Beaucoup de bruit pour rien. Lundi, l'Autorité des marchés financiers a annoncé que le fonds Qatar Holding venait de franchir, le 14 mars, le seuil des 10% des droits de vote du groupe Lagardère et détenait 12,83% du capital, ce qui en fait de loin le premier actionnaire. Mais le site de l'hebdomadaire patrimonial « Investir » a affirmé dans la foulée que « les détenteurs de titres Lagardère SCA de nationalité qatari possèdent 26,07% du capital », soit « plus d'un quart de la commandite », la structure juridique verrouillée de Lagardère (comme Hermès, Michelin, etc), en se fondant sur la base de données de l'agence financière Bloomberg. Soit plus du double que la participation officiellement déclarée, laquelle équivaut au cours actuel à 400 millions d'euros. Action de concert, montée rampante à la LVMH dans Hermès ? La place financière bruissait de rumeurs et de scénarios en tout genre, tandis que la direction de la communication du groupe propriétaire de Hachette, éditeur de "Paris-Match" et "Elle" mais aussi actionnaire à 7,4% d'EADS, se refusait à tout commentaire. Or dans son courrier à l'AMF, reçu lundi, la société Qatar Holding, basée à Doha, « contrôlée par Qatar Investment Authority qui est contrôlée par l'Etat du Qatar » a déclaré « agir seule. »

Pas de nomination au conseil de surveillance à ce stade
« C'est faux, c'est une erreur, d'après ce que disent les relations investisseurs de Lagardère » indique un analyste financier, qui suit depuis des années la valeur et a tenté de recoller les pièces du puzzle sans trouver ces 26%. « L'auteur de l'article a mal lu les données » explique une porte-parole de Bloomberg à Londres. « La participation de Qatar Holding est bien de 12,83%. Ces 26% correspondent au poids géographique de ces parts rapportées à toutes les participations déclarées » soit environ 50% du capital. Pourquoi la rumeur a-t-elle pris aussi facilement ? Qatar Holding n'a pas caché qu'elle « pourrait augmenter sa participation » dans son courrier à l'AMF. « Ils achètent sur le marché pour faire une moyenne à la baisse, ce n'est pas idiot, la valeur est décotée » avance un analyste. Le fonds qatari, qui s'intéresse beaucoup aux médias et à EADS mais dont la montée au capital est perçue comme amicale, a aussi réitéré qu'il envisageait « de proposer sa nomination au conseil de surveillance de la société Lagardère SCA », comme dans sa déclaration du 29 décembre dernier. Or une telle nomination nécessiterait d'être soumise au vote des actionnaires. Mais dans la convocation à l'assemblée générale qui se tiendra dans six semaines, jeudi 3 mai, au Carrousel du Louvre, les résolutions publiées au BALO vendredi dernier ne proposent pas de représentant du fonds qatari mais le renouvellement du mandat de trois membres et trois changements : Bernard Arnault laissera sa place à son fils Antoine Arnault, Helène Molinari (Medef) et Nathalie Andrieux (Mediapost) succéderont à Christian Marbach et Raymond Levy. Qatar Holding compte-t-il donc finalement patienter un an et attendre l'assemblée de 2013 ? L'agence de communication de Qatar Holding n'a pas répondu à nos appels. En attendant, Arnaud Largardère, dont la société Lagardère Capital & Management détenait 9,6% du capital mais 14% des droits de vote à fin décembre, a vendu en cinq blocs pour 8 millions d'euros d'actions, entre le 12 et le 16 mars, pour l'essentiel « dans le cadre d'un mandat de gestion programmé » selon les déclarations faites par le dirigeant à l'autorité de marché.