Trois bonnes raisons pour privilégier l'assurance-vie

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  1102  mots
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Le livret A n'a-t-il vraiment plus aucun concurrent? À regarder de près les avantages de l'assurance-vie, pourtant malmenée ces deux dernières années, le placement préféré des Français possède encore de nombreux atouts qu'il ne faut pas oublier en cette période de taux d'intérêt faibles, et donc de maigres espérances de rendements.

L'assurance-vie, placement vedette des Français, a-t-elle du souci à se faire? À regarder de près l'évolution de la collecte ces derniers temps sur ces contrats d'épargne, on serait certes tenté de penser que cette enveloppe fiscale a du « plomb dans l'aile ». S'il y a encore deux ans elle attirait les trois-quarts de l'épargne financière des ménages français, en 2011 elle n'en drainait plus qu'un quart. Une tendance qui s'est clairement poursuivie en 2012, si l'on en croit les dernières statistiques.
Il faut dire que la crise de la dette des pays de la zone euro est passée par là et, avec elle, la lourde problématique des compagnies d'assurances qui ont investi en obligations souveraines de cette zone, la forte baisse des taux d'intérêt réduisant leurs sources de revenus financiers et, en corollaire, la hausse des rachats de contrats.
Ce contexte, il est vrai anxiogène, ne peut toutefois remettre en question les atouts fondamentaux de ce qui est au fond une enveloppe fiscale, les rendements annuels sur les sommes versées ne constituant pas l'exclusivité des avantages de cette épargne, loin de là. Ces atouts sont au nombre de trois.

 

L'avantage civil de la clause bénéficiaire

 

Grâce à un contrat d'assurance-vie, on peut dans la majorité des cas - et tout en prenant soin de préserver les droits des héritiers réservataires - transmettre ce que l'on veut à qui l'on veut, hors droits de succession, tout en conservant la jouissance des biens. Et ce, grâce à la clause bénéficiaire. Clause qu'il est très important de rédiger lors de la souscription du contrat. « Dans beaucoup de contrats, la clause bénéficiaire se réduit à une case qu'il faut cocher. C'est une grave erreur et l'on se prive là de l'un des atouts majeurs de l'assurance-vie qui permet justement de choisir, grâce à une rédaction adaptée, la proportion des capitaux décès qui pourra revenir à chaque bénéficiaire », assure Antoine Dadvisard, président du directoire de Matignon Finances, société de gestion de portefeuille.
De même, il est possible, avec une rédaction judicieuse, de démembrer la clause bénéficiaire d'un contrat d'assurance-vie, opération permettant de transmettre ses biens sur deux générations, et ce, avec une fiscalité adoucie. L'usufruitier, qui pourra jouir des capitaux selon la règle du quasi-usufruit, fera inscrire au passif de sa future succession le montant des capitaux reçus, afin qu'à son décès le ou les nu-propriétaire(s) ne soient pas à nouveau taxés. La créance de restitution pourra éventuellement être aménagée par des garanties supplémentaires afin que le ou les nu-propriétaire(s) soient certains de récupérer les sommes versées à l'usufruitier.« On a trop tendance à ne voir dans l'assurance-vie qu'un produit de placement alors que c'est aussi et surtout un magnifique outil de transmission de patrimoine », souligne Laurent Gaillot, directeur commercial et marketing de Cholet Dupont Partenaires.

 

L'avantage économique de la croissance garantie

 

L'assurance-vie est l'un des seuls placements à garantir une croissance régulière de son épargne tout en permettant une large diversification des placements inclus dans cette enveloppe. « Pour qu'un contrat d'assurance-vie soit vraiment performant, il ne faut pas hésiter à le faire vivre. Et pour cela, les solutions sont multiples », précise Antoine Dadvisard.
Et de fait, pour ceux qui en ont envie, il existe une très longue liste d'opportunités susceptibles de séduire les souscripteurs en fonction de leur appétence au risque. Car, à côté de la poche sécuritaire du fonds en euros constituée essentiellement d'obligations, il est possible d'animer celle en unités de compte où peuvent se loger soit des OPCVM, soit des actions en direct y compris non cotées, soit d'autres types de placements comme les SCPI.« L'avantage de placer des SCPI dans un contrat d'assurance-vie, c'est que l'on peut acquérir des parts à des prix ultracompétitifs puisque c'est l'assureur qui s'en occupe et qui en est dépositaire, celui-ci assurant également la liquidité de ces produits, pas toujours évidents à céder », explique Laurent Gaillot, qui propose d'ailleurs à ses clients deux contrats reposant sur des SCPI : Euro Pierre et Euro Pierre Plus. Une façon astucieuse de profiter de la régularité des rendements de l'immobilier (les SCPI délivrent en moyenne un rendement de 5% avant prélèvements sociaux), tout en bénéficiant des avantages de l'assurance-vie.
Ce qui veut dire que le souscripteur ne paie pas ici de droits de mutation et qu'en réinvestissant les revenus, il ne paiera pas d'impôts dessus. « L'assurance-vie permet assurément d'envisager de belles performances, à condition de ne pas hésiter à faire preuve d'innovation. Je pense qu'à l'avenir cette épargne va se démocratiser au détriment des produits bancaires beaucoup moins souples », estime Jean-Baptiste Lacoste, président d'Orelis, plate-forme d'assurance-vie qui propose ainsi un fonds en euros constitué à 30% d'OPCVM en multigestion et qui ache un rendement de 3,92% pour 2012.

 

L'avantage fiscal toujours appréciable

 

Les avantages fiscaux de cette enveloppe sont très nombreux et n'ont finalement pas été touchés par les dernières lois de finances, y compris rectificatives. Parmi ces avantages, la possibilité pour tout contrat souscrit avant 70 ans d'offrir un abattement de 152500 euros par bénéficiaire. Pour les contrats souscrits après 70 ans, l'avantage n'est pas nul non plus, puisque si seules les sommes versées à l'origine sont taxées aux droits de succession (moins 30500 euros d'abattement), celles issues de l'épargne ne le sont pas. Un exemple. Un épargnant âgé de 71 ans ouvre un contrat avec un million euros. Au bout de dix ans, la valeur de rachat du contrat est de deux millions. En cas de décès, la taxation ne portera que sur un million moins les 30500 euros d'abattement.
Par ailleurs, il est possible de faire des rachats tout en bénéficiant d'abattements pour les contrats souscrits il y a plus de huit ans (4600 euros pour une personne, 9200 euros pour un couple). « L'assurance-vie est ainsi bien plus intéressante qu'un PEA, puisque l'univers d'investissement peut aller au-delà des actions européennes, qu'elle n'est pas plafonnée et qu'elle est d'un maniement bien plus souple », convient Antoine Dadvisard.
À ce titre, il est impératif de prendre le temps de choisir le contrat qui vous correspond le mieux et d'y introduire le type de risque toléré. Il faut bien regarder aussi les droits d'entrée qui oscillent aujourd'hui autour de 1 %, sans oublier les frais de gestion.