accès à vos données," a déclaré Ben Cavender, directeur à la China Market Research Group.

La coopération synonyme de réussite ?

Linkedin, le réseau social centré sur l'emploi, a également admis ouvertement qu'il censurait une partie de son contenu en Chine.

Après le démarrage, en février 2014, du site autonome en mandarin de Linkedin en Chine, l'entreprise a commencé à stocker les données de ses utilisateurs. Peu de temps après, un journaliste australien, Fergus Ryan, a découvert qu'elle censurait son contenu en Chine, et le contenu des chinois à l'étranger. LinkedIn a ensuite dû modifier sa politique, très légèrement, puisqu'ils ont seulement décidé de n'appliquer la censure de contenu qu'en Chine, et non à l'extérieur.

Le PDG de LinkedIn, Jeff Wiener, a été franc à propos de la façon dont il acceptait la censure en Chine, pour lui c'est un simple compromis pour une entreprise qui essaie de s'y développer.

«Nous sommes fortement en faveur de la liberté d'expression et nous sommes opposés à la censure", a-t-il pourtant assuré au Wall Street Journal. "Mais la censure va être nécessaire pour nous permettre d'atteindre ce que nous aimerions être en mesure de fournir à nos membres", a-t-il poursuivi.

Et finalement, sa tactique semble avoir payé. En Juin 2014, la société a affirmé avoir augmenté son chiffre d'affaires en Asie-Pacifique de 64% à 46 millions de dollars.

Pour espérer son expansion en Chine, mieux vaut être du côté de Pékin

En dépit de sa tendance à provoquer des manifestations, la désormais fameuse entreprise de VTC, Uber, semble elle aussi avoir réussi à assimiler certaines des règles du jeu dont le maître est le gouvernement chinois.

À peine un an après son arrivée, Travis Kalanick, le PDG d'Uber, qui affirme que sa société réaliserait environ 1 million de promenades quotidiennes à travers la Chine (bien que certains croient que ce nombre est gonflé), a récemment trouvé un investisseur de taille et un partenariat avec Baidu (le premier moteur de recherche chinois), et "a même demandé 1 milliards de dollars pour financer son expansion dans le pays", assure Quartz.

De plus, Uber a rapidement compris que pour y entamer son expansion, il fallait clairement être d'un côté, et pas de l'autre. Lorsque des manifestations ont éclaté à Hangzhou et Guangzhou , deux villes au sud du pays, Uber a déclaré qu'ils s'opposaient à celle-ci... Ils seraient même allés jusqu'à suivre leurs chauffeurs via leur système GPS, et auraient menacés de les licencier si ils s'approchaient des villes qui manifestaient.

En dépit de tout cela, Uber, comme LinkedIn, stocke également les données de ses utilisateurs chinois. Cela signifie que le gouvernement chinois peut avoir accès aux mouvements des utilisateurs et des chauffeurs de l'entreprise. Mais au moins, dans le cas d'Uber, sa politique de confidentialité ne semble pas être trop différente de celle qu'elle applique aux États-Unis, qui attire déjà beaucoup de critiques, en témoigne le quotidien.

Idéalisme ou croissance ?

Les entreprises, même celles qui ont été "black-listées" s'entêtent cependant à faire partie du marché chinois. Facebook aurait d'ailleurs ouvert un bureau à Pékin il y a peu de temps. Google, quant à lui, est déterminé à travailler sur un "app store" pour le marché chinois... en somme un autre moyen d'atteindre les consommateurs sans compter sur son moteur de recherche. Une question d'idéalisme, ou simplement de croissance, se demande le journal.

Quoi qu'il en soit, "Google a décidé de prendre une autre position, et ils se sont insérés de manière efficace sur le marché". Les entreprises doivent donc se demander, "quelle est l'importance du marché chinois pour notre croissance et quel est notre point de vue sur le long terme quant à ce qu'il faut y faire ?", conclue le site d'information.

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Commentaire 1
à écrit le 30/06/2015 à 9:55
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J'ai l'impression que l'auteur de cet article ne comprends que bien peu le business des Google et autres web giants. Bien sur que Facebook a un bureau en Chine. Les clients de Facebook ne sont pas les membres inscrits sur son reseau, mais les entrepr...

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