Web Summit : le monde du web vient surfer à Lisbonne

Un sommet technologique de haut niveau sans vagues à chevaucher ? N'importe quel entrepreneur branché ou webmaster vous dira que c'est assez inimaginable, surtout si on a le choix. C'est donc Lisbonne plutôt que Paris, Londres, ou Amsterdam qui a été choisie pour recevoir le Web Summit, du 8 au 10 novembre prochain.

Organisé à Dublin depuis 2010, le sommet international du numérique a connu des difficultés de croissance : bugs à répétition et locaux trop étroits ont contraint Paddy Crosgrave, son fondateur, à le délocaliser. L'organisation signe donc pour trois ans à Lisbonne.

Mais si le surf a sûrement joué un rôle dans le choix de la capitale portugaise, ce sont ses atouts objectifs qui ont fait pencher la balance en sa faveur. Lisbonne est une capitale accessible,  elle est dotée d'un bon réseau hôtelier, et bénéficie d'une réputation de ville sûre. Il fallait aussi de bonnes conditions logistiques pour organiser un sommet qui va accueillir 50.000 personnes : le parc des Nations, lieu de l'Exposition universelle de 1998, dispose de bâtiments suffisamment grands pour accueillir 15.000 entreprises, une salle de spectacles modulable pour les conférences, et est proche de l'aéroport. Mais Lisbonne a quelque chose d'autre à offrir.

« Il y a 4 ou 5 ans, nous n'aurions pas été choisis. C'est la révolution du web sous l'impulsion de la mairie et du gouvernement qui nous a projeté dans la modernité numérique », explique Paulo Carvalho directeur de l'économie et de l'innovation à la mairie de Lisbonne.

« Nous avons mis en place un écosystème efficace, une constellation  qui a mobilisé très vite les ressources disponibles, alors que l'on partait de presque rien » ajoute Paulo Carvalho, dont le poste n'existait même pas il y a trois ans.

Une grande messe lisboète du numérique

Aujourd'hui la « constellation » Lisbonne compte 15 incubateurs et 8 programmes d'accélération, 3 fablabs (carrefour numérique) associés, une structure « startup Lisbonne » offrant même l'hébergement aux entrepreneurs étrangers. Tous ces facilitateurs permettent de lancer 470 projets par an, avec la perspective de créer 3.000 emplois. Avec 166 millions d'euros levées depuis 2010, les investisseurs ont trouvé le chemin de la capitale, et le Web Summit va permettre de renforcer la tendance. Une perspective alléchante pour Paulo Farinha, co-fondateur de Petable, une plateforme de facilitation pour les soins vétérinaires aux animaux domestiques.

« Nous avons rattrapé le retard technologique de ces dix dernières années. Aujourd'hui on peut se positionner sur un marché global dès le lancement de l'activité. La crise économique qui a frappé notre pays ces 5 dernières années a eu un effet dopant sur l'esprit d'initiative » dit le directeur de la startup, qui a pris son ticket pour une journée au WS de Lisbonne.

La proximité géographique du sommet à Lisbonne arrange bien la petite structure de 12 personnes, dispensée des frais d'hébergement comme c'était le cas à Dublin. Petable, comme la plupart des startups, espère bien pouvoir rencontrer quelques-uns des 10.000 geeks de la Silicon Valley qui seront présents à la grande messe lisboète du numérique.

Une image dépoussiérée

Longtemps frappée du sceau du provincialisme, la jolie capitale portugaise a secoué ses composants électroniques. Et avec elle, l'ensemble du pays. « Nous avons le talent. La génération actuelle des jeunes diplômés et professionnels possède les qualifications académiques équivalentes à celles des autres pays. De plus cette génération possède un véritable sens de l'adaptation, conséquence de la crise économique qui a touché notre pays, contraignant de nombreux jeunes à s'expatrier et à acquérir de l'expérience ailleurs.  Ils reviennent. Et c'est en partie pour cela que nous attirons non seulement les startups, mais aussi des entreprises en phase d'accélération et de croissance » explique Manuel Caldeira Cabral, le ministre portugais de l'Économie à La Tribune. Le gouvernement soutient le développement du numérique, dote le pays d'instruments financiers spécifiques (capital de risque/venture capital) et renforce la promotion internationale. Lisbonne va se doter d'un Hub créatif sur le site d'anciennes installations militaires dans le quartier du Beato (ouest). Un domaine de 30.000 mètres carrés qui sera l'un des plus importants en Europe dans l'univers des nouvelles technologies et de l'industrie créative. Signe encourageant : l'organisation du Web Summit sera l'une des premières à y installer ses bureaux.

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