Jean-Michel Quatrepoint, la rigueur et l'engagement

Par Eric Marquis  |   |  305  mots
Jean-Michel Quatrepoint (Crédits : Govin Sorel / éditions Fayard)
Cofondateur de La Tribune avec Philippe Labarde et Jacques Jublin et Bruno Bertez, le journaliste économique Jean-Michel Quatrepoint est décédé le 26 janvier. Après avoir travaillé au Monde, il a animé les rédactions de l'Agefi, de La Tribune, du Nouvel Économiste et de La Lettre A.

Spécialiste des rapports de force, notamment internationaux, très critique à l'égard de la mondialisation libérale, Jean-Michel Quatrepoint était classé parmi les « souverainistes », une sensibilité assez peu représentée dans la presse économique. « Il y a aussi des poissons volants, mais ce n'est pas la majorité de l'espèce » faisait dire Michel Audiard à Jean Gabin dans Le Président (1961).

Jean-Michel était sans cesse aux aguets, la curiosité insatiable. Dans Alstom, un scandale d'État (Fayard, 2015), il décryptait minutieusement la liquidation de la multinationale française. Puis, bien avant que le wokisme fasse la Une des journaux, il dénonçait la « tyrannie des minorités », dans Délivrez-nous du bien (avec Natacha Polony, L'Observatoire, 2018). Tout récemment, dans un entretien au Figaro (20-21 janvier 2024), il analysait la crise du modèle allemand et les similitudes avec la France. Et le matin même de sa disparition, il voyait dans l'effondrement de la natalité en France une conséquence du détricotage de la politique familiale, de la crise du logement et de la guerre en Ukraine (marianne.net, 26 janvier 2024)...

Ces dernières années, Jean-Michel Quatrepoint collaborait à l'hebdomadaire Marianne, dont, écrit Natacha Polony, il était « plus qu'un compagnon de route, un pilier. Il était pour sa directrice un ami, un maître et un père » (marianne.net, 27 janvier 2024). En 2015, il avait créé avec elle et quelques autres le comité Orwell, un collectif de journalistes défendant le pluralisme et la souveraineté.

Tous ceux qui ont croisé sa route se souviennent non seulement de son savoir encyclopédique mais aussi de son permanent souci de transmettre, en particulier à ses cadets dans la profession. Malgré son CV impressionnant, Jean-Michel Quatrepoint était toujours accessible : il n'avait pas la « grosse tête » comme on dit. C'était pour beaucoup un re-père.

Eric Marquis