La Corée du Nord financerait ses armes de destruction massive grâce au banditisme sur internet

Par Michelle Nichols, Reuters  |   |  458  mots
À Séoul, le 31 juillet 2019, des Sud-coréens regardent à la télévision un reportage sur la Corée du Nord qui tire des missiles balistiques à courte portée. (Crédits : Reuters)
Comment trouver de l'argent pour ses programmes d'armement de destruction massive (nucléaire et autres missiles balistiques) quand vos exportations sont boycottées par la communauté internationale ? Selon un rapport de l'ONU, Pyongyang aurait trouvé la solution: le cambriolage numérique institutionnalisé. Pilotées par les services de renseignement, les cyberattaques des hackers nord-coréens contre des banques et des plateformes de cryptomonnaies auraient permis de rafler quelque 2 milliards de dollars.

La Corée du Nord a récolté environ 2 milliards de dollars pour ses programmes d'armement de destruction massive grâce à des cyberattaques visant des banques ou des plateformes de cryptomonnaies, selon un rapport des Nations unies que Reuters a consulté lundi dernier.

Le pays a également "continué à améliorer ses programmes d'armement nucléaire et de missiles même s'il n'a pas effectué de test nucléaire ou de lancement de missile balistique intercontinental", ajoute ce document rédigé par un groupe d'experts indépendants et remis la semaine dernière au comité des sanctions du Conseil de sécurité sur la Corée du Nord.

La mission nord-coréenne à l'ONU n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Selon le rapport, la Corée du Nord a "utilisé le cyberespace pour lancer des attaques de plus en plus sophistiquées visant à dérober des fonds aux institutions financières et aux plateformes de cryptomonnaie" et pour recycler l'argent volé.

"Les cyberacteurs de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont beaucoup opèrent sous la direction du Bureau général de reconnaissance (services de renseignement nord-coréens, Ndlr), ont levé des fonds pour les programmes d'AMD (armements de destruction massive), pour un montant total estimé à ce jour à 2 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros)", dit le texte.

La Corée du Nord est visée par des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies depuis son premier test nucléaire en 2006.

L'ONU interdit à Pyongyang toute exportation de charbon, fer, plomb, textile et fruits de mer et limite ses importations de pétrole et de produits pétroliers raffinés, en espérant ainsi assécher le financement de son programme d'armement nucléaire et de missiles balistiques.

La dénucléarisation de la Corée du Nord toujours au point mort

Le président américain Donald Trump a rencontré à trois reprises en un an le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, la dernière fois en juin dernier, lorsque les deux hommes ont promis de relancer les discussions en vue d'une dénucléarisation de la Corée du Nord. Ces discussions n'ont pas repris depuis.

La Corée du Nord a entre-temps effectué des essais de missiles à courte portée en l'espace de huit jours, fin juillet et début août.

Dans leur rapport, les experts mandatés par le comité des sanctions estiment qu'en dépit des efforts diplomatiques, leurs "investigations montrent des violations répétées" des sanctions de l'ONU par la Corée du Nord.

"À titre d'exemple, la RPDC a continuer de violer les sanctions par des transbordements illicites de marchandises et par l'achat de biens liés aux AMD et de produits de luxe", écrivent-ils.