Bourse : de l'art de jouer avec l'effet "yo-yo"

La reprise des marchés financiers et surtout le regain de volatilité sont des aubaines pour ceux qui aiment spéculer sur les amplitudes de cours. Il existe aujourd'hui une vaste gamme de produits de Bourse avec effet de levier. D'un maniement pas toujours évident, ils demandent un apprentissage approfondi avant de se lancer. Au-delà des convictions affichées, il ne faut pas hésiter à éplucher les frais demandés par les différents courtiers avant de sélectionner son intermédiaire.
Reuters

 Les marchés retrouvent le sourire depuis la mi-2012. Et avec eux, les principaux indices mondiaux, qu'ils soient européens, asiatiques ou nord-américains. Le Dow Jones s'est même offert le luxe, la semaine passée, de franchir un record historique, les investisseurs d'outre-Atlantique étant franchement repassés à l'achat ces derniers mois, à l'aune de timides signes de reprise économique. Après plusieurs années d'une franche morosité, ce rebond des places financières s'accompagne toutefois de soubresauts, la moindre mauvaise nouvelle provoquant des ventes massives de titres de la part des opérateurs en mal de certitudes et toujours très nerveux. D'où les mouvements de yo-yo constatés en Europe ces deux derniers moi.

Une gamme de produits pour utilisateurs avertis

Cette tendance et ces à-coups sont une aubaine pour les « aficionados » des produits de Bourse, ces outils à effet de levier permettant à des investisseurs aguerris de profiter d'écarts de cours importants pour engranger de belles plus-values. Il faut dire d'ailleurs que les adeptes de ce type d'investissements ont aujourd'hui à leur disposition une large gamme de produits susceptibles d'amplifier tout écart de prix ou de taux d'intérêt (spread).Ces outils sont d'abord réservés à des investisseurs connaissant bien les rouages de marchés boursiers et prêts à prendre des risques. Il s'agit dans tous les cas d'anticiper un mouvement (de hausse ou de baisse) sur différents types de sous-jacents.
Ceux-ci peuvent être des actions, des indices, des matières premières ou des monnaies. Ils peuvent être à effet de levier (la mise sert à financer un dépôt de garantie pour un investissement bien supérieur) ou non. Ce qui veut dire que l'on peut parfois perdre plus que sa mise de départ. Ces produits sont, pour l'essentiel, centralisés, c'est-à-dire qu'ils passent via la plate-forme classique de la Bourse de Paris. Mais il y a aussi les produits transitant exclusivement via des marchés de gré à gré (over the counter, OTC) et traités en direct par des courtiers. C'est le cas des CFD (contracts for dierence), qui permettent de miser avec effet de levier sur des actions, indices ou monnaies. « Les CFD rencontrent un assez vif succès depuis plusieurs années. Ils sont clairement en train de prendre de l'ampleur par rapport aux investissements en actions traditionnels. Depuis le mois de janvier, les volumes sur ces produits ont explosé. Le contexte de reprise et surtout le retour de la volatilité ont poussé nombre de personnes à reprendre leurs investissements ou à se lancer. Les CFD sont, il est vrai, d'un maniement très souple, ne subissent pas la taxe sur les transactions financières, couvrent un très large spectre et sont négociables vingt-quatre heures sur vingt-quatre », souligne Pierre-Antoine Dusoulier, président de Saxo Banque.

Quand les courtiers se font pédagogues...

Les produits de Bourse centralisés, du type warrants, certificats, turbos ou leverage-short, retrouvent également un certain succès. « Avec une mention spéciale pour les leverage-short, produits on ne peut plus simples et qui représentent d'ailleurs, à ce jour, 30% de nos volumes de transactions », commente Thibaud Renoult, directeur de la communication chez Commerzbank, pour qui le retour en force de la volatilité explique en effet largement le regain d'intérêt des investisseurs pour ces outils, certains signaux techniques ayant, du coup, été touchés.
Conscients des enjeux et des limites de ces produits, et surtout de manière à s'arroger les faveurs de l'Autorité des marchés financiers, qui n'hésite pas à montrer régulièrement du doigt les sites de transactions (sur le marché des monnaies essentiellement, le Forex) ne respectant pas toutes ses doléances, les courtiers proposant des produits de Bourse ne ménagent pas leurs efforts pour familiariser leurs clients avec le maniement de ces outils.
Fiches explicatives, simulateurs, organisation de séances de présentation sont ainsi au menu. Raison de plus, lorsque l'on veut se lancer sur ce créneau, pour faire jouer la concurrence, éplucher les frais demandés et choisir le courtier qui semble le plus pédagogue et le plus compétitif. Avec cette règle d'or dont, de l'avis de tous les experts, on ne doit jamais se départir en Bourse : il ne faut investir son argent que sur des produits que l'on comprend parfaitement et dont on a bien exploré le maniement. Après, tout est question de conviction et d'appétit vis-à-vis du risque.
Fiscalement, les plus-values éventuellement dégagées sont imposées depuis le 1er janvier 2013 au barème progressif de l'impôt sur le revenu, auquel s'ajoutent les prélèvements sociaux au taux de 15,5% (ouvrant droit à la CSG déductible au taux de 5,1%). Les moins-values sont imputables sur les plus-values et sont reportables dix ans. D'une manière générale, les produits de Bourse ne sont pas éligibles au PEA. 

QUEL PRODUIT DE BOURSE CHOISIR ?
Caractéristiques Ce qu'en disent les experts
1/ Les warrants
Un warrant donne le droit d'acheter (dans le cas d'un call) ou de vendre (dans le cas d'un put) un actif sous-jacent à un prix donné (le prix d'exercice) et à une date future (la maturité). Grâce à son effet de levier, le warrant permet d'amplifier les variations du sous-jacent à la hausse comme à la baisse tout en limitant le risque au capital investi. Ce produit existe depuis longtemps et permet de jouer un très large nombre de valeurs. Il est toutefois très compliqué car de nombreux paramètres influencent son cours. C'est sans doute le produit de Bourse le plus difficile à aborder. On ne peut pas toutefois perdre plus que sa mise.
2/ Les turbos
Les turbos sont des produits dérivés à fort effet de levier qui permettent de profiter de la hausse (turbo call) ou de la baisse (turbo put) d'un actif sous-jacent. L'effet de levier permet au turbo d'évoluer plus vite que le sous-jacent. Dès lors, si l'effet de levier est de 10, les variations du turbo seront 10 fois supérieures à celles du sous-jacent. Le turbo peut être désactivé prématurément sans valeur. Cette désactivation survient lorsque le cours du sous-jacent atteint le niveau de la barrière. On ne peut plus, dès lors, l'acheter ou le vendre, et il est radié de la cote. Le fort effet de levier de ce produit le rend très spéculatif. Il est intéressant pour ceux qui aiment prendre des risques et s'exposer. Il suppose toutefois une perte possible en capital.
3/ Les certificats 100 % illimités
Sans effet de levier, ces certificats répliquent exactement la valeur du sous-jacent, minorés des frais de gestion. Les certificats permettent d'investir sur des indices français ou internationaux qui regroupent des valeurs par capitalisation ou par thème. Certains certificats portant sur des sous-jacents cotant dans une devise autre que l'euro sont couverts contre le risque de change. Ces produits présentent des risques de perte en capital, et certains d'entre eux subissent des frais de gestion. Leur fonctionnement est toutefois parfaitement transparent.
4/ Les certificats leverage et short
Cette nouvelle génération de produits dérivés permet de profiter d'un effet de levier quotidien fixe sans possibilité de désactivation. L'effet de levier peut être de 2,3,4,5,6 ou 7 selon le certificat. Le mode de calcul de ces certificats leverage et short est très simple. Ils multiplient tous les jours les variations du sous-jacent par leur effet de levier. Si ce dernier est de 5, une hausse de 1% du sous-jacent provoquera une hausse de 5 % du certificat leverage. En sens inverse, une baisse de 1% du sous-jacent provoquera une progression de 5 % du certificat short. Comme pour les turbos, ces produits présentent le risque de perte en capital. Leur durée de vie est toutefois illimitée et permet d'envisager des stratégies d'investissement de moyen terme, contrairement à d'autres produits de Bourse à plus court terme.
5/ Les CFD
Les contracts for difference, ou CFD, sont des contrats passés entre un acheteur et un vendeur et qui stipulent que ce dernier paiera à l'acheteur la différence entre le prix actuel d'un actif sous-jacent (actions, matières premières, indices) et sa valeur à une date déterminée. L'achat de CFD revient ainsi à un achat à découvert (l'essentiel des flux de négociations ayant lieu à l'achat). Contrairement aux autres produits de Bourse, comme les warrants, les CFD n'ont pas d'échéance et son acheteur solde sa position lorsqu'il le souhaite. De même, les CFD se traitent sans quotités minimales. Le maniement est très souple pour ceux qui savent bien manipuler ce produit. En outre, il ne subit pas la taxe sur les transactions financières. En revanche, la constitution des frais est très opaque et il faut choisir un intermédiaire en lequel on a toute confiance, car les CFD ne passent pas par la plate-forme d'Euronext.
Source : La Tribune

 

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