Lagardère : une situation financière personnelle délicate

Par Jamal Henni  |   |  392  mots
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Sa dette dépasse les 400 millions d'euros.

Pour plusieurs analystes financiers, le programme de cessions engagé par Arnaud Lagardère poursuit un objectif : redistribuer à terme l'argent ainsi récolté aux actionnaires, à commencer par le premier d'entre eux, lui-même. L'héritier détient en effet 9,6 % du capital du groupe via la société Lagardère Capital & Management (LCM) qu'il contrôle à hauteur de 99 %.

La distribution d'un superdividende permettrait de desserrer l'étau financier qui étreint Arnaud Lagardère depuis plusieurs années. Son problème est simple : sa dette est apparemment plus importante que la valeur de ses actifs. En effet, LCM supporte une dette de 434 millions d'euros, selon ses comptes sociaux 2009 (les derniers déposés). Depuis, la situation a sans doute peu évolué, LCM ayant seulement touché les dividendes versés par Lagardère (16,4 millions d'euros par an). En face, la participation de l'héritier dans son groupe vaut hélas moins : environ 360 millions d'euros actuellement, après avoir atteint un point bas de 258 millions d'euros en mars 2009.

Comment Arnaud Lagardère en est-il arrivé là ? C'est bien simple : en 2005 et 2007, il a doublé sa participation dans son groupe, passant de 5,5 % à 10,3 % du capital. Mais ces actions ont été achetées en s'endettant auprès de BNP Paribas et Calyon. Problème, ces opérations se sont faites à des cours quasiment deux fois plus élevés qu'aujourd'hui. Ces crédits bancaires s'élevaient à 404 millions d'euros à fin 2009. Et, en garantie de ces crédits, le cogérant a nanti la quasi-totalité de son paquet d'actions Lagardère. Selon plusieurs sources, les clauses de ces crédits permettaient aux banques d'exiger un remboursement si le cours de l'action tombait en dessous d'un seuil plancher.

Et ce plancher aurait été franchi en mars 2009 lorsque le cours avait atteint son plus-bas. À l'époque, la dette de LCM était encore plus élevée : 544,5 millions à fin 2008, soit le double de la valeur du paquet d'actions Lagardère en mars 2009. Les banques n'avaient alors apparemment pas exigé de remboursement immédiat : « Cela ne se fait pas avec des clients de cette envergure », dit un créancier.

À l'été 2009, Arnaud Lagardère s'est donné un peu d'oxygène en vendant par anticipation des instruments de couverture (« puts ») assis sur ses actions. Il a ainsi récolté 109 millions d'euros, allégeant d'autant sa dette. Interrogé sur ces questions, le groupe n'a pas souhaité nous répondre.