Jérôme de Castries, une affinité pour l'aventure

Par Patrick Cappelli  |   |  870  mots
Jérôme de Castries, Directeur général France d'Afiniti. (Crédits : Afinity)
À 26 ans, Jérôme de Castries a déjà une vie bien remplie. De la banque d'affaires à la brousse de Tanzanie en passant par Google et le MIT, le jeune homme de bonne famille a multiplié les expériences professionnelles et humanitaires avant de créer la branche française d'Afiniti.

« Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années » : cette maxime du Cid de Corneille pourrait avoir été écrite pour Jérôme de Castries (prononcer "Castres"). Bien né, il l'est sans conteste : son père n'est autre qu'Henri de Castries, ex-Pdg d'Axa, issu de la vieille noblesse française. Avant de devenir, à 25 ans, directeur général de la filiale française d'Afiniti, qui a mis au point un logiciel d'intelligence artificielle pour prédire les comportements interpersonnels, le benjamin d'une fratrie de trois a suivi un cursus scolaire et universitaire à la fois classique et original. Après un bac économique et social (ES) décroché haut la main, il hésite entre l'appel de l'étranger et les classes préparatoires.

« Je voulais entrer à la London School of Economics, mais je n'ai pas réussi. J'ai donc fait une prépa au lycée jésuite Saint-Louis-de-Gonzague-Franklin, car j'étais passionné d'économie. »

Il intègre ensuite HEC, tout en préparant en parallèle une licence d'histoire à la Sorbonne, une discipline qui l'a toujours fasciné. Il part ensuite pour l'université Bocconi de Milan étudier la finance pendant six mois. Avant de finir son cursus à HEC, le jeune homme veut se colleter avec le réel et va travailler à la banque d'affaires Morgan Stanley.

Ranger en Tanzanie

« C'était l'époque de l'IPO [introduction en Bourse, ndlr] d'Alibaba, et je me suis dit que j'étais en train de rater quelque chose », évoque Jérôme de Castries, qui plonge alors dans le monde de la tech et passe chez Google, où il fait du conseil en stratégie digitale pour des clients du commerce de détail.

À l'été 2015, le jeune homme pressé décide de prendre du temps pour réfléchir à ce qu'il a vraiment envie de faire. Fan de photo, il commence par un séjour de deux mois en Amérique du Sud, puis se rend en Tanzanie où il devient ranger (garde) dans des réserves animalières.

« Ce sont des zones immenses dont une partie est encore vierge de toute trace humaine. Pour les faire découvrir dans le cadre de safaris, il faut d'abord les cartographier », précise l'aventurier surdiplômé.

Armé d'une machette, d'une boussole et d'un appareil photo, le voilà parti dans la brousse avec un autre guide français et des traqueurs masai. « Le plus grand danger, outre les braconniers, restent les animaux : hippopotames, serpents et éléphants, qui ont tendance à charger dès qu'ils voient un humain », raconte-t-il.

Il fait également du bénévolat pour l'association Hakuna Matata Foundation, qui développe des projets d'agriculture solidaire.

C'est en janvier 2016 qu'il rencontre via une relation commune Zia Chishti, entrepreneur et fondateur d'Afiniti, qui lui propose de créer la filiale française de sa société. Le futur DG accepte, mais pose une condition : finir ses études. Le jeune homme passe six mois à lancer l'activité en France, puis s'envole en septembre pour Boston et le MIT, « une institution fabuleuse, où j'ai pu rencontrer Bill Aulet, le "gourou" de l'entrepreneuriat ». Il gère le lancement d'Afiniti France depuis Boston, secondé à Paris par Nicolas Gallot, rencontré chez Morgan Stanley. « Nous optimisons les relations humaines dans un contexte d'entreprise, avec une première application dans les centres d'appels », décrit Jérôme de Castries.

Au lieu d'allouer les appels de manière aléatoire à un téléopérateur, le logiciel d'IA étudie l'historique du client et le compare avec celui des appels traités par le téléconseiller.

Un pied dans l'humanitaire

« Nous sommes capables de déterminer quel conseiller aura le plus de chances d'avoir la meilleure interaction avec ce client », explique le diplômé du MIT, qui estime qu'Afiniti réconcilie la technologie et l'humain sans les opposer.

« Notre IA n'est pas là pour remplacer les humains, mais pour améliorer l'expérience client », ajoute le jeune dirigeant, pour qui l'atout majeur de sa société est d'être capable de mesurer avec précision la performance de son service.

Sur une demi-heure, Afiniti route les appels de manière infinitaire pendant vingt-cinq minutes, et durant les cinq minutes restantes, elle reproduit les opérations que réalise habituellement son client. Un benchmark qui permet de mesurer les résultats de la méthode Afiniti. « Nous nous rémunérons uniquement à la performance. Si nous ne générons pas de vente, nous ne sommes pas payés », affirme Jérôme de Castries.

En plus de son activité professionnelle, il s'attache à consacrer une partie de son temps à des associations qui s'occupent de l'intégration des réfugiés. Business et humanitaire : un duo gagnant pour le jeune homme, qui s'inscrit ainsi dans la tradition familiale.

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Mini bio


Avril 1992
Naissance à Paris.

2010Bac ES mention bien.

2010-2012Classes préparatoires au lycée Saint-Louis-de-Gonzague-Franklin (Paris).

2012Entre à HEC.

2013Licence d'histoire à la Sorbonne Paris-IV (mention bien).

2013-2014Étudie la finance à l'université Bocconi de Milan.

Juillet à décembre 2014Analyste chez Morgan Stanley.

Janvier à juillet 2015Business associate chez Google France.

Septembre à novembre 2015Ranger en Tanzanie.

Janvier 2016Directeur général France d'Afiniti.

Septembre 2016 à mai 2017Master of sciences au MIT et diplômé d'HEC.