Comment la Cornouaille se désenclave grâce à la fibre

Par Eric Albert, à Truro (sud-ouest de l'Angleterre)  |   |  466  mots
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Grâce à des financements européens, cette région rurale et pauvre de l'Angleterre accède à l'Internet à très haut débit.

Situé au bout d'une route forestière, entouré de grands champs, Cosawes Park (sud-ouest de l'Angleterre) est un symbole inattendu d'une avancée technologique. C'est pourtant ici, dans ce grand village de maisons individuelles pour retraités ? chiens et enfants interdits, surveillance vidéo permanente ? que le « dernier cri » de l'Internet à très haut débit vient d'être installé. Depuis six semaines, une connexion de 27 mégabits/seconde garantis est en place. « Cela change tout, se réjouit Rhianan Fraser, la directrice des lieux. Notre Internet était particulièrement lent jusqu'à présent. Cela devenait vraiment un problème : nos résidents demandaient de plus en plus une connexion rapide et nous n'arrivions pas à suivre ; les réservations en ligne étaient aussi très difficiles à gérer. »

Cosawes Park est l'un des premiers lieux à bénéficier d'un grand projet d'investissement public-privé mené en Cornouaille. L'initiative vise à installer un réseau de fibre optique dans l'ensemble de la région d'ici à 2014. L'investissement de 132 millions de livres (150 millions d'euros) est financé à hauteur de 53 millions de livres par l'Union Européenne, le reste venant de BT, le géant britannique des télécoms, qui a convié la presse sur place. À 40 %, il s'agira de fibre optique raccordant directement les habitations (« fibre to the home », FTTH), qui permet des vitesses de connexion ultra-rapide de 100 Mégabits, le reste raccordant les cetraux téléphoniques locaux (« fibre to the cabinet », FTTC), pour une vitesse maximale de 40 Méga. Déjà, un millier de personnes se sont abonnées au très haut débit, sur un total de 15.000 foyers raccordés.

Pour cette région géographiquement excentrée, au PIB par habitant de seulement 67 % de la moyenne britannique, l'Internet très haut débit est un espoir de relance économique. L'autorité locale espère ainsi créer ou protéger 6.000 emplois.

Orbiss en est un exemple : cette petite entreprise de 11 employés, située en pleine campagne de Cornouaille, fournit des services de téléphonie, d'Internet et de vidéos à la demande pour les hôtels. Afin de vérifier la qualité de chaque film, l'entreprise doit les télécharger un par un, et cela posait de sérieux problèmes jusqu'à l'an dernier. « À tel point que nous envisagions de déménager », explique Karen McGowan, sa directrice. L'arrivée du très haut débit a résolu le problème.

Le projet ne permettra cependant d'équiper que 80 % des habitants de la région. Les 20 % restants, situés dans les zones les plus reculées, devront pour l'instant se contenter de projets alternatifs, que ce soit par satellite ou par les réseaux mobiles. Mais sans l'aide publique de l'Union Européenne, BT le reconnaît clairement : l'essentiel de l'investissement n'aurait pas eu lieu.