Vivendi cherche à bénéficier encore trois ans de son régime de faveur

Contrairement à ce que certains avaient affirmé, Vivendi n'a pas renoncé la niche fiscale dont il bénéficie. Le groupe a demandé à Bercy de pouvoir en bénéficier jusqu'à fin 2014.
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Mi-juillet, alors que battait son plein la polémique sur la faiblesse des impôts payés par les grandes entreprises, certains avaient affirmé que Vivendi allait renoncer à sa niche fiscale. En réalité, il n'en n'est rien. Le groupe a déposé à Bercy une demande pour utiliser jusqu'à fin 2014 le régime du «bénéfice mondial consolidé» (BMC), qui devait en théorie expirer fin 2011. Mercredi, le directeur financier Philippe Capron a déclaré aux analystes financiers: «nous avons demandé un renouvellement du BMC en juin dernier. A ce jour, nous n'avons rien vu dans les diverses annonces du gouvernement disant que ce régime allait disparaître. Nous nous attendons donc à ce que notre agrément soit renouvelé, probablement début 2012 ».

Historiquement, Bercy semble avoir toujours approuvé les demandes de renouvellement, même s'il a le pouvoir de dire non. Selon Hervé Israel, avocat associé chez Hogan Lovells, « le BMC - comme son renouvellement - n'est pas un droit pour les entreprises, mais il est discrétionnaire : Bercy choisit de l'octroyer ou pas en fonction des bénéfices attendus pour l'économie française ».

Le BMC ne semble pas menacé en cette période de chasse aux niches fiscales. Il est notamment épargné par les deux derniers rapports sur les niches : celui de l'Inspection générale des finances, et celui du rapporteur général du budget Gilles Carrez (UMP). Aujourd'hui, le BMC n'est plus utilisé que par 5 entreprises, dont Vivendi, Total (pour qui l'impact est faible ou défavorable), NRJ et EuroMedia. En pratique, Vivendi représente la quasi-totalité du coût de cette niche (94 % en 2008).

En pratique, le BMC permet d'intégrer fiscalement toutes les filiales détenues à plus de 50 % en France et à l'étranger. Cela permet de déduire les pertes des filiales étrangères des bénéfices des filiales les plus rentables, comme SFR ou Maroc Telecom.

Vivendi bénéfice du BMC depuis 2005, et a en retour pris des engagements de création d'emplois en France. Concrètement, le fisc verse ainsi chaque année au groupe un chèque d'environ un demi-milliard d'euros en remboursement des impôts déjà payés par ses filiales. Vivendi aura ainsi récupéré 3,3 milliards entre 2005 et 2011. Et, au titre de 2012, le BMC pourrait encore rapporter jusqu'à un milliard supplémentaire. En effet, les comptes du premier semestre 2011 intègrent un produit d'impôt de 504 millions, qui incluent « 50 % de l'économie d'impôt attendue au titre de l'exercice 2012 », indiquent les comptes. Interrogé, Vivendi s'est refusé à tout commentaire.

Jamal Henni

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Commentaires 4
à écrit le 04/09/2011 à 11:39
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Evidemment, il serait déplacé de faire un lien entre ce traitement de faveur et tout éventeul retour d'ascenceur (media possédés par vivendi aidant )en faveur du pouvoir en place, l'"état" fait annuellement un cadeau d'au moins 500 millions d'euros à...

à écrit le 03/09/2011 à 22:20
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Encore une fois la preuve que nous sommes dans une économie réglementée et dirigiste. Allez donc demander la même chose si vous n'avez aucun soutien. Et pourtant, ne nous bassine-t-on pas jour après jour avec l'équité? L'équité, c'est l'excuse pour...

à écrit le 03/09/2011 à 9:31
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oui, régime spécial pour payer les dividendes des fonds de pension américains actionnaires de Vivendi. C'est la tonte made in USA.

à écrit le 03/09/2011 à 8:45
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SFR c'est de l'arnaque! En plus il réabonne leurs clients de façon unilatérale et sans leur consentement et le tout sans communication de leur part. Stupeur lorsqu'on s'en rend compte. On ne peux plus faire grand chose!

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