Softbank déçoit pour son entrée en Bourse

SoftBank Corp, filiale de télécoms mobiles du géant japonais SoftBank Group, a fait de premiers pas timides en Bourse, ce mercredi à Tokyo, mais la levée de fonds concomitante est la plus importante jamais réalisée au Japon et la deuxième au monde tous secteurs confondus.
Masayoshi Son, le patron de Softbank.
Masayoshi Son, le patron de Softbank. (Crédits : Issei Kato)

Pas de quoi sabrer le champagne. SoftBank Corp, filiale de télécoms mobiles du géant japonais SoftBank Group, a fait de premiers pas timorés en Bourse, ce mercredi à Tokyo, mais la levée de fonds concomitante est la plus importante jamais réalisée au Japon et la deuxième au monde tous secteurs confondus. SoftBank Group a confirmé à l'AFP avoir vendu l'intégralité des titres proposés (sur-allocation comprise), soit 1,76 milliard d'actions à 1.500 yens pièce, pour un total de quelque 26.400 milliards de yens (20,3 milliards d'euros ou 23,5 milliards de dollars).

Il s'agit d'un record sur le marché au Japon lors d'une entrée en Bourse, dépassant les sommes constatées pour l'opérateur historique NTT (maison mère) en 1987 et NTT Docomo (sa filiale mobile) en 1998. Il s'agit même de la plus importante levée de fonds par une entrée en Bourse dans le secteur des télécoms au niveau mondial et de la deuxième tous secteurs confondus, juste derrière celle du géant chinois du commerce en ligne Alibaba en 2014, selon le cabinet spécialisé Renaissance Capital.

Effet Huawei ?

Cependant le cours est resté tout au long de la journée sous son prix d'introduction. L'action valait 1.463 yens à l'ouverture et a fini encore plus bas, à 1.282 yens, son étiage de la journée, soit 14,5% sous son cours d'introduction. Soit tout de même une capitalisation boursière d'environ 6.100 milliards de yens (47 milliards d'euros). "Nous prenons avec sérieux cette réaction", a déclaré le directeur général de la filiale de SoftBank Group, Ken Miyauchi, lors d'une conférence de presse. Il a surtout voulu rassurer en vantant les atouts de la société, connue pour avoir briser les positions acquises dans le secteur : des offres qui attirent un nombre croissant d'abonnés, des partenariats avec les sociétés dans lesquelles investit SoftBank Group pour embrasser "le changement de paradigme" en cours (Yahoo Japan, Wework, etc.), avec l'importance croissante de l'internet des objets et de l'intelligence artificielle.

Cependant, "l'appétit des particuliers n'est pas forcément très élevé pour une filiale quand la maison-mère est déjà cotée", a commenté un analyste d'une maison de courtage. "De plus, l'environnement des télécoms mobiles devrait être plus difficile en raison de la pression du gouvernement pour que les tarifs baissent", a-t-il ajouté. Cette entrée en Bourse intervient au moment où une nouvelle guerre tarifaire va s'amorcer, le numéro un du secteur au Japon, NTT Docomo, ayant indiqué il y a quelques semaines qu'il allait baisser ses tarifs de 20 à 40%, une offensive à laquelle les concurrents vont être forcés de répondre. Le patron de SoftBank Group, Masayoshi Son, a dit qu'il suivrait en partie mais en ayant néanmoins toujours à coeur de servir les intérêts des actionnaires.

A pu jouer aussi l'affaire Huawei, du nom de ce groupe de télécoms chinois qui a maille à partir avec les Etats-Unis en raison de soupçons d'espionnage via ses équipements de réseaux cellulaires. Il fait depuis face à une vague de rejet. "Les investisseurs peuvent craindre que les coûts de SoftBank augmentent en raison de la décision de ne plus utiliser du matériel Huawei", pourtant moins cher que celui de la concurrence. "Nous attendons sur ce point les recommandations du gouvernement", a précisé M. Miyauchi. Mais selon le groupe, technologiquement Huawei a une longueur d'avance sur les autres.

"Plus d'autonomie"

En étant cotée, cette filiale mobile est censée avoir "plus d'autonomie" pour "développer sa propre stratégie de croissance", souligne la direction. Cela fait une douzaine d'années que l'ex-division japonaise périclitante de Vodafone, rachetée par SoftBank à un prix jugé à l'époque excessif, mène la vie dure aux autres grands opérateurs de services de télécoms mobiles japonais que sont NTT Docomo et KDDI.

C'est peu dire que SoftBank a rebattu les cartes, en tissant des liens avec des partenaires qui étaient exclus auparavant du jeu, comme Apple, dont l'iPhone est entré au Japon, avec retard, grâce à Masayoshi Son. Et ce n'est qu'un exemple. Si bien que la réputation de "briseur de situation acquise", qu'il s'était déjà taillée en bouleversant auparavant le marché de l'internet fixe, lui vaut une aura hors pair.

D'après S&P Global Ratings, l'introduction en Bourse "soulignera davantage la transition de SoftBank vers une société de portefeuilles d'investissement appartenant à un groupe diversifié", entrant au capital de multiples sociétés, via désormais son véhicule-phare: le SoftBank Vision Fund, doté d'environ 100 milliards de dollars. Pour l'exercice en cours, SoftBank Corp. prévoit un chiffre d'affaires en hausse de 3,3% sur un an à 3.700 milliards de yens (29 milliards d'euros) et un bénéfice net de 420 milliards de yens (3,25 milliards d'euros au cours actuel).

(Avec AFP)

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