Le Centre national du cinéma audité par la Cour des comptes

Le CNC est la cible d'une série d'enquêtes portant sur l'utilisation de son surcroît de recettes.
La Tribune Infographie/BHEDOUIN

Le budget du Centre national du cinéma (CNC), qui est en forte augmentation du fait de l'explosion des recettes apportées par les opérateurs des télécommunications, est l'objet de toutes les attentions. Le rapporteur du budget au Sénat Philippe Marini (UMP) a déposé mardi un amendement au collectif budgétaire allégeant de 30% cette contribution des télécoms au budget du CNC. Mais il propose aussi de reverser à l'Etat 10% des recettes du CNC jusqu'en 2014. Déjà, à l'automne, Philippe Marini a voulu amputer ce budget de 130 millions d'euros. Et au printemps, une mission de l'inspection générale des finances a demandé à l'établissement public de justifier ses demandes financières. Et la mission d'évaluation et de contrôle, une commission permanente de l'Assemblée nationale, doit aussi rendre son rapport d'ici la rentrée. Enfin, la Cour des comptes a débarqué il y a quelques mois. Interrogé, le CNC répond "être régulièrement audité par la Cour des comptes".

Si tout ce beau monde se penche sur son budget, c'est que "le CNC est plutôt en surfinancement qu'en sous-financement", a observé la semaine passée le président PS de la commission des finances de l'Assemblée, Jérôme Cahuzac, approuvé par le rapporteur UMP du budget Gilles Carrez. "On a trop d'argent...", confiait même il y a quelques mois un dirigeant du CNC.

Une "cagnotte" cachée ?

Pour ne rien arranger, le CNC s'est aussi lourdement trompé sur son budget 2010 : il avait prévu que les télécommunications lui verseraient 50 millions d'euros, et il a finalement reçu 180 millions. Au total, il a perçu 30% de recettes supplémentaires (soit 178 millions d'euros) par rapport au budget prévu. Parallèlement, ses dépenses ont été inférieures de 19% (161 millions d'euros). Ces écarts n'ont été rendus publics que ce mois-ci, au détour d'un rapport sommaire de quatre pages sur l'exécution du budget 2010. Certains se demandent donc si l'établissement public n'a pas minoré à dessein ses prévisions de recettes pour masquer son opulence. Mais le CNC répond que ses prévisions étaient délibérément prudentes, et basées sur les prévisions fournies par les opérateurs télécoms eux-mêmes.

Une fois engrangés, ces excédents restent dans les réserves de l'établissement public, qui refuse toutefois de communiquer le montant de cette "cagnotte".

Dernier élément troublant : au fur et à mesure qu'apparaît un surcroît de recettes, le CNC fait apparaître en face un surcroît de dépenses. Ainsi, à Cannes, il avait été annoncé que le CNC consacrerait 50 millions d'euros à la numérisation de films. La semaine dernière, dans un argumentaire, le CNC parle de 150 millions. Et devant les députés, le président Eric Garandeau a réclamé 500 millions d'euros sur cinq ans pour la numérisation, dont 380 millions pour les films. "Le CNC a 10 millions de bobines à inventorier et à numériser. Si nous voulons tout numériser de manière exhaustive, il nous faudra plusieurs centaines de millions", répond le Centre.

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Commentaire 1
à écrit le 09/07/2011 à 10:06
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C'est une bonne nouvelle, car toute l'action culturelle du CNC est sous-financée, et les associations qui oeuvrent pour l'émergence des jeunes talents, voient leur budget en simple reconduction quant ils ne sont pas en réduction. Le cnc devrait alors...

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