Free Mobile a 10 millions d'abonnés autant que Bouygues Telecom

Par Delphine Cuny  |   |  763  mots
En trois ans seulement, Free s'est accaparé 15% du marché mobile français.
Iliad, maison-mère de Free, a atteint avec un an d'avance son objectif de chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros. L'opérateur fait jeu égal avec Bouygues Telecom en nombre d'abonnés mobiles, trois ans après le lancement de cette activité. Xavier Niel n'exclut pas de revenir "diviser les prix."

Article mis à jour à 17h.

Plus de 2 millions de nouveaux abonnés dans le mobile en un an et plus de 10 millions en trois ans : la percée de Free sur ce marché a été exceptionnellement rapide tout en s'inscrivant dans la durée. La filiale d'Iliad, qui publie ce jeudi matin ses résultats annuels, peut donc se targuer désormais d'une part de marché de 15%, au coude à coude avec le numéro trois Bouygues Telecom : la branche du groupe de BTP comptait 11,1 millions de clients dans le mobile au 31 décembre, dont les cartes prépayées, soit 10,1 millions d'abonnés à un forfait mobile (voir le détail) ... Si l'on ajoute les abonnés haut débit (5,8 millions), Free cumule 16 millions de clients, contre 13,5 millions chez son concurrent.

En termes de recrutements nets, sur l'ensemble du marché, "deux abonnés sur trois ont choisi Free Mobile" souligne le groupe, qui met en avant l'enrichissement de ses offres (nouvelles destinations où l'itinérance est comprise en Europe notamment). "A long terme", l'opérateur vise 25% de part de marché.

Un an d'avance sur ses objectifs

C'est la forte progression de l'activité mobile (+28%) qui a permis au fournisseur d'accès Internet, devenu opérateur télécoms intégré, d'atteindre en 2014 avec un an d'avance son objectif d'un chiffre d'affaires supérieur à 4 milliards d'euros, à 4,2 milliards précisément, en croissance de 11,2%. Là aussi, Iliad talonne Bouygues Telecom, qui a réalisé 4,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2014 (-5%).

Le mobile pèse désormais près de 40% du chiffre d'affaires consolidé d'Iliad (1,6 milliard). Mais cette activité dynamique est moins rentable que la machine à cash du fixe: Iliad reconnaît à nouveau que « les recrutements sur l'offre à 2 euros [zéro euro pour les abonnés ADSL] restent majoritaires.» Le directeur financier, Thomas Reynaud, s'est réjoui que « des abonnés à 2 euros commencent à migrer vers le forfait à 20 euros. »


La montée en puissance du mobile moins profitable explique donc le repli du taux de marge opérationnelle (Ebitda) d'un point à 30,8%. Cependant, son résultat brut d'exploitation (Ebitda) est presque deux fois supérieur à celui de Bouygues Telecom (1,28 milliard contre 694 millions). L'ADSL a généré un flux de trésorerie (free cash flow) record de 737 millions d'euros, malgré une légère baisse de l'ARPU, le revenu moyen par abonné, à 35,10 euros contre 36 euros un an plus tôt.

« Les initiatives de certains concurrents [comprendre la guerre des prix dans le fixe déclenchée par Bouygues Telecom] n'ont aucun impact sur notre modèle économique » a assuré le directeur financier.


Iliad indique tabler sur une croissance de plus de 10% de son Ebitda cette année, contre +6,6% en 2014, et une marge opérationnelle « de plus de 40% d'ici la fin de décennie

A nouveau diviser les prix du mobile ?


Cependant, Free n'en a peut-être pas fini de bousculer le marché du mobile. Interrogé sur une éventuelle relance de la guerre des prix, Xavier Niel ne l'a pas écartée :

« A mesure que le déploiement de notre réseau s'accélérera, nous allons pouvoir retrouver une agressivité renforcée sur le marché du mobile et la possibilité, de nouveau, de diviser les prix », a prévenu Xavier Niel.

Il a ajouté un bémol, demandant « laissez-nous quelques semaines, quelques mois, voire plus. » Le marché français du mobile est selon lui « compétitif », mais

« Si vous comparez à d'autres pays, Israël par exemple où je suis actionnaire d'un opérateur [Golan Telecom, dirigé par l'ancien DG d'Iliad, Michaël Boukobza Golan NDLR], on avait les prix les bas du monde, je ne suis plus sûr que ce soit le cas. »

Une action en hausse de 130% en trois ans

Les résultats annuels étaient globalement en ligne avec le consensus des analystes (Thomson Reuters), qui tablait en moyenne sur un chiffre d'affaires de 4,17 milliards d'euros, un Ebitda de 1,27 milliard et un bénéfice net de 308,65 millions. Le résultat net publié est en deçà, en hausse de 4,9% à 278,4 millions d'euros.


Si l'action Iliad avait ouvert en hausse de 1,35%, les déclarations de son dirigeant sur l'absence de concentration dans le secteur et la perspective d'un regain de bataille sur les prix ont apparemment refroidi les investisseurs : le titre accuse une baisse de 3,5% en fin de séance à 210,80 euros. Elle a toutefois bondi de 130% depuis le lancement de l'activité mobile en janvier 2012. Le groupe détenu majoritairement par Xavier Niel capitalise 12,3 milliards d'euros, soit autant que la totalité du groupe Bouygues (BTP, Colas et TF1 compris) ... mais la moitié de Numericable-SFR et un tiers de la valeur d'Orange.