Startups : Hopwork, le Airbnb des indépendants, lève 5 millions d'euros

La plateforme française de mise en relation entre entreprises et travailleurs indépendants réussit une deuxième levée de fonds de 5 millions d'euros auprès de Serena Capital et de son investisseur historique, le fonds Isai. Avec l'ambition de doubler sa masse salariale et de s'implanter dans d'autres pays européens.
Sylvain Rolland
En trois ans, Hopwork a réussi à s'imposer comme la plateforme de référence pour les travailleurs indépendants dans le digital. 35.000 "freelance" sont inscrits sur la plateforme, qui recrute 2.500 nouveaux travailleurs tous les mois.

Dans le nouveau monde connecté, il existe des plateformes en ligne pour tout : pour s'informer (Google, Facebook), pour acheter (Amazon), pour commander un moyen de transport (Uber et consorts), pour se loger (Aibnb), pour se faire livrer des repas (Deliveroo), pour rencontrer des partenaires amoureux et sexuels (Tinder) ... et même pour trouver du travail quand on est freelance. C'est sur ce dernier créneau que prospère Hopwork, startup française créée en 2013 par Vincent Huguet, Hugo Lassiège et Jean-Baptiste Lemée.

Loin de l'agitation médiatique de la French Tech, cette plateforme de mise en relation entre entreprises et travailleurs indépendants fait, doucement mais sûrement, son petit bout de chemin. Et après 1,5 millions d'euros levés en mai 2015 auprès du fonds Isai, elle annonce ce jeudi 15 décembre la réussite d'un deuxième tour de table, de 5 millions, toujours avec Isai mais mené par le fonds Serena Capital.

35.000 freelance, 18.000 entreprises

En trois ans, Hopwork a réussi à s'imposer comme la plateforme de référence pour les travailleurs indépendants dans le digital. 35.000 freelance sont inscrits sur le site, qui recrute 2.500 nouveaux travailleurs tous les mois. La plupart sont des profils très qualifiés, qui ont choisi l'indépendance comme mode de vie après un passage dans le salariat.

40% d'entre eux sont des développeurs web ou mobile ainsi que d'autres professionnels de l'informatique, 30% travaillent dans les métiers de l'image (webdesigners, directeurs artistiques, photographes, illustrateurs...) et 30% s'illustrent dans les métiers du conseil, de la communication et du marketing. "Ce sont des profils très demandés, notre plateforme leur offre du travail sur un plateau quand ils en ont besoin, de manière facilitée et sécurisée", revendique Vincent Huguet, le directeur général.

De leur côté, les 18.000 entreprises inscrites y trouvent la main d'oeuvre dont elles ont besoin pour des missions ponctuelles, qui durent en moyenne une quinzaine de jours (bien que certaines peuvent s'étendre sur plus d'un an). Hopwork effectue la mise en relation en fonction des critères définis par le demandeur (profil, expérience, localisation...), moulinés par un algorithme maison qui met en avant les profils qui "matcheront" le mieux. La grande majorité des entreprises qui ont recours au service sont des startups et des TPE, mais 40% du chiffre d'affaires vient du "CAC 40 élargi": des grands groupes qui profitent aussi des freelance pour améliorer leur culture digitale.

Les devis, la facturation et le paiement se font en ligne, de manière sécurisée, ce qui rassure à la fois les freelance -qui seront payés en temps et en heure- et les entreprises -qui ont l'assurance de trouver des travailleurs qualifiés et en règle. Hopwork se rémunère par une commission sur la transaction : 10% de la facture les trois premiers mois, 5% ensuite.

Airbnb et Blablacar comme modèles

Ce système gagnant-gagnant a déjà été éprouvé par la plupart des plateformes de mise en relation existantes. Plus compétitive que les SSII concurrentes, plus qualitative que les sites qui proposent des "enchères inversées" Hopwork reproduit le modèle d'Airbnb, de Blablacar ou encore d'Uber en l'adaptant aux spécificités du travail indépendant.

Airbnb est d'ailleurs l'influence principale de Vincent Huguet. En 2009, l'entrepreneur a été l'un des premiers Français à mettre son appartement parisien sur le site Airbnb. Si bien qu'une délégation de la startup a choisi de dormir chez lui au moment de développer le marché français. "Airbnb m'a impressionné car ils ont repoussé le modèle de la marketplace en y intégrant de l'humain et du communautaire", explique l'entrepreneur.

Comme ses aînés, Hopwork a mis en place un système de notation, à la fois pour le travailleur et l'entreprise. "Le freelance joue sa réputation. Mieux il est noté, plus sa valeur monte. L'entreprise aussi a intérêt à se montrer réglo, car le travailleur est invité à donner son avis sur son expérience. Si elle a été mauvaise et qu'il n'ose pas le dire, il peut nous le signaler et au bout de deux mauvais retours, nous dégradons nous-même l'entreprise", précise Vincent Huguet.

Doubler le nombre d'employés, s'étendre en Europe

Agé de 41 ans, l'entrepreneur touche-à-tout (il a monté une entreprise de livraisons de fleurs au Mexique et fut le fondateur du site de cartes en ligne Dromadaire.com au tournant des années 2000) est un mélange de lièvre et de tortue. Son credo : avancer forcément rapidement (car c'est ainsi dans le monde des startups), mais faire les choses les unes après les autres, sereinement.

Ainsi, contrairement à un Uber ou à un Airbnb qui visent l'international d'entrée de jeu, Hopwork a préféré faire ses preuves localement. "Il faut travailler l'offre pour créer la demande. Tisser des réseaux, nous faire connaître dans chaque ville avec des événements. Cela demande du temps et des investissements, car notre modèle est profondément local", explique Vincent Huguet. Pour l'instant, Hopwork n'est présent qu'en France, dans une quinzaine de villes, et surtout en Ile-de-France, qui concentre 45% des freelance et deux tiers des entreprises.

L'argent de la deuxième levée de fonds va justement servir à l'expansion de la startup, qui compte consolider son leadership sur le marché français et débuter son expansion en Europe. Hopwork s'implantera à Madrid dès le premier semestre 2017, avant de viser les grandes villes du Benelux. Elle devrait également doubler sa masse salariale, pour passer d'une trentaine à une soixantaine d'employés. Le marché est colossal: la France compte 850.000 freelance, dont la moitié dans le digital, et l'Europe en dénombre neuf millions.

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 18/12/2016 à 11:32
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Enfin l'"innovation" que j'attendais. Je vaus virer mes 7 salariés et leur dire de passer par cette plateforme. Ca me coutera tellement moins cher et quelle flexibilité je récupère!!!! Code du travail à la poubelle.

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