Chine, Russie... Pourquoi parle-t-on des VPN, ces logiciels anti-censure ?

Alors que la Chine a interdit en janvier les VPN, la Russie a suivi le mouvement ce week-end. Objectif : empêcher les internautes de contourner la censure instaurée sur leur territoire.
Anaïs Cherif
Un VPN (an anglais, "Virtual Private Network") est une technologie permettant de relier deux systèmes informatiques à distance via un "tunnel" virtuel.

■ Qu'est-ce qu'un VPN ?

Cet acronyme commence à faire parler de lui. Un VPN désigne un "Virtual Private Network" (en français, réseau privé virtuel). Grâce à Internet, cette technologie permet de relier deux systèmes informatiques à distance via un "tunnel" virtuel. Les deux systèmes informatiques peuvent donc se trouver dans deux pays différents. Par exemple, "Internet vous voit alors connecté depuis la Suède et non depuis le pays" où les sites web sont censurés, explique We Fight Censorship, un projet de Reporters sans frontières lancé pour lutter contre la censure et promouvoir la circulation de l'information.

Généralement chiffré, un VPN permet de protéger les communications entre un point A et un point B. Les logiciels permettant d'utiliser ces VPN peuvent se trouver sur Internet ou sur les boutiques d'applications en ligne pour smartphones, "pour environ 5 euros par mois", selon Reporters sans frontières.

■ Pourquoi la Chine et la Russie interdisent ces VPN ?

Si les VPN sont souvent utilisés dans les réseaux d'entreprises, ils permettent aussi aux particuliers de contourner la censure instaurée sur Internet. Ainsi, de nombreux intellectuels et dissidents chinois utilisent des VPN pour publier sur Facebook, Twitter ou YouTube depuis l'intérieur du pays. Alors que la Chine compte le plus grand nombre d'internautes au monde - 731 millions fin 2016 - le pays est réputé pour sa politique de censure, connue sous le nom de "Great Firewall of China" (en français, Grande Muraille électronique de Chine).

La Chine a été le premier pays à restreindre drastiquement l'utilisation de VPN en janvier dernier. Pékin oblige les fournisseurs d'accès à se soumettre à une autorisation officielle pour créer ou louer des "lignes de communication spéciales (dont les VPN)", indiquait le ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information. Le marché des fournisseurs d'accès a connu une croissance rapide et les "premiers signes de développement anarchique apparaissent, créant un besoin urgent de réglementation", justifiait le régime communiste avec cette campagne de "mise en ordre". Le 11 juillet, la Chine a demandé aux entreprises de télécommunications de fermer tout accès aux VPN avant le 1er février 2018. Un mouvement qui a été imité ce week-end par son voisin russe.

Le président russe Vladimir Poutine a promulgué la loi interdisant l'utilisation en Russie des "anonymizers", services web qui permettent d'accéder de manière anonyme à des sites bloqués dans le pays. Celle-ci avait été approuvée par le parlement russe fin juillet et doit entrer en vigueur le 1er novembre. L'agence russe de surveillance des télécommunications Roskomnadzor sera chargée d'établir la liste des services d'anonymisation et sera autorisée à les bloquer dans le pays, s'ils ne respectent pas cette interdiction, précise la loi.

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■ Pourquoi Apple est visé par les critiques ?

Le géant de la Silicon Valley est accusé de céder à la censure. En cause : Apple a supprimé dimanche de son App Store en Chine des VPN. "On nous a demandé de supprimer certaines applications VPN en Chine qui ne respectaient pas les nouvelles réglementations", affirme Apple dans un communiqué, relayé par TechCrunch. "Ces applications restent disponibles dans tous les autres marchés où elles existent."

Deux fournisseurs majeurs, ExpressVPN et StarVPN, ont annoncé samedi qu'Apple les avait informés que leurs produits n'étaient désormais plus disponibles en Chine. Les deux entreprises ont dénoncé cette décision. "Nous sommes déçus par cette décision, qui représente la mesure la plus drastique que le gouvernement chinois a prise à ce jour pour bloquer l'utilisation des VPN, et nous sommes troublés de voir Apple aider la Chine dans ses efforts de censure", écrit dans un communiqué ExpressVPN. De son côté, StarVPN a dénoncé sur Twitter un "précédent très dangereux qui peut conduire à des mouvements similaires dans des pays comme les Emirats arabes unis, etc. où les gouvernements contrôlent l'accès à Internet".

Ce n'est pas la première fois qu'Apple essuie ce genre de critiques. En janvier, la firme à la pomme croquée a supprimé de son App Store l'application du New York Times sur la demande des autorités locales. Il faut dire que Pékin est un marché primordial pour Apple, puisque le pays est son deuxième marché, derrière les Etats-Unis.

(Avec AFP)

Anaïs Cherif

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Commentaire 1
à écrit le 18/08/2017 à 11:35
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Pour info, il reste certains fournisseurs de serveurs vpn sur Hong Kong qui ne lâcheront pas l'affaire. Et d'autres s'y mettent en force pour bypasser le Great Firewall of China (NordVPN est le dernier en date). Plus d'informations à jour ici https:/...

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