La presse israélienne à l'agonie

Le grand quotidien Haaretz n'a pas paru ce jeudi pour cause de grève. Des licenciements sont prévus, comme dans l'autre quotidien Maariv.
le siège de Maariv, à Tel Aviv. Copyright Reuters

La presse papier en Israël est entrée dans une phase d'agonie. Le Haaretz et le Maariv, deux des quatre quotidiens généralistes du pays perclus de dettes sont menacés de disparaître à court terme. Pour tenter de sauver les meubles, la direction du Haaretz, dont la version en anglais vendue avec le Herald Tribune, est considérée comme un des médias les plus influents dans le monde, a annoncé des licenciements de 100 des 400 employés et journalistes. En réaction, pour la première fois depuis 30 ans, le personnel s'est mis en grève et le journal n'est pas paru jeudi. Maariv, un quotidien populaire, se débat lui aussi pour survivre. Le groupe financier et industriel IDB s'en est débarrassé en le vendant à un groupe de presse très orienté à droite. Mais dans ce cas aussi des centaines de licenciements parmi les 2.000 salariés sont prévus.

Viabilité des médias papier en question

Ces difficultés ont relancé un débat sur la viabilité des médias papier. Le Haaretz a déjà engagé ce tournant en faisant payer l'accès d'un partie de son site Internet. Maariv dispose également d'une version sur la toile. Mais dans les deux cas, les rentrées sont insuffisantes pour couvrir les pertes du papier. Circonstance aggravante : les Israéliens longtemps considérés comme de véritables « papivores », ont perdu le réflexe d'acheter le quotidien le matin. De plus, comme le soulignent les experts financiers, les recettes publicitaires sont trop limitées dans ce petit pays de moins de 8 millions d'habitants pour alimenter quatre quotidiens généralistes, trois quotidiens économiques, trois chaînes de télévision nationales, une myriade de stations radios et de sites Internet.

Concurrence d'un quotidien gratuit


A cette liste de « fléaux », s'ajoute la concurrence « déloyale » de Israël Hayom ("Israël Aujourd'hui"). Depuis près de cinq ans, ce quotidien gratuit a précipité la chute de ses concurrents. Créé et financé à fonds perdu par Seldon Adelson, un magnat américain qui a fait fortune dans les casinos à Macao et La Vegas, ce quotidien veut contrer les « médias tous orientés à gauche » et soutenir sans réserve Benjamin Netanyahu, le Premier ministre. Pour ce journal, qui dispose de moyens apparemment illimités, la rentabilité n'est pas l'essentiel. Résultat : il se présente sous une version tabloïd semblable à celle du Maariv et du Yédiot Aharonot, le quotidien populaire le plus vendu. Grâce à un réseau de centaines de distributeurs omniprésents dans les rues, les transports en commun, les centres commerciaux, Israel Hayom, qui offre gratis une version magazine étoffée en fin de semaine, est devenu le quotidien le plus distribué du pays.

"Menace pour la démocratie" ?


Certains n'hésitent pas à parler de « menace pour la démocratie » d'autant que Seldon Adelson, qui est aussi le principal contributeur de la campagne du républicain Mitt Romney pour les présidentielles américaines projette de passer à l'offensive sur la toile en lançant bientôt une version Internet d'Israël Hayom. Pour compléter ce tableau, la « 10 » une chaîne de télévision privée considérée comme la plus « persifleuse » vis-à-vis du gouvernement Netanyahu est aussi menacée. Ses pertes sont telles qu'un de ses actionnaire Ron Lauder, un des héritiers du groupe de cosmétique américain Estée Lauder, à du verser le mois dernier 12 millions d'Euros pour sauver in extremis la chaîne qui vit sur la corde raide.

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Commentaire 1
à écrit le 23/10/2012 à 23:48
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Une menace pour la démocratie ? Grand Dieu les journaux n'ont qu'à prendre le virage du numérique au lieu de pleurer sur leurs mauvaises ventes ! La seule raison pour laquelle il n'y a pas la même situation en France c'est à cause de notre état qui f...

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