Fictions "made in France", pas si belle la vie

Par Charles de Laubier  |   |  371  mots
Plus belle la vie, ou la vie quotidienne du quartier marseillais du Mistral, s'approche de son 3000e épisode...
Le crédit d'impôt dont bénéficient tant les créations audiovisuelles que le cinéma ne suffit pas à donner de l'audace aux producteurs de séries. L'arrivée de Netflix provoque une vague d'autocritiques... constructives ?

« On ne fait pas assez de séries [...]. On est tous frileux, parce qu'on cherche les fictions qui marchent tout le temps. Or l'innovation, ça passe par des échecs, des erreurs », avait lancé Laurence Bachman, directrice générale adjointe de Telfrance, société productrice de la série télé "Plus belle la vie".

Également vice-présidente de la commission « fiction » à l'Union syndicale de la production audiovisuelle (Upsa), elle s'exprimait ainsi le 10 septembre dernier au Festival de la fiction TV de La Rochelle, soit quelques jours avant que Netflix ne débarque en France.

Les séries américaine toujours leader

Cette arrivée du champion américain de la fiction en vidéo à la demande par abonnement (SVOD) a déclenché une vague d'autocritiques dans le milieu de la production audiovisuelle française : « Manque de diversité », « Absence d'audace des producteurs », « Pas de prise de risque éditorial », « Décalage par rapport à la société française », « Censure sur certains sujets tabous », etc. Or Netflix - qui détient les droits exclusifs de séries françaises telles que Hemlock Grove, Narcos et F is for Family de Gaumont, Taxi Brooklyn d'EuropaCorp, ou encore Marseille de Federation Entertainment - pourrait sortir la production française de fictions de sa torpeur.

« Je veux faire de la France une championne de la fiction, afin de porter l'ambition du rayonnement de la création française dans le monde », a déclaré Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, lors de son audition à l'Assemblée nationale le 14 octobre, en citant comme exemple « la consécration des séries françaises comme Les Revenants ou Braquo » (séries produites respectivement par Haut et Court, et Capa Drama).

Car si la France tire son épingle du jeu dans les films d'animation, elle reste en revanche trop timorée dans les séries malgré quelques succès - comme actuellement Fais pas ci, fais pas ça d'Elephant - et le dispositif de crédit d'impôt mis en place il y a dix ans : selon nos calculs, les séries françaises ont touché 73,8 millions d'euros en 2013, répartis à quasi-parts égales entre crédit d'impôt « Cinéma » et crédit d'impôt « Audiovisuel ».