L'attente des consommateurs est énorme », reconnaît lui-même Xavier Niel, le fondateur de Free. Les dirigeants du fournisseur d'accès à Internet, qui s'apprête à lancer ses offres de téléphonie mobile dans quelques semaines, s'appliquent à distiller le moins d'informations, ce qui nourrit le buzz. Depuis cet été, les rumeurs fleurissent sur la Toile sur les éventuels tarifs proposés par le nouvel entrant : 29,99 euros pour du tout-illimité, 9,99 euros pour 5 heures d'appels, et même 2,99 euros pour le plus petit forfait. Citant un forfait rentable à 3 dollars au Pakistan, Xavier Niel avait lancé il y a quelques mois que Free Mobile serait « légèrement plus cher » que 3 dollars...
« C'est la surenchère à la baisse », ironise un opérateur concurrent. Cependant, tous les acteurs redoutent l'électrochoc et une hémorragie de clients. « Après avoir dû gérer le ralentissement de la croissance, dans un marché devenu mature, on doit se préparer à l'idée que l'on va peut-être perdre en net plus de 100.000 clients d'un coup, en un trimestre, ce serait du jamais-vu », reconnaît le cadre d'un opérateur. Voire davantage : La Poste Mobile en ayant conquis 150.000 en trois mois, on peut imaginer que Free fera au moins deux à trois fois mieux. Les analystes d'Exane BNP Paribas prévoient que Free Mobile aura 900.000 abonnés la première année, ceux d'Oddo tablent sur 2 millions fin 2012.
SFR, moins audacieux
En guise de contre-feux, les opérateurs multiplient les offres à des prix voisins de ceux supposés de Free Mobile. Bouygues Telecom a dévoilé vendredi une offre Eden Classic à 6,90 euros pour 2 heures d'appels et SMS illimités, réservée aux abonnés à la Bbox. « Cette offre montre que l'hypothétique forfait de Free à 5,99 euros pour 2 heures est tenable économiquement, on peut même aller en deçà, car la voix coûte peu cher mais elle rapporte 75 % du chiffre d'affaires des opérateurs », relève un analyste. Moins audacieux, SFR va lancer une gamme de forfaits à souscrire en ligne, « Red », à partir de 12 euros, et Orange démarre son offre low-cost Sosh, lancée ce jeudi, à 19,90 euros pour 2 heures et 500 Mo de données.
« Free va une nouvelle fois chambouler le marché », prédisent les experts d'Oddo, qui ont travaillé sur les « forfaits plausibles » de nature à créer « une vraie rupture mais qui resteront rentables ». Par exemple, Free proposera selon eux sur l'ensemble de ses forfaits « l'illimité vers les fixes, les SMS illimités et 100 destinations à l'international puisque le coût marginal de ces services est faible ». Autre astuce : l'éventuel forfait mobile illimité à 29,99 euros (voire 19,99 euros pour les abonnés à la Freebox) aura un trafic environ 30 % supérieur à l'offre de 5 heures et reste donc cohérent avec les objectifs de rentabilité du groupe, « même en cas d'explosion des usages ». L'expérience des appels illimités vers les mobiles depuis les Box a en effet démontré que les abonnés ne consomment que 30 % de minutes de plus que lorsque les appels étaient facturés à la minute ! En clair, le risque semble à nouveau calculé pour un opérateur à la structure de coûts bien plus légère que les historiques. « Il n'y a aucune innovation tarifaire que nous ne puissions répliquer », prévient un concurrent, qui n'exclut pas de s'aligner dès que les prix de Free seront connus.
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