Une année de revenu pour s'acheter une chambre !

Pour acquérir un logement de 100 mètres carrés, les Français doivent désormais consacrer six années de leur revenu disponible, contre trois en 2000.

Avec son revenu disponible annuel, un ménage français ne peut plus acheter que 17 m2 dans l'ancien en moyenne en France, contre 29 m2 il y a dix ans. Et à Paris, il ne peut plus s'offrir que 8 m2, contre 14 en 2000. Ce calcul, réalisé par l'économiste de HSBC, Mathilde Lemoine, dit à lui seul l'effondrement de la solvabilité des ménages français. Ou, en d'autres termes, l'appauvrissement du pouvoir d'achat immobilier des Français en une décennie, lié à la hausse des prix de la pierre. Pour acquérir un logement de 100 mètres carrés, moyenne des logements en France, il leur faut désormais consacrer six années de revenu disponible, contre trois en 2000 ! Aussi, dans un contexte de pénurie aigue, les Français ont suivi la hausse des prix en consacrant une part de plus en plus importante de leur budget à l'acquisition d'un logement. Et ce, en s'endettant, certes à des taux plus bas, mais sur des durées de plus en plus longues.
Or la crise, qui n'a entraîné qu'une baisse de 7 % des prix moyens en France, a à peine infléchi cette tendance. Avec une offre de logements neufs asséchée par les promoteurs, les prix, en particulier dans le neuf, sont très vite repartis à la hausse, dépassant leur niveau d'avant crise. La baisse des taux sur les emprunts immobiliers qui a suivi la baisse des taux dans le monde, et le doublement du prêt à taux zéro pour les primo-accédants, ont dès le début 2009 suscité un nouvel afflux de demande. Et ce d'autant que le dispositif Scellier, qui a accru le rendement de la pierre, a provoqué une ruée des investisseurs qui ont raflé les deux tiers des logements neufs en 2009.
Moralité : comme toutes les aides visant à solvabiliser les acquéreurs, la baisse des taux d'emprunt n'améliore pas le pouvoir d'achat des acquéreurs. En période de pénurie, elle fait monter les prix, et ne profite qu'aux propriétaires. Ce qui fait dire à Mathilde Lemoine : « Si l'on voulait mettre un terme aux effets pervers des aides publiques, il faudrait taxer à 100 % les plus-values immobilières. »

 

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