Les épargnants misent toujours sur l'assurance-vie... malgré la baisse attendue des rendements

En juillet, la croissance de la collecte s'est stabilisée à 8%. Mais avec la baisse des rendements d'Etat, le rendement du placement préféré des Français risque d'être moindre en 2010.

La FFSA vient de publier les chiffres de collecte de l'assurance-vie pour 2010. La croissance s'est stabilisée à 8%, et a atteint 92 milliards d'euros sur le mois. La collecte nette (une fois déduits les "retraits") reste largement positive à 38,9 milliards d'euros.

Comme toujours, ce sont les fonds en euros qui récoltent l'essentiel de la collecte (87%). Au global, ce sont 1308 milliards d'euros qui sont confiés par les Français à ce placement.

Cet engouement va-t-il durer? Rien n'est moins sûr. D'abord, la fiscalité dorée de l'assurance-vie fait l'objet d'une réflexion de la part du gouvernement dans le cadre du coup de rabot sur les niches fiscales.

Ensuite, la baisse du rendement de l'assurance-vie en euros est inéluctable. Elle a déjà largement commencé : de 4,2 % en moyenne en 2005, les fonds en euros à capital garanti ne rapportaient plus que 3,7 % en moyenne l'an dernier.

La question est de savoir de quelle ampleur sera la chute cette année alors que les emprunts d'Etat, qui constituent l'un des piliers des investissements des assureurs, sont au plus bas. Or, en parallèle, l'assurance-vie draîne cette année encore une forte collecte (78,5 milliards à fin juin), après une année 2009 durant laquelle elle avait attiré plus de 90% des flux d'épargne des Français.

"L'impact de la baisse des taux d'intérêt à long terme ne sera pas visible dès 2010 grâce aux actifs en stock", estime Eddy Birard, responsable du service management des risques chez Mutavie, filiale d'assurance-vie de la Macif. L'effet est même positif dans l'immédiat car les obligations à taux plus élevés en portefeuille s'en trouve revalorisées. Toutefois, à moyen terme, "cela va avoir une influence majeure", reconnaît Jean-François Boulier, président du directoire d'Aviva Investors qui gère les 44 milliards d'actifs - dont 37 milliards sur le fond en euros - du contrat d'assurance-vie de l'association d'épargnants Afer. La taille de l'encours et l'ancienneté des titres sur lesquels il est investi jouent donc un rôle d'amortisseur.

Le déclin va se poursuivre

Les bénéfices mis en réserve les années passées et non distribués (la provision pour participation aux excédents) permettent aussi de ralentir la chute du rendement. Problème : beaucoup d'assureurs ont déjà pioché dans leur bas de laine en 2008 pour doper les taux et n'ont plus de marge de manoeuvre. Ce n'est pas le cas du Conservateur, un assureur mutualiste réputé pour la performance de son fonds en euros. Il dispose d'une provision pour participation aux excédents équivalente à 1,7% de ses encours. Après avoir rémunéré à 4,50 % son contrat Arep et même 4,65 % sur Hélios Sélection, "nous continuerons à servir des taux supérieurs à la moyenne du marché", affirme ainsi Gilles Ulrich, le directeur général, tout en reconnaissant que le déclin va se poursuivre. "Nous devons un discours clair à nos clients sur la baisse des fonds en euros", souligne-t-il. La stratégie d'investissement de l'assureur peut aussi ralentir le déclin de la performance.

"Notre politique a été de porter davantage l'attention sur les obligations émises par les entreprises", indique Jean-François Boulier. La moitié du fonds en euros de l'Afer est placé sur des obligations privées, contre 30 % sur les obligations d'Etat. De plus, pour limiter la sensibilité du fonds à la variation des taux d'intérêt, "nous avons augmenté la part des obligations à taux variables, les obligations indexées sur l'inflation et les titres à court terme", qui représentent au total 15 % de l'actif, précise-t-il. Une autre façon de gérer le risque de taux pourrait être de souscrire des couvertures comme des options, mais "elles sont trop coûteuses actuellement", estime-t-il. L'investissement en actions dont les prix sont bas actuellement est aussi vu comme une opportunité par certains comme Le Conservateur qui y consacre environ 15 % de son actif. Mais cette possiblité risque d'être largement limitée par les nouvelles normes de solvabilité dans l'assurance.

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