La liquidation du producteur Carrere tourne à la grande braderie

Toutes les filiales du numéro deux de la production française de fiction devraient être reprises par leur dirigeant-fondateur pour des sommes très faibles par rapport à leur valeur estimée.
NB: valorisation pour 100% du capital

Il y a un an, le tribunal de commerce de Bobigny plaçait en liquidation le groupe Carrere, deuxième producteur français de fiction. Le processus approche de son terme : une audience examinera le 6 septembre les offres de reprise déposées sur les 13 filiales du groupe. Parmi elles, de nombreux sociétés de valeur, comme Les Armateurs (« Kirikou »), Scarlett (« Clara Sheller »), Ego (« Une famille formidable »)... En général, chaque filiale est contrôlée à 51 % par le groupe Carrere, le solde étant détenu par le dirigeant-fondateur de chaque filiale.

Dans la quasi-totalité des cas, la seule offre de reprise émane du dirigeant-fondateur de la filiale, qui est donc assuré de l'emporter.

Pourtant, 53 groupes (dont des producteurs européens) ont regardé le dossier. Telfrance (le producteur de « Plus belle la vie ») a notamment étudié le dépôt d'une offre de reprise globale. Mais finalement aucun d'eux n'a été candidat. Explication : chaque dirigeant-fondateur possède un droit d'agrément sur le repreneur de sa société, et donc en pratique peut s'opposer à une offre qui ne lui plaît pas. « Les candidats ont expliqué que le risque était trop grand dès lors que les dirigeants de ces filiales étaient en même temps les producteurs », écrit le mandataire judiciaire Jacques Moyrand.

Résultat, les offres de reprises ont été très basses: 5,6 millions d'euros au total. Alors que, au printemps, deux experts avaient valorisé ces filiales à 39,5 millions. « Les offres ne sont globalement pas satisfaisantes par rapport à l'expertise », écrivait fin juillet le mandataire, qui « incitait les candidats à améliorer significativement leurs offres ».

Toutefois, trois cas échappent à cette règle. D'abord, deux offres ont été déposées sur Les Armateurs : l'une (400.000 euros) par Réginald de Guillebon; l'autre (600.000 euros) par Making Prod (« Les Invincibles »). La première offre, moins disante, a néanmoins reçu le soutien des dirigeants-fondateurs, ce qui a conduit l'autre candidat à jeter l'éponge.

Offre « irrecevable »

Autre cas particulier : GD Productions, la société de Guillaume Durand qui co-produit ses émissions « L'objet du scandale », « Face aux français »... Son chiffre d'affaires, généré par les animations de Guillaume Durand, a été divisé par 2,5 depuis 2007, pour tomber à 2,3 millions d'euros en 2010. Guillaume Durand a proposé, non pas de racheter la société, mais uniquement son catalogue, pour 5.000 euros. Mais cette offre a été jugée « irrecevable » par le mandataire, qui a expliqué ne pouvoir céder que le capital, et non un actif.

Le dossier le plus complexe reste celui de Carrere Droits Audiovisuels, la filiale qui commercialisait les productions du groupe, et qui est en redressement judiciaire depuis un an. Axel Carrere, fils du fondateur Claude Carrere, a proposé un plan de continuation. Mais l'administrateur judiciaire Bernard Houplain s'est déclaré « très réservé » sur ce plan, et le mandataire judiciaire Bertrand Jeanne a émis un avis « défavorable ».

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Commentaire 1
à écrit le 05/09/2011 à 12:36
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quelles magouilles;c'est scandaleux !!

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