Musique : pour la première fois, le streaming dépasse les ventes physiques en France

Après une décennie morose, le marché de la musique enregistrée en France retrouve des couleurs depuis 2016 tiré par le streaming. Pour la première fois en 2018, le chiffre d'affaires généré par le numérique (301 millions d'euros) a dépassé celui des ventes physiques (289 millions d'euros).
Anaïs Cherif
Pour la troisième année consécutive, le marché de la musique enregistrée en France présente toujours une tendance positive avec une croissance de 1,8% en 2018.
Pour la troisième année consécutive, le marché de la musique enregistrée en France présente toujours une tendance positive avec une croissance de 1,8% en 2018. (Crédits : Charles Platiau)

Le marché de la musique enregistrée en France poursuit son embellie. Pour la troisième année consécutive, le secteur présente toujours une tendance positive avec une croissance de 1,8% en 2018. Mais celle-ci est plus faible que les années précédentes, avec une croissance de 3,9% en 2017 et 5,4% en 2016. Au total, le marché de la musique enregistrée a généré 735 millions d'euros en France en 2018, selon le rapport annuel du Snep (Syndicat national de l'édition phonographique) publié ce jeudi 14 mars.

Dans le détail, les ventes physiques et numériques ont engendré un chiffre d'affaires de 590 millions d'euros, ce qui correspond aux performances réalisées en 2011. Mais le Snep se dit "prudent". Si le marché reprend des couleurs depuis 2016 après une décennie morose, il reste encore loin des scores affichés au début des années 2000. En effet, les 590 millions d'euros générés cette année représentent seulement 40% des revenus enregistrés en 2002.

5,5 millions de Français abonnés à un service de streaming

Fait notable : pour la première fois, le chiffre d'affaires généré par le numérique (301 millions d'euros) a dépassé celui des ventes physiques (289 millions d'euros). Il représente désormais 57% des ventes globales, contre 41% en 2017. Cette augmentation est attribuée à la croissance du streaming (+ 26%), dopée par les abonnements aux services audio payants dominés par Spotify, Apple Music, Deezer ou encore Qobuz en France. Les revenus générés par les abonnements (+ 23% sur un an) sont désormais la première source de revenus de la musique enregistrée. Ils génèrent 41% des ventes de musique, contre 8% il y a cinq ans.

Aujourd'hui, « près d'un consommateur de musique sur deux (46%) utilise un service de streaming audio », selon le Snep.

Parmi eux, 5,5 millions de Français sont désormais abonnés à un service audio payant, contre 4,4 millions en 2018. Cette progression soutenue ne permet pas au streaming de rattraper son retard par rapport aux pays voisins. Car les français se convertissent plus lentement à l'offre payante que les Américains, les Britanniques ou les Allemands.

« Au Royaume-Uni, alors que la population est sensiblement inférieure à la notre, il y a 8,3 millions d'abonnés. Cela montre que nous avons des marges importantes de progression. La montée en puissance des consommateurs payants est donc l'un des principaux enjeux de l'industrie. Peut-être faudrait-il développer davantage les offres familiales et étudiantes », estime Alexandre Lasch, directeur général du Snep.

Streaming : la France à la traîne par rapport aux voisins européens

« Le taux de pénétration du streaming audio en France est de 10% quand il grimpe à 25% pour certains pays européens. Et je n'ai pas d'explication pour justifier ce retard. Avons-nous suffisamment démocratisé le streaming ? Le grand public a-t-il compris l'intérêt de s'abonner ? Cela va être un vrai défi pour pouvoir poursuivre la croissance du secteur », estime Olivier Nusse, président du Snep et Pdg d'Universal Music France.

En comparaison avec le streaming vidéo, l'audio est aussi loin de rivaliser. En début d'année, Netflix a annoncé avoir franchi à lui seul la barre des 5 millions d'abonnés en France, seulement quatre ans et demi après son arrivée dans l'Hexagone, alors que Deezer s'est lancé en 2007.

« C'est bizarre car généralement les Français adoptent rapidement les nouveaux usages. Cela montre que nous devons faire un travail de pédagogie avec l'ensemble des plateformes et des majors pour promouvoir le streaming audio », juge Alexis de Gemini, Pdg France de Deezer

Percée du vinyle, avec 4 millions d'exemplaires vendus

Sans surprise, les ventes physiques continuent de perdre du terrain (-15% sur un an). Elles ont tout de même généré 256 millions d'euros, ce qui représente 43% des ventes de musique. Si les CDs continuent d'être boudés, les vinyles poursuivent leur percée. Près de 4 millions d'exemplaires se sont écoulés en France en 2018. Les ventes ont ainsi quintuplé en cinq ans. Les galettes noires représentent désormais 20% du marché physique.

« Couplée à la progression du nombre d'abonnés en streaming, cette résilience des supports physiques illustre le retour du consentement à payer sur le marché de la musique enregistrée », souligne le rapport du Snep.

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 15/03/2019 à 8:48
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Je n'achète que des CD en dur, ai gardé mes vinyles et la platine Dual à entrainement direct (lui avait fabriqué une interface RIAA interne (cellule magnétique) pour pouvoir la brancher sur tout ampli, radio banal). La TVA à l'époque dite 'de luxe' ...

à écrit le 15/03/2019 à 8:33
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Tiré par internet surtout, prenons ne serait ce que quelques années de recul et constatons comme le nombre de créations musicales du fait de youtube a explosé ou du moins sont bien plus visibles. Moi qui aime la musique et la suivait de près je n...

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