Dix ans après sa "renaissance", c'est l'heure du bilan pour RMC

Par Jason Wiels  |   |  729  mots
Alain Weill, président de NextRadio TV, la maison-mère de RMC Copyright Reuters
Depuis son rachat par le groupe NextRadio TV en décembre 2000, la station a enregistré une forte croissance. Aujourd'hui, elle ne cache plus ses ambitions de renouer avec la gloire passée des années 70 et affiche ses succès.

L'histoire de RMC (ex Radio Monte-Carlo), c'est un peu celle de l'équipe de France de football : la gloire, la décadence puis le come-back, petit à petit. Après quatre décennies de succès, au début des années 2000, la station franco-monégasque n'est plus que l'ombre d'elle-même. Résultats en berne (1,9% d'audience cumulée), exsangue financièrement, tiraillée entre son identité régionale et des ambitions nationales : la radio est au bord du gouffre. C'est Alain Weill, qui, avec son nouveau groupe NextRadio TV, reprend la station en main et relance la formule. La grille des programmes reposera désormais sur trois piliers : "info", "talk" et "sport".

A la conquête du « jeune mâle urbain »

Le moins que le puisse dire, c'est qu'en l'espace d'une décennie, la relance de la maison RMC a été plutôt un succès. De moins d'un million d'auditeurs pour la saison 2000-2001, la station multiplie presque par quatre son audience, à 3,6 millions pour 2010-2011. Frank Lanoux, son directeur général, vante ainsi une hausse quasi-ininterrompue de l'audience en dix ans. "Quasi", car la dernière vague Médiamétrie indique le premier reflux de la station, en glissement annuel, à 6,7% d'audience cumulée, contre 6,8% au printemps 2010, période dopée par la Coupe du Monde de football et ses rebondissements ahurissants.

Qu'importe ce premier coup d'arrêt infligé à une croissance jusque-là insolente, on ne cache pas ses envies à la direction : 7 voire 8 points dans les prochaines années, c'est un objectif tout à fait réaliste. "Nous avons construit notre succès sur un nouveau genre, un nouveau style. On a ouvert une nouvelle voie dans le monde des radios généralistes, on n'a copié personne" commente Frank Lanoux.

Outre ses programmes, c'est aussi le public de la radio qui a complètement été chamboulé. Autrefois plutôt âgé et habitant la côte d'Azur, on écoute aujourd'hui presque autant RMC au nord qu'au sud, et l'audience est la plus jeune parmi les grandes radios généralistes - 57% de moins de 50 ans. La prépondérance des programmes sportifs séduit en majorité des hommes, plutôt urbains, ce qui fait des femmes la prochaine "cible à atteindre" pour la chaîne.

Autre chantier à mener à bien, la mise en place de fréquences sur l'ensemble du territoire. En octobre, RMC devrait enfin être diffusé dans toute la Lorraine, l'Alsace et la région Rhône-Alpes. Il lui manquera pourtant encore dix-huit agglomérations de plus de 100.000 habitants, là où la concurrence, le service public notamment, dispose d'un réseau radiophonique plus abouti.

Bourdin, fer de lance de la station

S'il y a bien une figure incontournable quand on évoque l'histoire récente de RMC, c'est celle de Jean-Jacques Bourdin. "C'est lui qui incarne le mieux la station" a lâché Frank Lanoux mardi pendant la présentation des résultats annuels. L'intéressé baisse les yeux : il n'aime pas être dans la lumière. Enfin, hors de son métier. Un travail qu'il abat avec entrain depuis dix ans à la tête de la matinale, de 6h00 à 10h00. Un petit record dans la profession.

Avec ses questions justes, parfois chocs, il a pu être taxé de "populiste". Une accusation qui l'indiffère : "je ne donne jamais de leçons à personne, j'estime donc que je n'en ai pas à recevoir […] J'essaye de rendre la radio active, de faire réagir. Il faut que les gens puissent dire : "avec cela je suis d'accord ou pas d'accord"."

Même quand il demande à ses auditeurs de se prononcer sur l'éventuelle culpabilité de Dominique Strauss-Kahn, ce mardi - avec mise en demeure du CSA à la clé, pour ne pas avoir respecté "un traitement mesuré des affaires judiciaires en cours" ? L'animateur reconnaît que "ce fut une erreur. La seule de ce genre, je pense, en dix ans. D'ailleurs, on n'a reçu que 400 SMS, un score vraiment moyen", ironise-t-il.

L'animateur star ne se voit d'ailleurs plus changer d'employeur, après avoir refusé cette année une place de chroniqueur chez Laurent Ruquier, le samedi soir. Une précédente expérience sur TF1, l'a peut-être refroidi : son émission n'avait pas trouvé son public. Pour lui, c'est justement "parce que l'équipe à la tête de RMC est stable depuis dix ans" que la station a pu renouer avec un certain succès.