A Maastricht, la foire d'art et d'antiquités qui fait courir les Chinois

La Foire européenne des beaux arts (The European Fine Art Fair, Tefaf) qui se tient du 15 au 25 mars à Maastricht, synthétise plusieurs qualités bien néerlandaises: l'ouverture sur le monde, un goût sûr et une sélection très pointue en matière culturelle, sans oublier un sens des affaires légendaire... Du coup, on accourt du monde entier pour cette foire annuelle des oeuvres d'arts et antiquités, lancée en 1988 par quelques marchands d'art.
The European Fine Art Fair (TEFAF) à Maastricht ouvre ses porte ce week-end

La Tefaf voit depuis 25 ans des pièces d'exception susciter les convoitises des collectionneurs. Cette année, sur les 30.000 oeuvres présentées à Maastricht par 265 marchands venus de 19 pays, c'est une sculpture abstraite en marbre noir de l'artiste britannique Henry Moore (1898-1986) qui fait sensation. Elle va être proposée par une galerie canadienne au prix modique de 26,6 millions d'euros. Autre pièce très attendue cette année: la BMW Art Car, signée en 1975 par le célèbre sculpteur américain Alexander Calder (1898-1976). La directrice marketing de la Tefaf, Titia Vellenga, n'est pas peu fière d'annoncer que sa foire ne compte que 19% de marchands néerlandais, et qu'elle est "la plus internationale" des rencontres du même type, ses concurrentes les plus directes étant Basel, Art Basel Miami, la Biennale de Paris ou encore le Winter Antiques Show de New York.

L'art ne connaît pas la crise

Lorsque la Tefaf annonce que les Chinois ont supplanté les Américains sur le marché mondial de l'art et des antiquités, il n'y aucune raison de ne pas la croire. La part de la Chine est passée de 5% en 2005 à 30% en 2011 dans le marché mondial de l'art, qui brasse quelque 46 milliards d'euros par an. La Chine supplante désormais les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, selon un rapport publié par la Tefaf. Les ventes aux enchères, notamment, ont connu une croissance spectaculaire en Chine, de 177% en 2010 et 64% en 2011. "La dominante du marché chinois s'explique par l'enrichissement individuel, une offre intérieure vigoureuse et une dynamique d'investissement de la part des acheteurs", explique Clare Mc Andrew, l'auteur du Tefaf Art Market Report, un document de référence. Les Chinois achètent surtout des oeuvres faites chez eux, même s'ils s'intéressent de plus en plus aux arts plastiques européens et à l'art américain d'après-guerre. Autre grand consommateur d'art émergent : le Brésil, dont les dépenses en luxe ont doublé par rapport à 2006.

Partout dans le monde, l'art reste une affaire qui marche, malgré la crise, surtout sur le segment haut de gamme du marché. A l'heure du bling-bling, on recherche les valeurs sûres: les grands noms, les oeuvres connues et de préférence de grand format. Autrement dit, plus les oeuvres sont chères, plus elles sont sûres de se vendre, de Pékin à Moscou, en passant par les pays du Golfe. Un Cézanne se serait ainsi négocié quelque 250 millions de dollars en 2011, payés rubis sur l'ongle par des émirs du Qatar.

Une foire sans complexes

Sur les 73 000 visiteurs qui se sont pressés à Maastricht en 2011, figuraient les représentants de 200 musées du monde, venus faire leurs emplettes. Certains s'étaient étonnés de certains prix affichés, comme 10 millions d'euros pour une toile de Frans Francken (1581-1642) - "un grand prix pour un petit peintre", commentait un professionnel cité par la revue Connaissance des arts. D'autres s'étaient précipités dans des mouvements de pure spéculation, par exemple autour de cette "Allégorie de la poésie" d'Eustache Le Sueur (1616-1655), un peintre réaliste surnommé le "Raphaël français". Le tableau avait été mis en vente à 2,2 millions d'euros par la galerie Noortman, alors qu'il s'est vendu aux enchères pour 500 000 euros deux ans plut tôt chez Christie's...

La Tefaf ratisse large, proposant des Gustave Courbet, des Rubens ou des Goya, comme des photographies de Helmut Newton (1920-2004) ou des pièces en porcelaine du XVIIIe très prisées par sa clientèle chinoise. C'est ce qui fait sa force, et c'est pourquoi s'y retrouvent des artistes de renom, des décorateurs, de grands collectionneurs, y compris scandinaves et américains, sans oublier des directeurs de musée qui viennent d'aussi loin que le Chili ou le Japon. La Tefaf, une foire qui n'éprouve aucun complexe à être axée sur l'échange marchand, peine à faire référence en matière d'art contemporain. Et reste un peu méprisée par certaines concurrentes aux manières plus aristocratiques. A la Biennale de Paris, notamment, il n'est pas question de mettre en vente des pièces passées récemment sur le marché des ventes publiques.

Pour en savoir plus, retrouvez ici le site officiel de la Tefaf

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