Un plan social "larvé" chez SFR ?

Depuis le rachat de SFR par le câblo-opérateur Numericable de Patrick Drahi fin 2014, les deux entités auraient chacune essuyé 450 départs non-remplacés, explique un responsable syndical à La Tribune.
Pierre Manière
"Les gens sont inquiets, écoeurés par le manque de respect, de reconnaissance, et le cynisme de la direction", fustige Xavier Courtillat, délégué syndical central de la CFDT-SFR.

Le timing a été soigneusement choisi. Ce lundi, à la veille de la publication des résultats financiers de SFR (ex-Numericable-SFR), l'antenne CFDT de l'opérateur au carré rouge s'est fendu d'un communiqué coup de poing. Elle affirme, en se basant sur "le récent diagnostic social de l'expert mandaté par le CCE" (Comité central d'entreprise), que "les suppressions de postes" se sont élevées "à 450 entre novembre 2014 et décembre 2015".

Dans son communiqué, le syndicat fusille le "non-remplacement quasi-généralisé des postes libérés par le départ de salariés". Pour ses responsables, cette "stratégie" s'apparente donc à un "PSE larvé". Pis, selon Xavier Courtillat, délégué syndical central de la CFDT-SFR, ces "suppressions de postes" ne concernent que la branche SFR, qui compte environ 9.000 collaborateurs. D'après lui, la branche Numericable serait également impactée, à hauteur de 450 postes non-remplacés. Au niveau du groupe, quelques 900 postes auraient ainsi disparus sur un total d'environ 15.000.

"Cynisme de la direction"

D'après Xavier Courtillat, le climat social est délétère chez SFR :

"Les gens sont inquiets, écœurés par le manque de respect, de reconnaissance, et le cynisme de la direction. Ils ne voient pas d'avenir dans le groupe et il y a beaucoup plus de démissions. En plus des difficultés internes, les collaborateurs sont affectés par les remarques qu'ils essuient à l'extérieur concernant la mauvaise qualité du réseau, ou les fournisseurs qui ne sont pas payés."

A en croire Xavier Courtillat, la direction argue que les départs seront remplacés, mais qu'elle mise d'abord sur la mobilité interne, ce qui prend du temps. "Mais pour certains postes, après un an, on attend toujours, et cela bloque l'ouverture des embauches externes", déplore le syndicaliste. Lequel conclut : "On n'est pas dupe: les postes ne sont ouverts ni en interne ni en externe."

Macron à la rescousse ?

Or comme le rappelle la CFDT de SFR dans son communiqué, Patrick Drahi, qui a racheté l'opérateur au carré rouge à Vivendi fin 2014 pour le marier à Numericable, s'était engagé à maintenir l'emploi "pendant trois ans, soit jusqu'en juillet 2017". Craignant qu'à ce rythme, "les destructions d'emplois pourraient atteindre les 2.000 personnes sur [les branches Numericable et SFR] à cette échéance", Xavier Courtillat précise que la CFDT a demandé à Emmanuel Macron de recevoir des représentants des salariés pour faire pression sur sa direction.

Contacté par La Tribune, SFR ne fait "aucun commentaire". A noter également que la fronde de la CFDT intervient alors que les organisations syndicales du groupe sont en pleine campagne électorale pour choisir leurs représentants. Elles ont donc intérêt à donner de la voix.

Réduction des dépenses

Ce mardi, SFR a publié des résultats 2015 dopés par les réductions de dépenses initiées par Patrick Drahi depuis un an. Si le chiffre d'affaires a baissé de 3,5% à 11,04 milliards d'euros (conséquence notamment de la perte d'environ 1 million d'abonnés mobiles), le groupe a renoué avec les bénéfices. En 2015, ils s'élèvent à 682 millions d'euros, contre une perte de 188 millions en 2014.

Pierre Manière

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Commentaires 9
à écrit le 15/03/2016 à 21:55
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Sans surprise, hélas. Tout le monde pouvait le prévoir dès 2014. Quand on fait 11 Mds de CA, 682 m de résultat, et qu'on a 40 Mds de dette, faut pas s'étonner. Pour l'interdiction des LBO > levier 4

à écrit le 15/03/2016 à 19:05
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Dégraissez moi tout ça ! SFR doit redevenir rentable, bravo à DRAHI qui s'attaque à nos syndicats socialos communistes qui bloquent toutes évolutions comme à AIR FRANCE où le moindre plan social déclenche une tempête pire qu'EL NINO !

à écrit le 15/03/2016 à 18:57
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pauvres salariés cette societe ne sert dorenavant plus à rien: c'est comme une banque zombie

à écrit le 15/03/2016 à 18:09
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Si certains ne savent pas lire le français, et qu'ils continuent a prendre des vessies pour des lanternes... Drahi s'est engagé a n'effectuer "aucun licenciement économique collectif pendant 3 ans". C'est le cas...

à écrit le 15/03/2016 à 18:04
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La SFR est une entreprise privée essentiellement financée par la bourse et des junk bonds. Les postes ne sont pas ouverts ou votés par un parlement local. Chaque manager est responsable du fonctionnement de son équipe, du choix de ses équipiers en in...

à écrit le 15/03/2016 à 17:02
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La folie des grandeurs de M. Patrick Drahi a un coût que tous devront assumer même s'ils n'en sont pas responsables. Malheureusement il en sera ainsi.

à écrit le 15/03/2016 à 15:51
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en quoi un non remplacement est un plan social? evidememnt que dans un pays ou tt est systematiquement retoque, ca se passe par les non remplacements ( des cdd et des interims pour commencer, des departs a la retraite pour continuer, etc...) p artu...

le 15/03/2016 à 17:03
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Donc, il faut mettre en prison, ou au moins condamner à un grosse amende, ceux qui n'ont pas renouvelé leur contrat chez Numéricâble/S F R !!! et qui sont allé à la concurrence !! ou qui ont arrêté simplement !!!

le 16/03/2016 à 0:03
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Il n'empêche, SFR - Numéricable est une mauvaise entreprise et Drahi un mauvais "patron". Je mets des guillemets, car un "patron" c'est autre chose que ce type là.

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