Actual Leader group déploie un totem vélique pour attirer les talents

SÉRIE D'ÉTÉ - Marketing & voile 4/4 | Entré par la petite porte dans le sponsoring de la voile en 2001, Actual, spécialiste de l'emploi et de l'intérim, devenue en janvier dernier Actual Leader group s'est mué, au fil des années, en un acteur majeur de la classe Ultim (les grands multicoques). Avec une ambition : corréler les projets sportifs et d'entreprise pour optimiser les retombées.
Pour Samuel Tual, devenu Pdg d'Actual Leader group, une entité de 1.800 personnes (350 agences en France et 15 à l'étranger pour un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros), positionnée sur le marché de l'emploi et de l'intérim, il n'était pas question de lâcher le sponsoring dans la voile.
Pour Samuel Tual, devenu Pdg d'Actual Leader group, une entité de 1.800 personnes (350 agences en France et 15 à l'étranger pour un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros), positionnée sur le marché de l'emploi et de l'intérim, il n'était pas question de lâcher le sponsoring dans la voile. (Crédits : Ronan Gladu)

C'était un des points qui aurait pu faire capoter la fusion décidée en janvier dernier entre les groupes Actual et Leader. Pour Samuel Tual, devenu Pdg d'Actual Leader group, une entité de 1.800 personnes (350 agences en France et 15 à l'étranger pour un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros), positionnée sur le marché de l'emploi et de l'intérim, il n'était pas question de lâcher le sponsoring dans la voile. Et pour cause, depuis 2001, la démarche est intimement liée au développement de la société créée à Laval en 1991.

« Tous les dix ans, nous lançons un projet d'entreprise. En 2001, un peu par hasard, j'ai croisé le chemin d'Yves Le Blevec. On ne se connaissait pas. Lui rêvait de sa première transat. On a lui a donné un petit coup de main pour financer sa participation à la mini transat La Rochelle- Savaltor de Bahia », se souvient Samuel Tual.

Blevec

Yves le Blevec pose un auto-collant sur sa coque et finit cinquième. Avec sa quinzaine d'agences, la PME lavalloise réalise alors 45 millions d'euros de chiffres d'affaires. Deux ans et deux tours du monde plus tard à son actif, Yves Le Blevec revient voir le patron d'Actual.

« Je crois savoir quel bateau il faudrait pour gagner la mini-transat !», annonce le marin. « Là, ce n'est plus 50.000 francs, mais 150.000 euros ... », calcule le chef d'entreprise qui, finalement, dit banco.

S'en suivent deux années de conception et de construction. Yves Le Blevec repart sur la mini-transat et offre sa première victoire à Actual.

« C'était un moment très intense pour les équipes en interne », observe Samuel Tual. L'idée d'aller plus loin émerge.

« Au regard de notre taille, il nous fallait un support original qui nous distingue des Imoca, des class 40... ce qui nous a incité à construire un multi 50, plus accessible, plus rapide, et donc plus visible sur les courses. Là, ce n'était plus 150.000 euros, mais 1,5 million d'euros », esquisse le dirigeant d'Actual.

Avec Yves Le Blevec à la barre, le Mutli gagne la transat la Jacques Vabre, participe à la route du Rhum... « Succès et mésaventures émaillent ce partenariat engagé, riche en émotions ... ». Une navigation entre défi sportif et entrepreneurial.

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« Notre logique, c'est la fidélité et l'audace »

En 2011, l'entreprise s'est développée pour atteindre un réseau d'une centaine d'agences. Son chiffre d'affaires dépasse maintenant les 200 millions d'euros alors qu'elle écrit son nouveau projet d'entreprise pour la décennie à venir.

« Avec la volonté, là encore, d'aller un cran plus loin en entrant dans la catégorie Ultim où figurent Sodebo, Banque Populaire... », ajoute Samuel Tual.

Racheté au leader du traiteur en libre-service Sodebo, le navire d'ancienne génération, lancé pour battre le record du tour du monde à l'envers en solitaire, chavire et sombre au large du Cap Horn, un an plus tard. Sain et sauf, Yves Le Blevec est récupéré par les sauveteurs chiliens. Plutôt que de rester sur un échec, le sponsor se porte acquéreur du dernier Sodebo avec lequel Thomas Coville était passé sous la barre des 50 jours dans un tour du monde en solitaire (2016).

« On peut faire des coups en voile, mais nous, notre logique est plutôt de jouer la fidélité, de construire un partenariat sur un temps assez long et l'audace », indique Samuel Tual, dont le groupe vient de dépasser le milliard d'euros de chiffre d'affaires.

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C'est aussi l'histoire d'une rencontre entre des hommes qui partagent des valeurs communes.

« Pour nous, il est essentiel que le skipper incarne les valeurs du groupe. De l'autre côté, il faut que la discipline vous intéresse, mais ce n'est pas suffisant. En plus, il doit y avoir une vraie corrélation entre le projet sportif et le projet d'entreprise.  Corrélation de taille, de chiffres, d'investissement, de retombées attendues, du développement d'agences et de collaborateurs. C'est pourquoi l'histoire dure », observe le Pdg d'Actual Leader group.

Transformer l'échec de manière positive

« Bien sûr, au fur et à mesure de l'investissement, on attend des retombées proportionnelles », reconnait Samuel Tual.

En interne, ce partenariat a permis de regrouper les salariés disséminés sur 350 agences et de les fédérer autour d'un projet commun, considéré comme un totem qui mobilise les équipes. L'autre enjeu, pour le partenaire, c'est bien évidemment, les retombées liées à la communication externe.

« On les mesure, on les calibre... Suivant les années, selon les évènements, les retombées peuvent varier de x2 à x5. Les années de Route du rhum, c'est plutôt x3, si l'on a la chance de gagner une course on va plutôt vers x5 », précise le dirigeant d'Actual Leader group.

L'investissement annuel s'élève à 3 millions d'euros. Un budget qui, en dehors de l'acquisition du bateau et des moyens logistiques finance un team de huit permanents, réunis au sein de la filiale Actual Team.

« On essaie d'avoir le maximum de retour pour justifier ses investissements », dit-il.

Outre les retombées Media, les relations publiques sont elles aussi passées à la loupe.

« L'an dernier, on a pu apprécier de façon assez précise le chiffre d'affaires généré suite aux sorties en mer de nos clients. Ce n'est jamais constant, mais même dans les situations les plus critiques comme la perte d'un bateau, on réussit à exploiter l'évènement et transformer l'échec de façon positive », admet le patron mayennais.

Même si la perte d'un bateau, non assuré et non assurable, passe en pertes et profits.

« Faire du sponsoring sportif, c'est aussi un état d'esprit. Je dormirais mieux si je faisais de l'achat d'espace publicitaire. Le risque d'une pétouille sur une publicité est quand même moins important qu'un incident technique dans une course au large. Ça génère de grande satisfaction mais ça passe par des moments qui sont aussi plus compliqués. Il faut accepter ce principe-là », reconnait-il.

Un moyen d'attirer des talents dans les agences

Le terrien Samuel Tual a lui a appris les ficelles du Sponsoring « Voile » progressivement. Sans accompagnement particulier, si ce n'est lors d'échanges avec les marques partenaires, compétitrices sur mer et plutôt bonnes conseillères à terre. Ce qu'il retient ?

« La persévérance et l'humilité. Même si vous vous êtes bien préparé pour réussir, il y a toujours des choses avec lesquelles il faudra composer. Et on ne peut pas réussir sans être audacieux », dit-il.

Pour le groupe, l'enjeu de communication est essentiel.

« Nous sommes sur une activité de BtoB. Nos agences pour l'emploi doivent être connues pour que les candidats à l'emploi poussent nos portes. Il y a donc un véritable enjeu de notoriété de notre marque et de notre image pour disposer des meilleurs candidats », décrypte Samuel Tual.

« Nous n'avions pas les moyens d'accéder aux médias nationaux pour développer notre marque. Le sponsoring nous a permis d'y aller progressivement, et d'avoir aujourd'hui plus de retour que sur les supports traditionnels presse ».

D'où son insistance lors des négociations avec le groupe Leader.

« Si nous étions restés sur la taille d'Actual, nous n'aurions pas pu faire l'acquisition de ce nouveau bateau, qui dès novembre prochain s'alignera sur la Brest Atlantique 2019 », se réjouit-il.

À partir de 2020, le bateau enchaînera des tentatives de records et deux transats, un tour du monde en équipage avec le trophée Jules Verne (2021), une route du rhum (2022), et, en 2023, un tour du monde en solitaire, en course, en multicoques. Une première pour les géants des mers. Un gage de visibilité, aussi.

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