La stratégie de Rémy Pfimlin pour régler la mire de France Télévisions

Le patron de France Télévisions a redéfini l'identité de chaque chaîne du groupe. Il mise sur les nouveaux programmes pour redresser l'audience.
La Tribune Infographie/BHEDOUIN

Micro accroché à la veste, Rémy Pfimlin, arrivé il y a un an à la tête de France Télévisions, a en véritable animateur de télé, tenté d'imprimer sa marque. Il fallait bien un monologue fleuve de plus d'une heure pour justifier les audiences en dents de scie de France 2 et France 3, faire oublier les bides de l'été, avec l'éphémère « Étoffe des champions », animé par Raymond Domenech, et « tracer le cap ». Ces douze derniers mois, Rémy Pfimlin s'est attaché à définir la « notion de service public », et surtout, à attribuer une identité propre à chaque chaîne, afin que chacune soit complémentaire. « Il ne s'agit pas de rajeunir l'audience, mais de l'élargir », a-t-il expliqué.

« France 2, c'est la chaîne référence au sein de la famille, moderne, de son temps », a assuré le PDG. France 3 doit jouer « la proximité, le bien commun autour de programmes liés à l'histoire ». France 4 cible la jeunesse. « Les 20 à 30 ans sont une population difficile à capter », a expliqué le président. France 5 fait son beurre sur « le décryptage, la curiosité, le documentaire » tandis que France O « s'ouvre sur de nouvelles cultures ». Pour mettre en musique ce discours, la grille de rentrée comprend « 100 nouveaux programmes », dont 50 au niveau national et 50 en région et outre Mer, et fait place à « une trentaine de nouveaux visages ». Des soirées cinéma notamment sur France 3 avec Frédéric Taddéi le jeudi soir font leur retour. Les documentaires, « un genre roi à France Télévisions », sont mis à l'honneur, notamment avec la création de « Document interdit », sur France 3 le lundi soir. Peut-être pour lever le doute sur une supposée emprise qu'aurait l'Élysée sur France Télévisions, Rémy Pfimlin a expliqué « qu'une charte mettant en avant l'indépendance et la pluralité des opinions » était sur le point d'être éditée.

coût-audience catastrophique

À quelques mois de la présidentielle, « Mots croisés », l'émission d'information présentée par Yves Calvi, devient hebdomadaire, et « Des Paroles et des Actes », de David Pujadas prend un rythme mensuel. Le public sera-t-il satifait ? France 3, qui avait pourtant fait l'objet d'une rénovation avec de nouvelles émissions, frôle dangereusement la barre des 10 % de part d'audience. Et les émissions comme celle de Laurent Boyer à l'heure du déjeuner se sont avérées d'un rapport coût-audience catastrophique. Sanction cet été : le directeur des programmes, Pierre Sled, réputé proche de Nicolas Sarkozy, a été mis sous la tutelle de Thierry Langlois. Dans son discours fleuve, Rémy Pfimlin n'a pas mentionné la nouvelle émission de Cyril Viguier, dont l'arrivée au sein de la chaîne pour animer les soirées du vendredi, fait polémique (« La Tribune » du 11 juillet). « L'inquiétude de l'été, notamment sur France 3, n'est pas dissipée », indique Jean-François Téaldi, secrétaire-général du SNJ-CGT. Visant un horizon plus lointain, Rémy Pfimlin a largement insisté sur les investissements dans la fiction : 420 millions d'euros, (3 % du chiffre d'affaires) contre 365 millions d'euros jusque là. « C'est 50 % de la création audiovisuelle. Nous avons travaillé à la rénovation de la fiction pour développer des séries, industrialisées et exportables, qui seront à l'antenne d'ici un ou deux ans », a indiqué Rémy Pfimlin.

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